I Just Wanna Break Even

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(4.6 sur 5) / Autoproduction
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Rock Progressif

En fin 2020 j’avais découvert le superbe Magick Brother And Mystic Sister qui m’avait confirmé si besoin en était que la péninsule ibérique restait une grande terre musicale. Et bien on continue sur cette lancée dès début 2021 avec un nouvel ensemble venu d’Alicante, The Flying Caravan, qui se paye le luxe de débuter par un double-album intitulé non sans malice « I Just Wanna Break Even » ! Pistes de longues à très longues – la suite finale atteint 36’ – qui donnent à entendre un prog plutôt tourné vers les années 70, d’un enthousiasme communicatif, d’influences diverses et variées : Genesis, YES, Camel, Canterbury … et sans doute bien d’autres.

Avant de se lancer dans l’écoute détaillée de la double galette, quelques mots sur l’histoire du groupe, qui se trouve à la base être le projet d’Antonio Valiente, ayant notamment œuvré dans l’excellent Numen. Il est ici entouré de non moins excellents musiciens : Juanjo Sánchez aux claviers, Pedro Pablo Molina à la basse, Lluís Mas à la batterie et last but not least, la voix féminine d’Izaga Plata qui survole une musique luxuriante, à laquelle viennent également contribuer sax et flûte.

J’ai parlé de musique pleine d’enthousiasme, l’instrumental « Get Real » est en un parfait exemple avec ses accords de septième introductifs nettement bluesy. Basse, guitare et orgue (Hammond) sont à la fête. La Caravane est déjà en vol ! Allez, on gagne encore de l’altitude avec le titre éponyme, d’une joie communicative, et la voix caractéristique d’Igaza Plata vous en remet une couche. Cette voix me rappelle un peu une autre belle voix, celle de Christina Booth (Magenta), en plus aigüe me semble-t-il. Bref la Caravane vole et danse !

Allez, après un quart d’heure de musique bien enlevée, on réduit les gaz et on se met gentiment en palier avec une ballade musicale qui doit nous mener à Manonash si j’interprète bien. « Upstream To Manonash » égrène lentement mais sûrement son mid-tempo nostalgique et nous fait entendre un intéressant solo de guitare sur fond d’orgue. Autre calme chanson acoustique, « Love’s Labor Mislaid » reste dans les clairs obscurs.

On termine la première galette par un premier morceau de bravoure, « The Bumpy Road To Knowledge » et ses quasi 17’, qui démarre sous une météo orageuse et poursuit sur un développement instrumental assez bluesy, avant que la voix d’Izaga Plata ne lance ses premières incantations sur une musique somme toute assez sombre – cahoteuse ? Un passage au sax vers 10’ vient un peu modifier le propos avant une fin nettement plus rythmée, presque dansante, qui finit tout de même par s’estomper avec un retour au chant clame, mais en mode majeur cette fois.

Deuxième disque, la Caravane Volante repart pour 36 minutes avec son conte de fées pour adultes (« A Fairy Tale For Grown-Ups »), une longue suite musicale qui enchaine 7 parties distinctes. La première, « Northen Lights », totalement instrumentale renoue avec le style débordant d’énergie des 2 premières pistes de l’album. Une guitare rythmique lance un véritable mouvement symphonique de toute beauté. Les idées musicales abondent, avec changements de rythmes et enchainement harmoniques somptueux. Musique orchestrale avec de belles incursions de piano tout au long de la piste. « Change Of Revue » renoue avec le style ballade mélancolique. Voix délicate, sur un bel accompagnement à la basse et à la guitare, et çà et là quelques riffs de blues à l’orgue. « S.A.D. (Solitude Affective Disorder) » est un des sommets de la suite, avec un style lorgnant du côté du YES des débuts 70. Encore une belle intro à la guitare qui lance le chant conquérant d’Izaga. Un passage plus calme en milieu de piste avec un excellent solo de guitare, et on repart sur la musique bien rythmée du début avec cette guitare rythmique que j’apprécie particulièrement. La partie 4, « The World Had Turn Over » débute sur une excellente guitare aux cordes pincées qui délivre son thème obsédant tout au long de la piste. L’atmosphère sombre perdure dans « Moonlight Labyrinth » avec son étrange thème de basse qui donne son assise au morceau. Les sonorités cristallines d’un piano électrique sont bientôt remplacées par un travail de guitare solo d’excellente facture, subtilement accompagné à l’orgue. La 6eme partie « Second Thoughts » repart dans les tons joyeux et dansants, mais sur une musique nettement plus conventionnelle. La coda, « The Sum Of Your Fears » est beaucoup plus intimiste avec essentiellement voix et un accompagnement léger à la guitare et à la basse. Une petite accélération finale et on clôt sur un ultime accord de la majeur. Et voilà 36‘ bien occupées. Evidemment comme dans toute grande fresque, il y a des temps forts et des temps faibles, mais l’ensemble reste bien en altitude !

L’album n’est en fait pas tout à fait clôt car une version alternative de « The Bumpy Road To Knwoledge » est proposée, et que je vous laisse découvrir.

Décollage réussi pour « The Flying Caravan » qui délivre une musique chaleureuse et généreuse, portée par des musiciens de premiers plans et très inventifs. L’enthousiasme c’est bien mais quand on y ajoute la qualité musicale, c’est encore mieux ! Allez j’ose : Viva España !

Formation du groupe

Antonio Valiente: Guitares - Izaga Plata: Voix et chœurs - Pedro Pablo Molina: Basse - Juan José Sánchez: Claviers - Lluís Mas: Batterie et percussions · Autres musiciens: Manuel Salido: Sax - Juan Carlos Aracil: Flute - Jorge Aniorte: Voix et chœurs

🌍 Visiter le site de The Flying Caravan →

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