Si celui-ci est précédé de quatre albums, Perfect Symmetry offre la possibilité à Fates Warning de dévoiler au monde sa véritable identité donnant à ce disque le rôle d’acte de naissance du groupe tel qu’on le connaît mais aussi de pièce fondatrice du « genre metal progressif » au même titre que le Operation Mindcrime de Queensrÿche sorti un an plus tôt ou de Control and Resistance de Watchtower, de When Dream And Day Unite de Dream Theater sortis la même année ou encore de Nothingface de Voivod qui, on l’oublie bien trop souvent, est un des premiers albums avec Perfect Symmetry, à mélanger une musique et des riffs extrêmement lourds avec des éléments typiques de la musique progressive.
En abandonnant peu à peu un style heavy/power-metal fortement inspiré par Iron Maiden somme toute assez classique et les textes évoquant l’univers heroic-fantasy pour laisser plus de place aux structures progressives présentes à petites doses dès Night On Bröcken, leur deuxième effort, le groupe ouvre avec Perfect Symmetry les portes d’un univers sombre, froid, mélancolique mais pouvant faire preuve d’une incommensurable beauté.
Perfect Symmetry marque aussi le point de départ d’une écriture plus mature et est le premier album à instaurer le « son » Fates Warning, ce son unique et immédiatement reconnaissable qui définit le groupe encore aujourd’hui.
Cette évolution qui s’inscrit dans la continuité des albums précédents va se trouver précipitée par deux événements.
Le premier est l’arrivée, sur No Exit, l’album précédent du combo, du vocaliste Ray Alder au chant nuancé et moins typé heavy-metal que son prédécesseur John Arch.
Le second et certainement le plus déterminant est celle plus récente de Mark Zonder, ancien batteur de Warlord dont le jeu époustouflant est inspiré aussi bien par le rock que par le jazz, genre auquel il emprunte d’ailleurs le « traditional grip », cette manière de tenir ses baguettes à la façon des joueurs de tambour.
Plusieurs titres gardent pourtant les traces d’un passé pas si lointain avec ce chant haut perché typique du heavy-metal, des guitares incisives et une rythmique pachydermique. Ainsi, « Part Of The Machine » le titre d’une froideur industrielle qui ouvre l’album, « The Arena » ou encore « Nothing left to say » auraient pu aisément trouver une place sur No Exit à la différence prêt que s’il sont lourds à souhait, ils n’en sont pas moins agrémentés de rythmes syncopés, de riffs complexes, de changements rythmiques et de mélodies plus ou moins alambiqués auxquels les musiciens ne nous avait pas habitué jusque là, ou du moins pas de manière si évidente.
Les autres titres quant à eux préfigurent le futur du groupe. Une véritable rupture avec ses racines qui atteindra son apogée sur Parallels, leur album suivant. « Through different eyes », « Static Arts », « A World Appart » et le magnifique « Chasing Time » présente donc une nouvelle facette de Fates Warning, plus nuancée, plus atmosphérique aussi bien dans le jeu des différents musiciens que dans le chant tout en finesse de Ray Alder qui démontre ici toute l’étendue de son talent.
Perfect Symmetry est donc un album de transition pour le groupe qui a décidé d’aller de l’avant (au risque de décevoir une partie de ses fans) mais qui fait surtout office de mètre-étalon pour le genre metal progressif (terme qui n’existait d’ailleurs pas à cette époque) grâce notamment au morceau « At Fates Hands » et à son break claviers/guitare hallucinant, copié depuis à l’infini par à peu près tous les groupes se réclamant du genre, Dream Theater en tête. Pas étonnant quand on sait que c’est Kevin Moore qui se charge ici des claviers.
Un album aux arrangements au cordeau, précis dans sa réalisation et dans son interprétation magistrale sans pour autant se perdre en démonstration stérile ni en morceaux à rallonge comme le font nombre de groupe et que seule la production pas à la hauteur de Roger Probert vient ternir sans pour autant le léser.
Perfect Symmetry demande à l’auditeur de s’investir un minimum pour se laisser charmer par la froideur, mais surtout par la richesse de l’univers du combo qui signe avec cet album un disque essentiel dans la discographie des américains, mais aussi un indispensable dans toute discothèque de fans de metal prog et de rock en général et qui nous rappelle que si on attribue souvent le rôle de père du genre à Dream Theater, c’est oublier que c’est à Fates Warning que ce rôle revient de droit (ce n’est pas pour rien que Dream Theater remercie Fates Warning dans le livret de son premier album !).
Formation du groupe
Ray Alder: Chant - Jim Matheos: Guitare - Frank Aresti: Guitare - Joe DiBiase: Basse - Mark Zonder: Batterie - Kevin Moore: Claviers - Faith Fraeoli: Violon
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