Comme pour A Quiet Town, le précédent album de notre collectif de rock progressif favori, Marco Grieco reprend du service à la tête des Samurai Of Prog alias TSOP, en compagnie des indispensables Marco Bernard et Kimmo Pörsti. Dans l’impressionnante liste de musiciens qui donnent vie à The Time Machine, on reconnaitra évidemment nombre de sociétaires habituels de ce groupe multiforme, mais il y a aussi de petits nouveaux dont : Roine Stolt, Clive Nolan, Christina Booth, pour en citer 3, et dont je crois avoir déjà vu les noms quelque part !
Le voyage dans le temps, un des thèmes majeurs de la SF et un puissant moteur de l’imaginaire humain, sera ici le prétexte à explorer majoritairement le passé. Il suffit de se référer aux titres de l’album qui sont à mon avis suffisamment explicites. Ne cherchez donc pas dans le synopsis une référence directe à l’œuvre éponyme d’H.G. Wells.
Commençons par présenter la machine elle-même : quelques bruits mécaniques débutent « The Time Machine » et le violon de Maria Kovalenko lance la machine sur un air de danse baroque à 4 temps. La chanson proprement dite commence après quelques mesures de piano solo et c’est Serge Tiagniryadno qui nous compte l’histoire de sa voix calme et posée. Avec ces deux musiciens, l’Ukraine est désormais représentée chez les TSOP ! Violon et flûte contribueront à garder un caractère baroque à la musique au cours des développements instrumentaux. Voilà, la machine est pleinement opérationnelle.
Avec « Apes » difficile de ne pas évoquer la Planète des Singes. Pour ce morceau bien rythmé, Roine Stolt est de la partie pour manier une guitare volontiers grinçante. L’ensemble prend l’allure d’une danse tribale. Une ouverture au cor d’harmonie donne un air martial pour évoquer « The Last Legionary ». La chute de l’Empire Romain ? Morceau sombre et très expressif dans sa première moitié, il devient une course effrénée et très cinématographique – style peplum – sous les coups marqués de la rythmique et le chant militaire de la trompette. Passons de ces temps troubles à la Renaissance italienne. Le génial Leonardo Da Vinci peint La Joconde (« Painting Mona Lisa »), un des rares tableaux qu’on peut sans aucun doute attribuer au maître italien et qu’il emmènera partout avec lui jusqu’en France où il réside encore ! C’est un Da Vinci âgé qu’on entend ici incarné par Daniel Faldt, sur une musique à nouveau très lyrique et clairement mélancolique.
L’équivalence masse-énergie, théorisée dans une publication de 1905 par un obscur officier des brevets de Berne, est connue du monde entier dans son élégante simplicité : E = m.c2. Clive Nolan prête ici sa voix à l’immense Albert Einstein. « E=MC2 » demeure dans un registre plutôt sombre et inquiet, en phase avec les interrogations du physicien. Ici à nouveau Marco Grieco met ses personnages en scène de façon très théâtrale.
Place maintenant à deux morceaux instrumentaux. Le premier, « Moon », évoque la conquête de notre satellite naturel. Le discours musical est assez âpre, et violon et guitare assurent une ligne mélodique plutôt incisive. Un passage central planant et même lunaire oserais-je dire, amène vers une conclusion sombre et rythmée. Le deuxième, d’une atmosphère toute différente, est joué en solo au grand piano par Marco Grieco et évoque la vie de Mandela. Intitulé « Madiba’s Life », il s’agit d’un court intermezzo en forme de gigue baroque. Le sous-titre indique 1 seconde = 1 année, encore un des effets relativistes chers à Einstein !
Après ces tableaux sur le passé, place à « Future » qui clôt l’aventure temporelle sur une musique mi-moderne, mi-baroque. Si la pièce reste majoritairement dans les tonalités mineures, la voix céleste de Christina Booth nous fait prendre un peu d’altitude. Des chœurs apaisés mais qui demeurent mélancoliques tentent de nous convaincre que, face au destin, nous devons essayer de faire de notre mieux. Sages paroles …
La diversité des musiciens / chanteurs qui participent aux Samurai of Prog et la musique à programme qui caractérisent chacun de leurs albums font ressembler ces derniers à de véritables opéras-rock (progressif !). C’est particulièrement vrai sur cette dernière mouture où Marco Grieco et les musiciens donnent à l’ensemble un caractère dramatique assez poussé. Si opéra il y a c’est du côté de l’opera seria qu’il faut se tourner plutôt que de l’opera buffa. Mais rassurez-vous, pour être globalement dans des teintes plus sombres qu’à l’accoutumée, la musique n’est en pas moins belle, très expressive et très inventive. On n’en attendait pas moins sous la baguette d’un italien !
Formation du groupe
Marco Bernard : basses Shuker - Marco Grieco : claviers - Kimmo Pörsti : batterie et percussions Avec : - Serge Tiagniryadno : chant - Tony Riveryman : guitares électriques - Maria Kovalenko : violon - Giovanni Mazzotti : flûte - Roine Stolt : guitare électrique - Bo-Anders Sandström : chant - Marc Papeghin : cor - Balàzs Winkler : trompette - Daniel Fäldt : chant - Roberto Bucci : guitare électrique - Clive Nolan : chant - Marcel Singor : guitare électrique - Peter Matuchniak : guitare électrique - Christina Booth : chant
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