Troika

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(4.5 sur 5) / Inside Out Music
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Rock Progressif

Terme russe, la troïka désigne un ensemble de 3 entités que l’on peut utiliser pour décrire plusieurs choses, allant du traineau tiré par trois chevaux au système politique tripartite destiné à diriger un pays. Dans le cas qui nous occupe, il s’agit bien sûr de l’alliance le temps d’un album de trois musiciens qu’on ne présente plus, les deux premiers nommés étant anciens collègues de Spocks’s Beard et le troisième étant la voix d’Haken. Mais les mots ont un sens, et Troïka implique une égale contribution de ses membres à l’objectif final : chacun compose, chante et joue indifféremment de toute la panoplie d’instruments (à quelques variantes près) utilisés pour cet album. Etant donné les états de service du triumvirat en question, l’attente est forcément très haute !

Disons-le d’emblée, ce n’est pas du côté du prog symphonique complexe à la Spock’s Beard que Troïka va nous mener, ni du son plus heavy de Haken mais plutôt sur des chansons rock assez acoustiques, qui nous ramènent plutôt au folk élégant de Crosby, Stills & Nash. Bon Woodstock est quand même déjà loin quand Neal Morse en 2020, dans le contexte que l’on sait, commence à composer quelques morceaux, envoie quelques emails et passe quelques coups de fil pour exposer son idée, ce qui conduira en 2022 à réunir le trio Nick D’Virgilio, Neal Morse & Ross Jennings pour 11 chansons plutôt courtes mais pleines d’excellente musique.

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Nick D’Virgilio, Neal Morse & Ross Jennings

« Everything I Am », la première piste est tout à fait représentative de la plupart des morceaux que l’on entendra par la suite. Vous vous amuserez (ou pas) à déterminer l’ordre de passage des 3 chanteurs, quand ils ne se mettent pas en chœur, le tout accompagné d’une excellente guitare acoustique qui fait la rythmique avec des percussions manuelles (djembé ? congas ?). Fraicheur et enthousiasme communicatif sont ici de mise ! La seconde piste « Julia » semble tout droit sortir de ces temps anciens où régnait une certaine insouciance (on idéalise toujours le passé …). Un peu de piano vient un instant se superposer à la trame folk. La fin plus électrique est carrément grandiose.

Vous avez maintenant bien compris le principe et le contenu de l’album. Les pistes s’enchainent à grand renfort de belles mélodies : country avec à nouveau percussions manuelles pour « You Set My Soul On Fire », également country pour « One Time Less ». Un petit mot sur « A Change is Gonna Come » qui pointe vers la chanson de Sam Cooke écrite en 1963 pour apporter son soutien au Civil Right Movement et que Martin Luther King passait avant ses discours.

Plus loin on trouvera « Kind For A Day » et « Second Hand Sons » aux sonorités plus électriques et enlevées, nous ramenant au hard rock des 70’. Les deux dernières pistes « My Guardian » et « What You Leave Behind » sont empreintes de délicatesse, et même pour le final d’un dépouillement où nos trois vocalistes s’accompagnent seulement d’une guitare acoustique : simple mais magnifique !

Il s’agissait visiblement ici pour nos trois musiciens de sortir de leur cadre habituel et de proposer une collection de morceaux dont l’allure faussement simpliste et parfois même très dépouillés cache une musique fort bien écrite et interprétée avec un équilibre parfait entre enthousiasme et retenue. Troïka, avec ses performances vocales de haut vol et sa fraicheur mélodique et harmonique, donne à l’auditeur un sentiment d’intemporalité !

Formation du groupe

Nick D’Virgilio (Big Big Train, ex-Spock’s Beard), Neal Morse (Transatlantic, NMB, ex-Spock’s Beard) et Ross Jennings (Haken, Novena)

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