Infinity Relooped

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(4.6 sur 5) / Autoproduction
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Ambient Art Rock Fusion Rock Progressif

Depuis la sortie d’In Spiral en 2022, l’inclassable guitariste / ingénieur du son / auteur-compositeur et j’en oublie sûrement, Jean-Pascal Boffo, distille petit à petit et avec minutie de nouvelles petites perles musicales. Certes, on savait à quoi s’attendre puisque dès La sortie du premier « Glitch City 1 », la numérotation 1/16 nous donnait sinon un avant goût du futur album, au moins sa métrique ! Et bien voilà, 15 étapes plus tard, l’opus annoncé est au complet sous la dénomination Infinity Relooped (*). Le maître de la miniature va cette fois jusqu’au bout de la musique électronique qu’il avait déjà largement abordée, notamment il y a 20 ans dans l’album Infini, et bien sûr plus récemment dans In Spiral, qui ouvrait également de nouvelles voies vers la musique minimaliste / répétitive.

A vrai dire, ce n’est pas qu’à une expérience uniquement musicale que le musicien lorrain nous convie. En effet, une animation très élaborée réalisée par Fred Kempf vient compléter chaque création sonore et lui donne en quelque sorte une composante spatiale. De plus des poèmes écrits par Aurore Reichert et Delphine Ribière viennent enrichir chacune des animations et donner quelques clés supplémentaires pour aborder une œuvre déroutante et passionnante ! Machines ou électroniques, boucles sonores et autres dispositifs informatiques ne font pas oublier au musicien qu’il est aussi guitariste.

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A ce stade je peux l’avouer, c’est peu de dire que je ne suis en rien un connaisseur des musiques électroniques. En particulier la musique allemande de années 60-70 qui avait envahit le campus où j’étudiais m’a toujours laissé sinon de marbre, du moins assez dubitatif. Bref, pour quelqu’un qui a passé toute sa carrière dans la R&D technologique, cette musique technologique n’a pas été très inspirante et je suis largement passé à côté. A contrario, de la musique minimaliste américaine façon, Reich ou Adams je suis un grand admirateur ! C’est donc avec un mélange de candeur et de curiosité que j’aborde les 16 pièces proposées ici.

Une chose certaine, comme à son habitude Jean-Pascal Boffo ne s’éternise pas et préfère passer à l’idée musicale suivante que de s’appesantir. Il y a d’ailleurs là une sorte de contradiction entre le titre de l’album qui insiste sur un infini qui se reboucle sur lui-même et la concision des morceaux qui génèrent constamment un nouvel espace musical.

Si l’électronique dissonante vous happe dès les premiers sons de « Glitch City 1», les guitares volubiles de « Origamix 1 » vous propulsent dans une danse cosmique. « Lady Blue Bird » mélange dans une course effrénée électronique et guitares, alors que son suivant immédiat, « Memolab 1 » développe une étrange mélopée arabisante version spatiale. « Anterstellar » est sans doute l’un des morceaux les plus mélodiques et mélodieux de la série.

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Si on décèle un certain bucolisme (en mode surréaliste !) dans « Red Blossom 3 », « Bit Maker » est d’une extrême vélocité et peut symboliser le temps qui fuit à toute allure. On se laisse bercer par la douceur insistante d’ « Origamix 2 » et son côté contemplatif, avant d’aborder le point culminant et final de l’album, « Time Keeper ». Chaque morceau apporte bien sûr une contribution sonore différente, mais ce final semble être le point de convergence de tout ce qui a été précédemment entendu. Un petit mot sur l’animation et sa collection de montres, pendules et autres chronographes. Difficile de ne pas faire le lien avec les montres molles de Dali dans un de ses plus célèbres tableaux, Persistance de la mémoire. Dans les deux cas, aucune ne donnent la même heure. Le temps physique comme celui que nous percevons est relatif … Ce morceau final est vraiment superbe à tous points de vue.

Je n’ai fait ici que de survoler brièvement et de manière non exhaustive les 16 morceaux, en notant quelques idées qui me venaient au gré de la découverte sonore et visuelle. La volonté d’être concis, jusque dans les très courts poèmes qui concluent chaque morceau, est une vraie réussite qui décuple le pouvoir suggestif de la musique en abordant des rythmes et des sonorités constamment renouvelées. Il est évidemment hautement recommandé de découvrir Infinity Relooped dans toutes ses composantes musicale, graphique et littéraire (**). Côté musique, on ne peut qu’admirer la démarche de l’inclassable Jean-Pascal Boffo, qui une fois de plus nous propose une œuvre originale, d’une poésie certes inhabituelle, mais bien réelle. L’osmose entre les sons électroniques et la guitare est parfaite, ce qui contribue à rendre l’expérience sonore véritablement onirique et hypnotique.

(*)https://jeanpascalboffo.bandcamp.com/merch/infinity-relooped

(**) https://www.youtube.com/watch?v=s5pdndbrRCg

Formation du groupe

Musique & animation entre le guitariste Jean Pascal Boffo et l’infographiste Fred Kempf. Poèmes : Aurore Reichert et Delphine Ribère.

🌍 Visiter le site de Jean Pascal Boffo →

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