Clandestiny

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(3.9 sur 5) / Autoproduction
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Rock Progressif

Kitchen Sink, voilà un nom assez étrange et dont la connotation « ménagère » semble a priori peut propice à vous faire rêver. Mais peut-être y a-t-il là un jeu de mot où un clin d’œil qui m’échappe ? Mais après tout, comme l’écrivait fort justement Alfred Musset, « Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse ». Du peu d’information dont je dispose, je retiens que ce jeune groupe de musiciens qui le sont tout autant, font de la musique en Pennsylvanie et qu’après quelques essais ils se sont décidés à sortir un album studio, Clandestiny, néologisme crée pour l’occasion. Côté influences, je cite : « Nous aimions tous vraiment les groupes de prog de la vieille école, en particulier Genesis, et nous étions également fortement inspirés par un obscur groupe moderne appelé Bubblemath(*) ». Une autre originalité : l’utilisation du trombone, pas si commun, avouons-le !

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D’ailleurs dès la première piste, « Kitchen Suite », l’occasion est donnée d’entendre ce superbe instrument, ce qui donne à la musique un petit air de Chicago tout à fait plaisant. Cette première piste est une belle carte de visite pour le groupe qui y démontre sa science musicale et instrumentale tout le long des 6 parties qui s’enchainent astucieusement. Une intro musclée et on enchaine sur un passage mélodique chanté où on peut entendre dans le refrain jazzy d’irrésistibles septièmes majeures, – le must de l’élégance en musique pour ce qui me concerne ! Plus loin dans le morceau (peu après 8’), la guitare acoustique rhythmique vient accompagner les vocalises débridées du trombone. Le final tout en harmonies jazz conclut cette belle suite, avant un tout dernier rappel du thème d’intro.

Plus sage, mais tout aussi intéressant, le mid-tempo d’« Outside », inspiré de l’excellent « Everything » de Bubblemath (op. cit.), offre en effet quelques similitudes avec son modèle. Très belle balade un peu mélancolique avec à nouveau de belles sonorités jazzy (toujours les 7èmes majeures et autres accords de 9ème). « La Bestia », ou l’aventure en musique d’une bête d’espèce non spécifiée coincée dans une fosse de goudron et qui essaie d’en sortir … Il s’agit en fait d’un des premiers morceaux écrits par le groupe, qui n’a toutefois pas l’inventivité des deux pistes précédentes, même si le final enjoué vient y apporter plus de couleur.

Avec ses sonorités saturées et ses rythmes complexes à la VDGG, « Clown Analysis », fait plus dans le grinçant et le tragique que dans la musique de cirque, bien qu’on entende en arrière-plan et dans la dernière minute le trombone entonner un thème bien connu. « Once Upon A Time » démarre en mode musique classique avec une brève ouverture aux sonorités de clavecin. Pour ce titre mettant en scène une jeune fille, la voix féminine s’imposait. Après un passage ou le trombone se met à son tour à chanter dans un registre plus grave, survient un passage central assez grinçant, avant le retour de l’insouciance du début.

Le très court « Jacob’s Lullaby » fait référence au pont de la Bible qui relie Terre et Ciel, l’échelle de Jacob. Une musique faite de longs accords tenus au synthé accompagne votre âme vers sa destination finale. La piste-titre, « Clandestiny »,en termes de développement musical, est le pendant du premier morceau : long et complexe, quoique globalement plus sombre. La première partie, très acoustique, prend des allures de Simon & Garfunkel. Le passage central, instrumental fait la part belle aux rythmes et harmonies plus complexes, avant une longue coda plus lumineuse et une fois de plus bien soutenue par l’excellent trombone. Les musiciens disent ici s’être inspirés d’une des sections finales d’un certain « The Cinema Show ». Tout cela ne manque pas d’allure !

Pour conclure je dirais que Clandestiny et un album très prometteur : de belles idées musicales, de l’originalité, une touche jazzy rehaussée par l’utilisation abondante du trombone. Certaines pistes sonnent mieux que d’autres et me semblent plus travaillées, il y a sans doute encore à gagner côté écriture, instrumentation et mise en place vocale, mais pour Kitchen Sink il s’agissait de franchir une première étape et donc de sortir de clandestinité. C’est largement chose faite !

(*) Il se trouve que je connais Bubblemath et que j’avais particulièrement apprécié son dernier album, Turf Ascension.

(**) https://kitchensink2.bandcamp.com/releases

Formation du groupe

Donovan Myers : guitare électrique, basse - Phoenix Myers : batterie, claviers - Anthony Nunez : Chant principal (pistes 1, 2 et 7) - Genna Preston : Chant principal (pistes 3 et 5), certains Claviers (Piste 3) - Joe Preston : guitare acoustique, trombone - Jake Walden : Chant principal (Piste 3)

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