Pour cette nouvelle sortie des Samurai of Prog (je ne compte plus !), c’est à nouveau Marco Grieco, le flamboyant musicien italien (c’est un peu la marque de fabrique des musiciens transalpins, à vrai dire …) qui se remet aux manettes d’un collectif toujours impressionnant et cosmopolite.
Pour ce nouvel album concept, point d’aventures interstellaires ou de mise en scène historique comme dans les tous derniers, mais une histoire policière à l’américaine. Un jeune détective de Tallahassee (capitale de la Floride) est appelé par une ancienne amie rencontrée au catéchisme et se rend dans la ville voisine. Arrivé à l’église du RDV après la messe de 11h, il découvre le corps sans vie de son amie et une inscription énigmatique, le fameux acronyme I.N.R.I., que l’on trouve sur la Croix du Christ. Je vous fais grâce des innombrables interprétations chrétiennes, ésotériques, franc-maçonnes, … que nous valent ces quatre fameuses lettres, vous en découvrirez une nouvelle au cours de cette aventure. Avec tout ça, avouez qu’il y a de quoi mettre un beau bazar dans cette Quiet Town !
Pour cette mise en musique de synopsis concocté par Aldo Cirri, chaque morceau est confié à un chanteur différent, ce qui garantit la diversité dans l’unité et fait de l’œuvre une véritable comédie musicale.
Tallahassee … nous sommes évidemment dans le sud, pas étonnant donc d’entendre au début de « The Smile » guitare acoustique, harmonica et violon. Entre en scène le chanteur (Ron Alonso) pour évoquer le détective face au corps de son amie. La musique est puissante et sombre, et Kimmo Pörsti martèle un rythme obsédant. Plus loin l’orgue à tuyaux fait une brève apparition, nous rappelant que nous sommes dans une église. C’est d’ailleurs l’orgue qui conclut de façon grandiose ce premier morceau.
« The Crime » s’ouvre sur un ostinato de basse de Marco Bernard, repris à la flûte. S’il n’y a pas de chant ici, le violon de Steve Unruh s’en charge tandis que Marco Grieco se charge des grandes orgues. La transition n’en est que plus spectaculaire avec une musique de cortège funèbre tout droit venue de la Nouvelle-Orléans.
Faisons connaissance avec le prêtre qui se lamente … « The Priest » est un chant triste, un peu adouci par la rondeur des sonorités de la flûte. Nouveau protagoniste de l’affaire, « The Business Man », ingénieur agricole de son état, est introduit par un trait incisif de violon, Steve Unruh se chargeant ici de l’instrument et aussi du chant. Il y a du Kansas dans ce morceau nerveux. On poursuit ce Cluedo musical avec l’arrivée du maire, « The Mayor », qui en a après le monde entier, communistes compris, nous sommes aux USA ! Quelques traits de synthé de Marco Grieco (par exemple vers 2’10) évoquent Genesis. Le jeu de batterie de Kimmo Pörsti, à nouveau très expressif et très martelé, donne une dynamique supplémentaire à une musique qui n’en manquait déjà pas. Nouveau protagoniste, « The Doctor », toujours souriant et maître de lui, suscite une musique plus légère, presque dansante par moments, comme ce mouvement de valse rapide (vers 3’25).
Pour « Dance Of Clues », Marco Grieco débute son intermède au piano solo alla Tubular Bells, puis il enchaine sur un très beau thème classique traité de façon virtuose et éminemment pianistique, avant de passer au ragtime, et le tout en 3 minutes !
« The Solution (Part I) » est une grande pièce symphonique survolée par la voix théâtrale de Michael Trew, s’adaptant aux différents personnages de l’intrigue. La musique et les rythmes changent au gré des interventions successives des protagonistes, et c’est sur un air de flûte que le verdict tombe avec l’arrestation du docteur. Mais ça n’est peut-être aussi simple, et « The Solution (Part II) » explore d’autres pistes. Plus condensé que la première partie, ce morceau ne manque pas non plus de changements d’atmosphères musicales et constitue une nouvelle expression du sens lyrique et théâtral de Marco Grieco.
La coda, « The Report » est un instrumental très expressif débutant par les sons de la machine à écrire, qui devient même une improbable boite à rythme pour lancer un sax bondissant sur une musique évoquant les grandes années de Joe Jackson ou de Madness !
Une fois de plus, les TSOP, emmenés ici par Marco Bernard, Kimmo Pösrti et Marco Grieco, nous régalent par leur inventivité musicale et le soin apporté à une production et une réalisation en tous points exemplaires, sans oublier la magnifique et désormais habituelle mise en images d’Ed Unitsky. Après cet excellent A Quiet Town, je me demande vers quelle histoire ce groupe, qui n’est chaque fois ni tout à fait le même ni tout à fait un autre (*), va nous transporter ? Les paris sont ouverts …
(*) Librement emprunté à Verlaine
Formation du groupe
Marco Bernard : Basses Shuker - Marco Grieco : claviers, guitares acoustiques et électriques, harmonica, choeurs - Kimmo Pörsti : batterie et percussions -- Avec: - Ron Alonso : chant - Peakfiddler : violon - Luke Shingler : flûte - Juhani Nisula : guitares électriques - Steve Unruh : chant, violon, flûte - Olli Jaakkola : flûte - Ben Craven : chant, guitare électrique solo - Tony Riveryman (alias Toni Jokinen) : guitares électriques - Ivan Santovito : chant principal et chœurs -Marco Vincini : chant - Michael Trew : chant principal et chœurs - Andy Nixon : chant principal et chœurs - Linus Kåse : saxophone alto
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