Pure Reason Revolution - Coming Up To Consciousness

Révolution Émotionnelle.

C’est avec l’album ‘Eupnea’ que je me suis pris dans les filets de Pure Reason Revolution en 2020. Un peu moins convaincu par leur opus suivant ‘Above Cirrus’ en 2022, j’attendais avec anxiété et excitation ce nouvel album ‘Coming Up To Consciousness’. En quelques écoutes, mes maigres doutes furent balayés : je retrouvais avec bonheur les voix féminines et masculines mêlées, la charge émotionnelle, les changements d’ambiances, la production haut de gamme. Petit point sur le line-up : changement principal, la chanteuse/bassiste Chloe Alper, non disponible pendant la réalisation de ce disque, cède sa place à Annicke Shireen au chant, et au très expérimenté Guy Pratt (Pink Floyd, David Gilmour, Nick Mason’s Saucerful of Secrets, …) à la basse. Notons également que Lewin Krumpschmid (membre du très prometteur groupe Allemand Soulsplitter) vient ajouter quelques notes de claviers, et que le mix est assuré par Bruce Soord, chanteur/guitariste/songwriter de The Pineapple Thief. A nouveau, ce disque est marqué par un sujet fort et personnel, inspiré par la disparition du chien de Jon Courtney ainsi que la douleur et la culpabilité ressenties à l’occasion de l’euthanasie de ce fidèle compagnon. De cette difficile expérience, le compositeur tire une thématique universelle s’appliquant à de multiples cas de pertes. La tracklist de l’édition numérique est entrecoupée de nombreux interludes d’une durée de quelques secondes chacun, assurant le liant de l’ensemble. Cette chronique se concentrera uniquement sur les 8 morceaux principaux.

D’entrée, ce tempo posé, cette instrumentation aérée, ces deux voix… Pas de doutes, avec “Dig Till You Die”, on est au bon endroit. Les thèmes de la mort et de la souffrance sont déjà là, amplifiés par l’agressivité musicale qui surgit au bout de deux minutes.

“Betrayal” se calle sur le même format, porté par une belle mélodie, de magnifiques parties de piano, de basse et de batterie.

Autre caractéristique du son de PRR : la guitare slide, qui fait son apparition sur “The Gallows”, titre aux ruptures franches et aux arpèges soyeux. Le travail vocal y est également remarquable avec des montées acrobatiques vers les aigus. La seconde partie du morceau est beaucoup plus chaloupée, entre soul et bossa sur des paroles en contraste : “And is it all right to fear? And is it all right to feel cruel?” (“Est-ce normal d’avoir peur? Est-ce normal de se sentir cruel?”).

“Useless Animal” exprime parfaitement les sentiments de douleur et de perte (“You were more than a useless animal. Turn and breathe the last breath” – “Tu étais plus qu’un animal inutile. Retourne-toi et rends ton dernier souffle”), sur un accompagnement étrangement dynamique, voire quasiment Metal sur la seconde partie.

“Worship” adopte lui aussi un groove entraînant et voit apparaître quelques harmonies intéressantes ainsi que des passages instrumentaux bien Progressifs. Cette seconde partie d’album enchaîne les variations, créant des tensions permanentes à l’écoute. C’est encore le cas avec “Bend the Earth” qui penche un peu du côté de l’électro sous la forme d’une Pop Progressive contemporaine. Il contient par ailleurs l’unique solo de guitare du disque.

Pièce maîtresse de l’album à mon goût, “Lifeless Creature” marche sur la corde de l’émotion sur un arrangement particulièrement dépouillé avant de gagner peu à peu en intensité avec claviers à l’appui.

Final mélancolique à souhait, “As We Disappear”et son orchestration de type “cordes” apporte la conclusion la plus appropriée au disque.

Inscrits dans la mouvance du Rock Progressif moderne de très grande qualité, à l’écriture et au son particulièrement travaillés dans le sillage de The Pineapple Thief ou Steven Wilson, Pure Reason Revolution affirme une nouvelle fois son style immédiatement reconnaissable. Porté par une thématique qui parle à tous et n’hésitant pas à se plonger dans le versant émotionnel de la musique, ‘Coming Up To Consciousness’ est une belle réussite.

Formation du groupe

Jon Courtney : Voix, Guitare, Claviers, Piano, Programmation - Ravi Kesavaram : Batterie - Greg Jong : Voix, Guitare, Claviers, Harmonica - Annicke Shireen : Voix - Musiciens additionnels : Lewin Krumpschmid (Soulsplitter) : Rhodes & Piano - Guy Pratt (Nick Mason’s Saucerful of Secrets) : Basse - Bruce Soord (The Pineapple Thief) : Guitares - Jon Sykes (The Pineapple Thief) : Basse

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