Grey Origin

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(4.5 sur 5) / Somnus Media
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Rock Progressif

Alessandro Di Benedetti, dont vous devinerez sans peine la nationalité, est sans doute l’une des personnalités musicales le plus souvent citées dans nos pages. Il faut dire que le claviériste et compositeur transalpin ne ménage guère sa peine et fait vivre son art au travers de multiples projets : Mad Crayon, Inner Prospekt qui va nous occuper dans ces quelques lignes, sans parler de ses essentielles contributions aux collectifs des Samurais of Prog et autres Guildmaster.

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Inner Prospekt est sans doute son projet le plus personnel sur le plan de l’écriture musicale. Il y a un an, il nous avait laissé sur un Canvas 2 assez éblouissant. A travers ses différents groupes et autres projets musicaux listés plus haut, Alessandro propose habituellement un prog symphonique à l’italienne lyrique à souhait, dans la grande tradition du RPI. Autant le dire de suite, Grey Origin est assez différent. De ce que je comprends, l’album fait référence à des graphismes d’Alex Troma, dont celui qui fait office de pochette de l’album, Dianetic Input-Output 5. N’attendez pas ici une musique descriptive, mais plutôt une collection d’ambiances sonores, avec pas mal d’effet électroniques, entre autres. Sa conception n’est pas basée sur un fort contenu mélodique ou de grandioses progressions harmoniques, et on se rapproche aussi souvent de certaines musiques minimalistes

« En Trance », au titre en forme de jeu de mots, est une succession d’accords lents au piano, plutôt d’inspiration jazz, avec ce qu’il faut de contretemps pour y ajouter un peu d’ambiguïté rythmique. « The Machinery » avec ses près de 11’ adopte les codes du minimalisme : une musique répétitive et hypnotique qui évolue lentement et finit tout même par devenir assez mélodique. Dans le genre cette pièce est un chef d’œuvre ! Avec ses deux premières pistes l’auditeur a pu se familiariser avec le son caractéristique du piano, de la batterie et de la basse, qui « sonnent » de façon inhabituelle et qui créent une atmosphère vraiment très particulière. « Brain Sausage » fait plutôt dans un mix jazz-rock / ambient finalement assez serein et mélodieux, ironique ? « Gymnoectomie » avec son titre à la Erik Satie s’épanouit dans un minimalisme new age de belle facture.

« Le Docteur », en français dans le texte, débute par quelques bruitages de laboratoire que viennent peupler une musique lancinante, puis arrive une sorte de chœur féminin artificiel, pour terminer sur une musique un peu cartoonesque. Je ne l’avais pas encore dit, mais Alesandro fait tout tout seul sur cet album, sauf justement sur l’excellent « Cavie » qui donne à entendre à la guitare du non moins excellent Rafael Pacha, tous deux complices de nombreuses joutes musicales autour des Samurai Of Prog et du Guildmaster.

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On arrive à la 2eme pièce de résistance, « Special Waste », qui débute sur fond de piano néo-classique, avant de changer totalement d’atmosphère, laissant place à une séquence avec à nouveau des accords lents au piano sur une ligne de basse assez funky. S’en suit une longue respiration peuplée de bruitages et de notes de piano qui viennent de très haut pour terminer dans le grave, puis un motif mélodique finit par apparaître avant une fin très jazz-rock. Les trois dernières pistes sont courtes et on y appréciera l’immense paysage sonore aux synthés de « L’Assistant » (in French again), le rythme à 4 temps plutôt rapide de « The Plague » tantôt ironique, tantôt inquiétant, avec ses chœurs hallucinés, et pour finir « Ex It », en parfait écho à la première piste.

Le maestro nous montre ici une autre facette de son talent, d’instrumentiste certes, mais surtout de compositeur. Les longues résonnances de piano, la basse fébrile et toujours en mouvement, les sonorités inquiétantes mais jamais agressives, parfois quelques lignes mélodiques plutôt excentriques, voilà quelques-uns des ingrédients utilisés ici et qui donnent à la musique un je-ne-sais-quoi de décalé et qui lui confère in fine un gros pouvoir suggestif. Alors que je m’attendais à un album de prog symphonique par extrapolation de ce que je connaissais déjà du claviériste italien, Grey Origin m’a vraiment surpris, et dans le meilleur sens du terme. Voilà une bonne occasion d’écouter une musique vraiment hors des sentiers battus !

Formation du groupe

Alessandro Di Benedetti : Tous les instruments - Avec : Rafael Pacha : guitares (6)

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Par VLYES

5 sur 5

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