Liber de Dictis

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(4.6 sur 5) / Seacrest Oy
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Rock Progressif

Liber de Dictis, Le Livre des proverbes / dictons, signe le retour du Guildmaster, issu de la constellation des Samurai of Prog. Comme pour le premier opus, « The Knight and the Ghost », ce Livre s’abreuve aux sources de différentes musiques populaires européennes. Les thèmes musicaux de provenance populaire ou folklorique se caractérisent par une spontanéité, un balancement rythmique et un caractère dansant, une tournure mélodique plutôt modale, qu’apprécient hautement les grands musiciens de toutes époques. Pour qui sait écrire la musique, c’est une source inépuisable d’inspiration. Ceux qui connaissent bien l’art musical de notre quatuor Kimmo Pörsti, Rafael Pacha, Marco Bernard, Alessandro di Benedetti, ne seront pas surpris de voir ces protagonistes aussi à l’aise dans ce prog folk élaboré, que dans les productions plus symphoniques des TSOP.

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Avec Liber de Dictis préparez-vous à une expérience musicale qui survole et intègre dans ses 12 morceaux nombre d’époques et de lieux ! C’est d’ailleurs la grande spécialité de Rafael Pacha, qui signe une bonne moitié des pistes proposées ici dont la première, « A lo hecho, pecho » est un parfait exemple d’un savoureux mélange ancien / moderne. Après cette courte et lumineuse intro, il récidive sur « A Rey muerto, Rey puesto ». Une intro médiévale assez lancinante au cromorne (dont on reconnaîtra la sonorité voisine du hautbois / basson), débouche soudain sur un passage moderne assez grandiose. Le Roi est mort, vive le Roi ! Un des musiciens « invités » Marco Grieco, propose ensuite une évocation chantée (Evangelina Kozoni) de l’« Agora » avec sa magnifique rythmique en 9/4 et ses sonorités grecques. L’instrumental « Manos frías, corazón caliente », a effectivement du cœur et il est plutôt dansant. La famille Pörsti est à l’honneur sur le lancinant « Suruista tehty Soitto », petite perle chantée en finnois.

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Sur « Agua pasada no mueve molino », Jose Manuel Medina prend la plume, puis les claviers pour un instrumental en 2 parties, la première nostalgique, la deuxième franchement optimiste. Dans « La Música amansa a las fiera », Rafael Pacha évoque Orphée aux Enfers. La musique, censée endormir Cerbère (dont les goûts musicaux ne sont pas bien connus), est raisonnablement douce et calme, grâce notamment à une délicate guitare acoustique. Ecrit par pour la langue napolitaine, le très typé « Nea Polis » donne à entendre tambours et mandolines, pour ce que Marco Grieco dénomme lui-même une tammurriata (*) progressive !

Nouvelle pièce de Rafael Pacha, « La primavera, la sangre altera » s’épanouit d’abord dans le style baroque avec sonorités à l’ancienne, avant une transition vers l’ère musicale moderne très blues. Superbe mélange ! Pour « El perro del hortelano » retour à la renaissance espagnole avec une Chaconne (chanson dansante à 3 temps), genre bien connu aussi des baroques français, italiens et allemands. « Young Me, Old You » est l’évocation de la continuité générationnelle entre enfants et grands-parents, pour laquelle Alessandro di Benedetti nous propose une longue méditation, à laquelle la voix grave de Daniel Fäldt donne une coloration mélancolique. La musique prend à peu de l’ampleur, tandis que la voix prend une tessiture plus élevée. Le dernier tiers s’anime et prend des tournures genesiennes. Pour conclure, une reprise du thème de « Suruista tehty Soitto » dans laquelle Rafael Pacha démontre sa maîtrise de la guitare classique, nous offre un exquis contrepoint final !

J’avoue être très séduit par cette musique qui fait la synthèse entre musique populaire et musique savante, prog et folk, instruments anciens et modernes, modalité et tonalité, et où le cromorne rejoint la guitare électrique. L’art graphique d’Ed Unitsky, toujours aussi chatoyant, complète idéalement cette belle suite musicale. Finalement, dans l’esprit de ce magnifique Liber de Dictis, je cite volontiers cette maxime d’Igor Stravinsky : Le seul véritable commentaire d’un morceau de musique est un autre morceau de musique. J’aurais sans doute dû commencer cette chronique par ça !

(*) Danse traditionnelle de Campanie.

Formation du groupe

Rafael Pacha : zyther, flûtes à bec, guitares acoustiques et électriques, tambour sur cadre, viole de gambe, Toumbeleki, psaltérion Hackbrett, bouzouki, mandoline, tambour sur cadre Peñaparda, guitare classique, sifflets, mrindgam, guitare portugaise de Coimbra, tabla, cuatro vénézuélien, bodhrán, claps, cajón, claviers - Alessandro di Benedetti : claviers, chant - Marco Bernard : Basses Shuker - Kimmo Pörsti : batterie & percussions - Avec: - Marco Grieco : claviers, accordéon, claps - Evangelia Kozoni : chant - Paula Pörsti : chant - José Manuel Medina : claviers - Tommaso Fichele : chant - Patrizia Grieco : Tamburello Napoletano - Béatrice Birardi : tamburo a corniche, darbouka, castagnette - Rubén Álvarez : guitare électrique - Manoel Macía : guitare baroque - Carlos Espejo : voix, applaudissements, "Jaleo" - Daniel Fäldt : chant - Sara Traficante : flûte

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