Surrender Of Silence

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(4.4 sur 5) / INSIDE OUT
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Rock Progressif

Un nouvel album de Steve Hackett est toujours un évènement, un marqueur sur la longue route du rock progressif … bref, quelque chose qui ne passe pas inaperçu. Le précédent et 27eme album studio (si je compte bien), « Under A Mediterranean Sky » était un récit de voyage faisant la part belle à la guitare classique, mêlant musique méditerranéenne / moyen-orientale et musique classique, le plus souvent dans une forme de pièces concertantes pour guitare et orchestre, et le tout nimbé d’une certaine légèreté ou insouciance. Ici Steve revient avec une musique plus proche des albums précédents, avec retour des voix et de l’électricité, et une densité musicale et même parfois une certaine noirceur.

La puissante, concise et inquiétante intro « The Obliterati » nous ramène tout droit aux meilleurs moments instrumentaux de Steve Hackett avec sa guitare inimitable. On enchaine sur une étonnante marche lente et pesante, « Natalia », qui donne à entendre orchestre symphonique et chœurs russes. Le petit clin d’œil à Tchaïkovski s’imposait (1’45, avec un des thèmes de Casse-Noisette). Beaucoup de grandeur dans cette piste. « Relaxation Music For Sharks » débute logiquement dans une ambiance aquatique d’abord lancinante avant un éveil brutal. Un de ces thèmes dramatique et bien enlevé dont Steve a le secret viennent fortement agiter les eaux, avant un retour aux sonorités mouvantes du début. « Wingbeats » avec son rythme et ses chœurs typiquement africains, me rappellent un certain Peter Gabriel dans des efforts déjà lointains. Pas inintéressant mais ça reste moins convaincant que Johnny Clegg.

Pour « The Devil’s Cathedral », le titre même imposait l’usage d’un orgue d’église qu’on entend ici sur le tutti, dans une sorte de réminiscence gothique d’une certaine Toccata de Bach. Un sax déchainé vient compléter le dispositif, avant de lancer la piste à proprement parler. C’est Nad Sylvan avec sa voix caractéristique qui prend la parole. Le passage central nous ramène à un de ces thèmes dramatiques que je mentionnais plus haut, tout à fait caractéristique du style Hackettien. Un ultime accord à l’orgue clôt l’affaire. « Held In The Shadows » alterne calmes passages acoustiques et sonorités lourdes qui finissent par prendre le dessus.

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Steve Hackett

« Shanghai To Samarkand » c’est le voyage sur les Routes de la Soie, de l’embouchure du Yang-Tsé-Kiang jusqu’à la cité millénaire d’Ouzbékistan. On ne présente plus Phil Ehart qui tient ici la batterie et qui apparaissait déjà sur « Please Don’t Touch » en compagnie d’un certain Steve Walsh … On démarre bien sûr dans une ambiance musicale très Empire Céleste. Puis une ambiance sonore assez étrange se met en place, ponctué de coups de timbales, avant la partie Asie Centrale et ses volutes orientales. Le passage guitare acoustique et percussions est assez saisissant, avant une toute fin orchestrale.

« Fox’s Tango » est un rock plus conventionnel, et « Day Of The Dead » n’est pas des plus original, malgré une entrée au violon solo dont la mélopée laissait entendre une suite plus aérienne. Une deuxième partie, instrumentale, redonne de la dynamique à l’ensemble. Somme toute, dans le genre macabre, je préfère la légèreté de Camille Saint-Saëns dans sa célèbre danse. « Scorched Earth » est clairement un hymne à la préservation de la nature avec une atmosphère sonore plus lumineuse, pour une ballade qui nous éloigne des moments plus sombres de l’album. La courte outro « Esperanza » nous ramène aux délicates sonorités d’un certain « Voyage » de 1975 …

Je vous invite à visiter la page de l’album et en particulier les explications vidéo que donne Steve sur les différents morceaux, qui vous en diront bien plus que ces quelques lignes. Voyage dans l’espace et dans le temps, c’est ce que propose « Surrender Of Silence », et de bien belle manière. Les transitions sonores assez brutales d’une piste à l’autre en dérouteront peut-être certains, ou au contraire raviront les autres. Quoi qu’il en soit, la virtuosité est toujours là, mais elle se fait oublier au profit des émotions sonores que procure la musique. Le silence n’est toujours pas de mise chez Steve Hackett et c’est tant mieux !

Formation du groupe

Steve Hackett : nylon, guitares acier & 12 cordes, oud, charango, sitar, harmonica, chant, coproducteur - Avec: - Roger King : claviers, programmation & arrangements orchestraux - Rob Townsend : saxophone, clarinette - Jonas Reingold : basse - Nad Sylvan : chant - Craig Blundell : batterie Et: - Phil Ehart : batterie - Nick D'Virgilio : batterie - Amanda Lehmann : chant - Durga : chant - Lorelei McBroom : chant - Christine Townsend : violon, alto - Malik Mansurov : tar - Sodirkhon Ubaidulloev : dutar

🌍 Visiter le site de Steve Hackett →

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