Transient
Par Hearscape
Le clip vidéo ‘Promised Me’, tiré de l’album « Transient », du groupe lyonnais Hearscape, m’a incité à aller plus loin dans la découverte de leur première production en studio. Neuf titres allant et venant entre des paysages incorporant des éléments atmosphériques et des passages plus énergiques, voire rock alternatif, ou établissant des arrangements plus délicats vers un rock progressif inspiré. Vaste spectre musical qui débute par la ballade mélancolique et émouvante « Nothing But You » en passant par un « Promised Me » qui conjugue à la fois, la mélodie imparable, des parties instrumentales extrêmement bien architecturées et surtout le chant puissant, mais au timbre chaleureux de Léa Berthoux. Les meilleurs moments de l’album surviennent aussi lorsque Hearscape ajoute une connotation prog à ses compositions, c’est le cas notamment avec le titre le plus long, « Proper Eyes ». « Transient » affiche plusieurs visages différents, mais complémentaires et présente ainsi un attrait évident. A découvrir sur les plateformes de streaming.
Mask
Par The Foundation
The Foundation est un nouveau projet de rock progressif basé aux Pays-Bas. Leur première production ‘Mask’ est un concept album autobiographique basé sur une représentation chronologique de la vie humaine ! Neuf titres formidablement bien architecturés nous plongent dans un rock progressif des plus jouissif avec des propriétés et des détails qui séduiront sans aucun doute un bon nombre de fans du genre. Ceux qui ont ma préférence : les deux excellents titres instrumentaux en ouverture, « Before The Dawn » et « Birth », au caractère symphonique bien appuyé, la guitare sur la seconde composition vous rappellera un certain Camel, influence que nous retrouverons, bien souvent, par la suite. « Climbing Mountains » aborde un terrain plus familier, avec un rock progressif mélodique aux nombreux breaks judicieusement agencés, maintenant l’auditeur en haleine tout le long. Le chant de Mark Smit est puissant, mais clair et la flute de Judith van der Valk apporte à la mélodie une légèreté bienvenue. La pièce maîtresse de l’album, l’éponyme « Mask », long de plus de 12 minutes, nous fait voyager dans des textures musicales intemporelles, les mélodies sont convaincantes, les thèmes orchestrés se superposent et se développent intelligemment dans la grande tradition prog. Ceux qui aiment le rock progressif bien fait trouverons leur bonheur avec ‘Mask’. A découvrit sur bandcamp !
Dreams, Myths And Machines
Par Retreat From Moscow
Après l’excellent et surprenant The Word As We Knew It, les vétérans Gallois de Retreat From Moscow remettent le couvert avec leur deuxième album ‘Dreams, Myths And Machines‘. Il avait fallu 40 ans au groupe pour se lancer dans la sortie d’un premier album, le tempo s’est donc nettement accéléré, et c’est tant mieux ! Le morceau introductif, « Saving California », est tout simplement grandiose. Sur le sujet (délicat) de la colonisation, sinon du génocide, le groupe déroule un neo prog impeccable doté d’une mélodie mémorable (profitez-en pour regarder le clip vidéo). Après la Californie, « Flowerbride » prend ses racines aux Pays de Galles, terre de légendes, pour un rock entrainant et bien rythmé. L’album contient deux épopées dépassant les 10’. La première, « I Can Hear You Calling », s’appuie sur la mythologie grecque et démontre les capacités du groupe à mener à bien un développement très symphonique. « The Machine Stops » est quand à elle une dystopie futuriste dont on admire l’excellente entrée aux claviers (tenus ici par Andy Tillison) rappelant des sonorités à la Steve Reich ou John Adams. « Windchill » nous fait nous pencher sur le sort des sans-abris sur un morceau avec des vocaux amples et quelques solos de guitare plutôt acerbes. « Time Traveller » fait dans le planant, du moins jusqu’à ce que le neo prog très mélodique ne reprenne la main. « DNA », pièce finale d’envergure, s’épanouit sur une rythmique lourde et implacable. Un break central plus aérien et flûté envoie la musique dans les hauteurs avant un grand crescendo final qui clôt un album intense de plus de 70’. Pas de doutes, les quatre de Retreat From Moscow confirment avec ce deuxième album (*) qu’ils ne sont pas là par hasard !
