Under A Mediterranean Sky

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(4 sur 5) / InsideOut Music
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Rock Progressif

Pour son nouvel album studio solo (le 27eme d’après les catalogues), le maître de la guitare propose une véritable invitation au voyage au cœur de la Méditerranée, évocation de voyages et de lieux emblématiques, connus ou moins connus. Les titres des différentes pistes nous font ainsi visiter l’Andalousie, la Grèce, Pompéi, Malte … Les lieux chargés d’histoires et de légendes abondent ! Il n’est que de laisser courir son imagination.

La musique classique des débuts 1900, par exemple, ne manque pas de superbes évocations de la vie et des ambiances méditerranéenne et on se souviendra des luxuriantes Escales orchestrales de Jacques Ibert et du chef d’œuvre pianistique de Claude Debussy, L’Isle Joyeuse, inspiré de la peinture de Watteau, L’Embarquement pour Cythère. A son tour Steve Hackett dans « Under A Mediterranean Sky », donne volontiers à sa musique un style classicisant en s’appuyant notamment sur un orchestre symphonique qui ne manque pas d’ampleur (David King, ami de longue date, s’est chargé des orchestrations). Quant à Steve, il nous ramène aux fondamentaux de la guitare classique et démontre ici combien la guitare est un instrument polyphonique.

Vous l’aurez compris, ce n’est pas le Steve Hackett électrique dont le style caractéristique constitue une grande part de sa production et notamment les derniers albums, mais le Hackett acoustique, déjà à l’œuvre dans un certain « Horizons » il y a bien longtemps. Si la guitare acoustique est souvent associée à des ballades assez soft, je préfère parler ici de guitare classique, avec ce que cela suppose de jeu virtuose et d’effets polyphoniques. Autant être prévenus, ce nouvel album se rapproche nettement d’une suite symphonique classique pour guitare et orchestre ! Ce n’est pas la puissante évocation de la cité de « Mdina » qui ouvre le bal qui va me contredire, véritable mouvement de concerto pour guitare et orchestre. Les harmonies sont assez âpres et la musique souvent grandiose. La fin est toutefois relativement apaisée et les tonalités majeures apportent ce qu’il faut de lumière sur les murs de la ville.

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« Adriatic Blue » et « Joie de Vivre » (en français dans le texte !) à la guitare solo, encadrent un « Sirocco » symbolisant ce vent chaud venu du Sahara, d’abord calme et qui prend peu à peu de l’ampleur. La musique est volontiers arabisante. Un violon crépusculaire a capella dans « The Memory of Myth » lance un nouveau mouvement pour guitare et orchestre avec quelques mélismes à la grecque. « Scarlatti Sonata » est la transcription d’une pièce originale pour clavecin, une sonate donc. Je vous laisse le soin de trouver de quel Scarlatti il s’agit (père ou fils) et le numéro de ladite sonate ! On reste en Italie pour la « Casa del Fauno », construite il y bien longtemps au pied du Vésuve… et reconstruite depuis. C’est évidemment la flûte sur fond d’orchestre et de guitare qui symbolise ledit faune dansant, dont on peut toujours admirer la statue.

« The Dervish and the Djin », d’essence moyen-orientale, est l’occasion d’écouter quelques instruments à cordes et à vents peu communs sous nos contrées, ainsi que l’orchestre et une étrange mélopée au sax ! Morceau puissant pour un des sommets de l’album. Courte respiration acoustique pour « Loreto » avant d’aborder « Andalusian Heart ». Point de flamenco endiablé ici mais une évocation plus intimiste de l’Andalousie, un peu dans l’esprit du 1er mouvement des Nuits dans les jardins d’Espagne – En el Generalife de Manuel de Falla. Le dernier tableau, « The Call Of The Sea » est un ultime moment de virtuosité guitaristique avec de belles progressions harmoniques, qui se calme soudain et termine sur une tendre mélodie accompagnée par les cordes. Musique somme toute plus impressionniste qu’expressionniste, cet album est avant tout l’occasion d’écouter autre chose. Face à un tel pari musical les avis seront sûrement assez tranchés : d’aucuns dont je fais partie adhéreront, d’autres pourront trouver la musique trop cérébrale voire académique, ou que sais-je encore ? En tous cas qu’il soit électrique, acoustique, ou comme ici classique, Steve Hackett démontre une nouvelle fois sa totale maîtrise de l’instrument, ses talents de compositeur et un éclectisme musical rare, sinon unique. Il est tout simplement un grand musicien !

Formation du groupe

Steve Hackett : Guitares, sitar, harmonica, chant - Avec: - Roger King : Claviers et programmation, arrangements orchestraux, coproducteur, mixage et mastering - - Jo Hackett : Chant - - Christine Townsend : Violon (5) - - John Hackett : Flûte - - Rob Townsend : Flûte (7), saxophone (8) - - Malik Mansurov : Tar 6 - Arsen Petrosyan : Duduk

🌍 Visiter le site de Steve Hackett →

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IV

Par Stuckfish

4.5 sur 5

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