Ayant été débarqué par EMI, c’est Castle Communication qui se retrouve en charge de Marillion. C’est donc sur un petit label et avec beaucoup moins de moyens financiers que les musiciens se retrouvent dans leur propre studio, le Racket Club pour mettre en boite le successeur de « Afraid Of Sunlight ». Ce manque de moyen pousse le groupe à se produire lui-même pour la première fois de sa carrière tout en conservant Dave Meegan qui n’assurera cette fois-ci que le mixage final de « This Strange Engine ».
Alors que Marillion se trouve dans une situation des plus incertaines quant à son avenir, le groupe loin de se reposer sur une formule éprouvée offre une nouvelle fois à ses fans un album déroutant.
This Strange Engine s’avère être à l’opposé des productions précédentes des anglais. Celui-ci se démarque par son coté résolument acoustique et épuré. Ce sont en effet la guitare acoustique, le piano, l’orgue Hammond, la trompette, la balalaïka ou la basse de Pete Trewavas, très présente qui occupent pratiquement tout l’espace ne laissant la guitare électrique s’exprimer qu’à de rares occasions comme sur le romantique « One Fine Day » sur lequel elle se fait bluesy, sur « An Accidental Man », un morceau pop-rock sur lequel elle joue à cache-cache avec l’orgue de Mark Kelly et bien évidement sur le fabuleux « This Strange Engine » sur lequel on retrouve le grand Steve Rothery dans toute sa splendeur. Le morceau éponyme, seul vrai titre progressif de cet album fort de ses dix-sept minutes de pure classe nous démontre une fois de plus que les musiciens sont et restent les maitres d’un genre qu’ils ont largement contribué à créer.
Si le morceau titre est une des pièces maitresse de ce disque, il ne faut pourtant pas sous-estimer la puissance du poignant « Memory Of Water » porté à bout de voix par un Hogarth magistral ou de « Estonia », ode aux victimes du naufrage du ferry Estonia survenu en mer baltique en 1994, tuant plus de 800 personnes. Probablement un des plus beau morceau écrit par le groupe toutes époques confondues.
Étonnamment, This Strange Engine est un album optimiste aussi bien musicalement que dans les textes écrits par Hogarth et l’indispensable John Helmer. « One Fine Day » nous incite à voir le bon côté des choses dans les moments les plus sombres, dans « 80 Days », Steve Hogarth nous propose au travers de sa propre expérience de « rock star » de voir le bien non plus dans les moments sombres mais plus généralement dans l’être humain personnalisé ici par les fans du groupe alors que le titre de « Hope For The Future » parle de lui-même.
Un optimisme à mille lieue de la situation délicate dans laquelle se trouve le groupe qui laisse à penser que les anglais enfin libérés de la pression d’une grande maison de disque les poussant à faire du chiffres sentent qu’ils ont le champ libre pour faire la musique dont ils ont vraiment envie. Un optimisme peut-être aussi dû au fait que c’est à cette époque que les musiciens découvrent par le biais d’un internet encore balbutiant (mailing-list) que leurs fans sont prêts à tout pour les voir jouer tels ces fans américains qui réunissent 60 000 dollars pour financer une tournée du groupe de l’autre coté de l’Atlantique créant ainsi le modèle du crowd-funding que le groupe poussera à un autre niveau un peu plus tard dans sa carrière. Mais ça c’est une autre histoire.
Formation du groupe
Steve Hogarth : chant - Mark Kelly : claviers - Ian Mosley : batterie - Steve Rothery : guitare - Pete Trewavas : basse
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