Occupant une place à la frange du rock progressif, on peut se dire que Procol Harum, surtout connu pour le slow planétaire ‘A Whiter Shade Of Pale’, a mainte fois abordé le genre musical que nous aimons tant. Et le cantonner uniquement dans le registre de faiseur de Tubes serait à mon avis une erreur. Il suffit d’écouter certains titres de ‘A Salty Dog’ (1969), ‘Grand Hotel’ (1973) ou bien ‘Exotic Birds and Fruit’ (1974) pour découvrir la complexité avérée de certaines de ses compositions.
Il s’est même essayé avec succès à interpréter quelques uns de ses titres, s’y prêtant le mieux, avec un orchestre symphonique sur le ‘Live In Concert With The Edmonton Symphony Orchestra’ (1971), que je conseille fortement.
Je reviens pour cette chronique sur l’album « Something Magic » qui est le neuvième album studio du groupe, sorti en 1977. Procol Harum se sépare peu après sa sortie et se reformera en 1991 et publiera alors « The Prodigal Stranger ».
« Something Magic » est à mon avis un des albums les plus ambitieux du groupe, se rapprochant le plus du rock progressif symphonique et ce depuis ‘Grand Hotel’. Libéré depuis bien longtemps des contraintes commerciales imposées par leur maison de disque, la formation se lâche et nous sert ici un opus somptueux. Procol Harum nous invite à un voyage de la même manière qu’il avait su le faire en son temps avec ‘A Salty Dog’.
L’opus démarre sur le titre éponyme et avance, de toute évidence, en terrain connu, un rock symphonique hyper mélodique où le chant de Gary Brooker s’épanouie à merveille, des comme ça j’en redemande ! Chaque titre emmène l’auditeur en voyage, « Skating On Thin Ice », émotif et inspiré, digère sans sourcilier certaines des influences de la formation, savant mélange entre classique et pop. Le rock plus formaté, ils savent aussi faire, avec « Wizard Man » et « Mark Of The Claw » qui frappent bien et exposent de solides soli de guitares, avec toujours cette signature qui permet de reconnaître Procol entre mille. Une exploration dans l’espace temps avec « Strangers In Space », intro planante sur fond de synthés, la sensation de flottement vous envahie grâce à la richesse des sons, de ses atmosphères et aussi la qualité de son interprétation et toujours cette voix chaude et vibrante.
Passons maintenant au morceau de choix : Worm And The Tree qui se décline en trois parties. En premier lieu, les choses qui fâchent, les parties narratives bien trop longues et envahissantes cassent bien souvent l’atmosphère mise en place, et il y a quelques longueurs sur la partie «3» . Bon, après ces légers reproches, nous retrouvons dans cette superbe fresque tout le savoir faire de Procol harum, qui nous enivre, une fois de plus, d’un rock prog-symphonique de haut vol, varié complexe et mélodique (écoutez la partie « 2 » qui à elle seule vaut son pesant d’or).
Pour les anciens, qui connaissent et aiment Procol Harum, qui sont passés à côté de « Something Magic », il est toujours temps de vous rattraper. Pour les autres, l’opus pourrait être une bonne introduction dans l’univers musical du groupe !
Formation du groupe
Pete Solley - orgue et synthétiseurs - Chris Copping - guitare basse - BJ Wilson - batterie - Mick Grabham - guitare - Gary Brooker - piano et chant - Keith Reid - paroles
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