(*) https://retreatfrommoscow.bandcamp.com/album/dreams-myths-and-machines
Bandaged
Par Ben Reed
Voilà un album, ‘Bandaged’, qui devrait plaire aux nombreux amateurs de rock progressif mélodique, aérien et aux influences jazzy, celui de Ben Reed (multi-instrumentiste, compositeur, chanteur) qui a travaillé avec Frank Ocean et David Byrne. Les dix titres de l’opus développent une complexité plus que suffisante pour plaire aux fans de prog, tandis que les fans d’un rock plus classique, mais sophistiqué et teinté d’influences Canterbury, apprécieront les clins d’œil subtils aux groupes et aux sons d’antan. Rien d’étonnant à cela, puisque nous retrouvons, entre autres, dans les musiciens qui épaulent Ben : Jimmy Hastings (Caravan, Hatfield & The North) aux saxophone, flûte, contrebasson, et l’organiste Ross Stanley qui joue dans le Steve Howe Trio. Musicalement, la force de ‘Bandaged’ réside dans le caractère hyper accessible des compositions qui s’inscrivent instantanément dans notre cerveau. Une musique aux claviers vaporeux et aux accords de guitare légers, mais parsemée de temps en temps par quelques passages débridés, « I’ve Got Chains » est un juste résumé de ce que nous avons ici sur l’ensemble des pistes. Au final, si l’album de Ben Reed n’est pas étonnamment original, il n’en est pas moins un excellent exemple de ce genre de musique progressive qui nous brosse dans le sens du poil et mérite qu’on en parle. ‘Bandaged’ pourrait être destiné à ceux qui font une aversion pour tout ce qui est trop bruyant ou dissonant. A découvrir sur YouTube et les plateformes de streaming !
The Sun Would Disappear As I Imagined All The Stars
Par Asymmetric Universe
Asymmetric Universe est un groupe formé en 2018 par deux frères italiens Federico Vese (Guitare) et Nicolò Vese (Basse). Les deux frangins, rejoints par le batteur Gabriele Bullita, proposent une musique instrumentale qui s’apparente à un crossover entre le jazz et le métal progressif. ‘The Sun Would Disappear As I Imagined All The Stars’ est le second EP du groupe sur lequel on trouve également un quatuor à cordes (“(re):emerge”) et une section de cuivres (“Kaleidoscope”) qui apportent un vrai plus au son de l’ensemble. Le tout premier titre “Extrospection” débute sur un piano jazz dans une ambiance très lounge. Cette ambiance feutrée est rapidement fracassée par un déluge de notes et rythmes complexes aux sonorités métal moderne. Pour vous donner une idée, c’est un peu comme si Meshuggah débarquait lors d’un set de Duke Ellington! Si vous passez le cap de la première minute de l’album, alors vous pouvez poursuivre et vous ne serez pas déçus tant le groupe fait preuve de virtuosité, d’inventivité tout en soignant l’aspect mélodique des thèmes. Asymmetric Universe se rapproche, par le style, de Plini ou d’Animals As Leaders, mais ‘The Sun Would Disappear…’ est plutôt un album de jazz (de part la structure des morceaux, les solos) qui intègre des sonorités métal contemporaines. Alors, si vous êtes curieux de découvrir une énième mutation du jazz, allez jeter une oreille sur cette petite merveille. A découvrir sur bandcamp !
LOST ANIMALS
Par TOMO VERTIGO
En termes des différentes variantes stylistiques que l’on peut trouver dans l’univers du rock progressif, TOMO VERTIGO avec son premier album ‘LOST ANIMALS’ se situe dans le créneau le plus musclé de celui-ci, se rapprochant par de nombreux côtés au metal progressif voire plus simplement au metal. Bien que TOMO VERTIGO affiche une approche orientée rétro, ce n’est pas un groupe qui exploite à outrance l’héritage laissé par les dinosaures du genre, les compositions d’Arnaud Guéguen savent aussi se démarquer par une belle variété dans le croisement des thèmes. Onze titres revigorants, et ce, dès l’entame avec un « Homa » puissant où le chant de Tomas Baptista explore des paysages animés par des superpositions de guitares chargées d’atmosphère lourdes combinées à des interventions inattendues d’accords d’orgue vintage créant ainsi des paysages riches et originaux. Là où TOMO VERTIGO se distingue des nombreux autres groupes explorant des territoires similaires, c’est l’inclusion d’arrangements plus sophistiqués, que nous retrouvons notamment sur « Amazonia » où violoncelle et piano accentuent le penchant dramatique de la composition et « Incognita » qui fait quelques pas de côté dans des paysages aux relents symphoniques et élargit encore les frontières des ambiances explorées. Doté d’une production solide ‘LOST ANIMALS’ devrait trouver les faveurs de nombreux amateurs de metal progressif comme de rock progressif. A découvrir sur bandcamp !
