Nine Tomorrows

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(4.5 sur 5) / Electric Fantasy Records
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Rock Progressif

L’infatigable Mark Jeffrey Dyes, alias Elysian Fields, à peine remis de l’immense travail réalisé pour l’orchestral The Voyage Of Starflight J-5 paru il y a à peine quelques mois, sans parler de la sortie dans la foulée de la publication remise au goût du jour d’un plus ancien Electric Fantasy, remet le couvert !

Nous restons dans le domaine de la S.F., mais cette fois c’est Issac Asimov, l’un des Big Three de la S.F. au côté d’Arthur C. Clarke et Robert A. Heinlein, qui inspire ce Nine Tommorrows, éponyme du recueil de nouvelles connu sous nos cieux sous l’appellation L’avenir commence demain.

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Des neuf nouvelles et des deux poèmes de l’œuvre littéraire, seules les nouvelles sont retenues ici, encadrées d’un prologue et d’un épilogue. Quant à la musique, purement instrumentale – une nouveauté dans la discographie d’Elysian Fields, elle est très inspirée de la musique classique. C’était d’ailleurs déjà largement le cas dans l’album The Voyage Of Starflight J-5.

Le « Prologue » commence par un solo de flûte qui rappellera quelque Debussy, avant que claviers et guitares n’entonnent une mélodie toute empreinte de grandeur. « Profession », ou le 66ème siècle mis en musique : une société terrestre centralisée, dans laquelle les enfants sont éduqués par une interface ordinateur/cerveau instantanée (quel gain de temps !). Une belle pièce mêlant musique classique post-romantique et élans d’inspiration plus baroque. « The Feeling Of Power » est un court choral lent aux cordes, musique désabusée symbolisant une société humaine future totalement assistée par ordinateur ayant oublié et les maths et la faculté élémentaire de compter…

« The Dying Night », une enquête interplanétaire sur fond de crime et de téléportation, inspire à Mark une musique plutôt lyrique, tandis que le court « I’m In Marsport Without Hilda » fait dans l’intermezzo avec une pointe de comique traduisant en fait l’état d’ébriété dans lequel les protagonistes de la nouvelle se trouvent ayant semble-t-il abusé de Spaceoline modifiée (*). Avec « The Gentle Vultures », Asimov entendait exprimer son horreur de la course aux armements nucléaires de la guerre froide. Côté musique, tout d’abord un thème plutôt mélodieux sur tempo di valse, un court solo de flûte, et puis la musique prend une tournure plus chromatique et franchement atonale, un piano égrène des gammes par tons volubiles, quelques clusters, et puis retour à des harmonies « classiques » et amples. Très belle écriture musicale !

Chœurs et cordes à la Haendel pour « All The Troubles In The Worlds », tandis que « Spell My Name With An S » se lance dans une intro en style baroque (faisant penser à Bach). La suite avec ses grands accords majeurs au piano qui parcourent l’étendue du clavier évoque l’intro d’un certain concerto pour piano russe bien connu … Le baroque pointe à nouveau son nez avant un ultime retour des grands accords de piano romantique. Grandiose !

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« The Last Question » s’intéresse à ce qui se passera lors de la fin de l’univers (et corrélativement de Progcritique …), d’ici un nombre raisonnable de trilliards d’années. Cela démarre dans une étrange atmosphère faite de bruitages, sons déstructurés, chœurs atonaux. Puis un passage central rythmé à 3 temps revient à tonalité, avant le retour d’une musique nettement avant-gardiste. Pour les aventures d’un enfant néanderthalien amené dans le futur (« The Ugly Little Boy »), nous avons droit à une musique puissamment lyrique évoquant un Brahms ou un Malher, mais à la tête d’un combo de rock progressif ! On en termine avec les nouvelles d’Asimov pour un épilogue où Marck Jeffrey Dye laisse aller librement son enthousiasme musical et récapitule ce qui a été auparavant entendu. Un premier thème d’abord énoncé à la flûte et qui rappelle celui du « Visions Of Angels » de 1970, mais traité de manière bien différente, tout en rythme syncopé et en vélocité. Le passage central au tempo plus réduit et qui passe en ternaire pour l’occasion donne à entendre des sonorités plus amples. Une nouvelle fulgurance, un break au piano solo et la musique repart avec souffle pour conclure en beauté cette suite symphonique en 9 tableaux.

Pour sa lecture d’Asimov, Mark Jeffrey Dye propose un album-concept, ou musique à programme, dans un style directement inspiré de la musique classique (globalement post-romantique) avec quelques incursions plus modernistes. Si la musique se fait parfois « sérieuse » elle est avant tout très colorée et riche en rebondissements, fidèle au recueil littéraire. Mark, avec un sens de l’écriture musicale et une orchestration soignée, évite une musique pompeuse, qui survient très vite lorsque l’on mélange rock et classique. Nine Tomorrows devrait facilement parler aux amateurs de rock symphonique et de musique classique !

(*) A consommer avec modération, ce qu’il nous appartient de mentionner ici comme la loi sinon la bienséance nous l’impose.

Formation du groupe

Mark Jeffrey Dye : Tous les instruments

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