Si vous aimez les découvertes et que vous ne connaissez pas encore The Omnific, préparez-vous à être servis. Vous risquez d’être confronté à quelque chose que vous n’avez jamais entendu auparavant. Tout repose sur la composition du trio Australien : deux bassistes (Matt Fack et Toby Peterson-Stewart) et un batteur (Jerome Lematua)… Sur le papier, ça manque un peu d’instrument dans le registre médium-aigu porteur de mélodies, comme une guitare par exemple. Et pourtant, The Omnific réussit l’exploit de créer un style plutôt unique, évoluant dans le registre Métal Progressif / Djent instrumental. Pour donner un point de repère, The Omnific est un peu le Polyphia de la basse. ‘The Law Of Augmenting Returns’ est leur second album et représente, selon le groupe, le point culminant de huit années d’expérience et d’apprentissage depuis la création du groupe.
Le premier titre “The Omnific ≈ Bass” débute par …une section vocale a capella interprétée par Tim Waurick et Luke Taylor du groupe Heartline rappelant à la fois Gentle Giant, Frank Zappa et les Beach Boys. Cette entrée en matière est complètement déconcertante lorsque l’on s’attend à une musique uniquement instrumentale interprétée à la basse. Un premier clin d’œil du groupe, qui pratique pas mal l’humour décalé. Toujours est-il que les deux basses arrivent rapidement dans un déluge de notes et de placements rythmiques impressionnants. On se surprend même à apprécier la ligne mélodique (qui a dit que la basse était un instrument d’accompagnement cantonné à rester au fin fond du mix?). Une partie chantée ressurgit même au milieu du morceau, rendant celui-ci accessible malgré les fortes contraintes instrumentales.
Le titre “The Law Of Augmenting Returns”, est parfaitement représentatif du style du groupe. Ça part dans tous les sens, on est complètement largué par instants, tout en se demandant comment des humains parviennent à atteindre un tel niveau de complexité instrumentale. Quelques parties de claviers viennent par endroit épicer l’ensemble, et comme plus on est de fous, plus on rit, le groupe a convié deux bassistes supplémentaires : Charles Berthoud et Kai Den Hertog. Le morceau se termine en petit shuffle-rock parfaitement décalé.
“Matrices” se déploie dans un style électro orientalisant à la mélodie efficace avec renforts de cordes. J’en profite pour signaler ici le très bon mix qui exploite à fond la stéréo en nous proposant une basse dans chaque oreille permettant d’apprécier le travail de complémentarité des deux instrumentistes.
“Base Camp” est à mon goût le meilleur morceau du disque. Sur un tempo plus posé et dans un style un peu moins alambiqué (toutes proportions gardées), The Omnific évolue dans un registre cinématique qui pourrait laisser paraître une pointe émotionnelle.
“Will-O’-The-Wisp” quant à lui, évoque les grandes épopées avec un côté cinématographique et propose, en plus d’une maîtrise technique virtuose, quelques innovations sonores comme des riffs de basse joués à l’envers.
Titre le plus court de l’album, “Phat Mackerel” met l’accent sur la complexité rythmique et permet d’apprécier à sa juste valeur l’apport du batteur Jerome Lematua. L’énergie ne faiblit aucunement et on enchaîne sur “Butterfingers” qui applique la recette dorénavant connue, astucieusement rompue par quelques passages plus calmes permettant une relance efficace de la machine. Sur la même lancée, “Double Malt Ditty” vient conclure le disque sur une note teintée d’électro.
Objet peu commun et débordant de virtuosité, ‘The Law Of Augmenting Returns’ ravira en premier lieu les amateurs et les pratiquants de basse (certains pourraient même être tentés de raccrocher l’instrument…). Néanmoins, The Omnific déploie des efforts pour rendre son style abordable en appuyant notamment sur des mélodies accrocheuses et un sens de l’humour mettant un peu de distance avec l’aspect hyper technique de leur musique.
Formation du groupe
Matt Fack : Basse - Toby Peterson-Stewart : Basse - Jerome Lematua : Batterie
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