Nursery Cryme
Par ROB GOULD
Après s’être payé le luxe d’une reprise du fort complexe Pawn Hearts, Rob Gould et ses amis s’attaquent cette fois à cet autre monument du prog anglais des seventies, Nursery Cryme, d’un style musical bien différent de l’album-culte de VDGG. Toujours compliqué de reprendre de la sorte un album : faut-il coller de près au texte initial ou au contraire innover en modifiant fortement sonorités, tempi, instrumentation ? … A ce titre, « Help » présent sur le premier album de Deep Purple est un merveilleux exemple du deuxième type. Pour ce Nursery Cryme, une première indication : la durée des morceaux repris est très voisine de l’original, et je m’attends donc à une version plutôt proche de l’original, ce que confirme l’écoute. Rien à dire, tout est en place, les grandes fresques comme les miniatures du chef d’œuvre de Genesis sont parfaitement exécutées, et la voix de Pete Carlyle prend les accents théâtraux qui conviennent. De plus l’album nous régale de deux morceaux moins connus de Genesis, car non publiés dans des albums, et qui méritent plus de lumière. En conclusion je dirais (1) que je suis un grand admirateur de Nursery Cryme et plus globalement du Genesis première manière, (2) l’interprétation nouvelle qui nous est proposée ici est toute à fait brillante et intéressante mais on peut légitimement se poser la question de sa valeur ajoutée par rapport à l’original. A vous d’y répondre !
Dasein
Par Dasein
Dasein, est le premier album éponyme d’un groupe de six musiciens suisses. En ce qui concerne le style musical de Dasein, ce n’est pas à proprement parlé un album qui a des liens étroits avec le rock progressif, mais l’on retrouve au fil des huit titres une variété de mélodies chargées d’atmosphères post-rock, dream-pop, qui s’accompagnent de certains développements qui transportent les compositions au-delà des limites conventionnelles des styles précités. Au programme, paysages subtils, parfois légers, mais le plus souvent sombres et oppressants, l’entame de l’opus « Darkness Of Dreams » donne le ton avec une montée en puissance mesurée où s’inscrit le chant de Sara Ren sensible et fort en émotions intenses. De belles bulles de fraîcheurs mélodiques viennent vivifier l’ensemble avec « Love Trash » et « Turtle » qui s’inscrivent dans un style raffiné et bucolique, et pour les amateurs de longues épopées nous avons « Inner Child », de plus de huit minutes, où metal et post-rock croisent le fer. Une pochette plutôt tristounette, mais un album qui s’avère lumineux au fil des écoutes. A découvrir sur bandcamp !
Chaos – The War Of The Worlds
Par Chris Angels
L’infatigable Chris Angels, aka Cen-ProjekT, poursuit son aventure heavy prog avec Chaos – The War Of The Worlds (*), un EP au propos musical et littéraire dystopique, tranchant en cela avec le précédent Gods, grandiose en tous points. Conflit intergalactique entre humains et extraterrestres peu sympathiques oblige, la musique est plutôt sombre et inquiétante (tonalités mineures, sons saturés, …), mais ne manque pas non plus de moments plus apaisés et mélodiques, tels le contrasté « Oxxana », avec sa touche féminine porteuse d’espoir. Le long morceau final, « Six Chapters », est un instrumental puissant et virtuose évoquant la guerre puis la fin des extraterrestres, vaincus non par la force mais par un virus. Vous reconnaissez-là l’histoire imaginée en son temps par H.G. Wells. En fait ce final résume à lui seul le style le musical des cinq pistes précédentes : heavy prog / prog metal avec claviers puissants et guitares acérées, qui vous laissent en apnée le temps de ce mini-album débordant d’énergie !
(*) https://chrisangels.bandcamp.com/album/chaos-the-war-of-the-worlds
Hypercolour Miscellaneous
Par Slowmango
Slowmango joue une musique luxuriante qui nous ramène en douceur dans les années 60/70 où un rock inventif et aventureux régnait en maître. ‘Hypercolour Miscellaneous’ regroupe neuf titres débridés mêlant adroitement le psychédélisme, le funk, le jazz et le rock progressif. La plupart des compositions dégagent une sensation chaleureuse, relaxante et estivale. Des mélodies aux cuivres abondants, ne soyez pas surpris d’entendre, au gré des pistes, des influences telles que celles de ‘Blood Sweat and Tears’ et du ‘Chicago’ des premières années de la formation. C’est exactement le genre d’album rétro-prog que j’aime, même s’il s’inspire abondamment des acteurs clés des années 1970 Slowmango a aussi sa propre personnalité avec des sensibilités plus modernes, en particulier dans le mixage et les arrangements. L’ensemble est bien produit et pourrait s’étoffer après plusieurs écoutes. A découvrir sur bandcamp !