Aujourd’hui je vous propose un petit détour pour les berges de la Columbia River et à Portland plus précisément, pour la découverte d’un duo original, Jake Rose et Connor Reilly, tous deux membres du National Diet. A ce stade on serait tenté d’y voir un clin d’œil au National Health de mon enfance… A l’écoute, la musique de « The Noon Hour » ne semble pas avoir de lien avec le groupe bien connu des amateurs de Canterbury, mais elle n’en est pas moins complexe et originale. De l’aveu même des musiciens, leur musique est un savant mélange de rock expérimental, de prog, de math-rock, dans laquelle trouver une signature rythmique en 4/4 relève de la chasse au trésor ! A l’écoute on note en effet un certain avant-gardisme, mais que l’on se rassure (ou pas) rien d’abusivement expérimental, mais au contraire d’une excellente musicalité.
Première originalité : 6 morceaux et autant de bassistes ayant chacun composé sa partie. Trompette, sax et violon alto viennent à l’occasion compléter le dispositif sonore. Première piste, « The Map Is The Territory », dit exactement le contraire d’une maxime bien connue notamment des physiciens : The map is not the territory, écrite en 1933 par un ingénieur-philosophe, Alfred Korzybski, signifiant par-là que les modèles de la réalité ne doivent pas être confondus avec la réalité elle-même. Côté musique cela oscille entre des flashs heavy et des passages plus calmes dans une atmosphère étrange digne de Gentle Giant. Les sonorités de cuivre à la fin apportent une certaine grandeur à cette excellente première piste.
Guitare en folie et sax échevelé peuplent un « I Am Food » qui sonne très King Crimson ou VDGG. Vers 3’20 le style devient très jazz-rock, avant un retour à la fureur, qui finit par s’épuiser à la toute fin. « Plan » poursuit dans un style plus acoustique et plus mélodique, tandis qu’aux vocaux les glissements des 7èmes majeures vers les mineures sur les paroles Now I can be whole (1’41) donnent du piquant à la musique. Les sons souvent saturés donnent une étrange impression harmonique, légèrement dissonante.
La mini suite « Preserve The Past » s’inspire de Tolkien et nous gratifie au passage de quelques vocaux en elfique ! Morceau plus linéaire et moins contrasté que les précédents, on y retrouve également les sons saturés et un discours harmonique qui joue volontiers avec les ambiguïtés tonales et autres dissonances. La dernière partie de la suite, « Life Dance » tient plus de la danse tribale que de la valse de salon !
« The Queen » ramène à un psychédélisme des temps anciens, avec une nouvelle fois ces vocaux un peu nonchalants et flottants qui rappellent le Floyd. L’atmosphère psychédélique reste très présente dans le long final, « Addled Dreams Of Youth ». La musique évolue dans une sorte de sable mouvant sonore, avant un déchainement nettement agressif. Le dernier tiers procure un apaisement et il me semble que c’est ici qu’on entend le son du thérémine, véritable ancêtre des instruments électroniques.
The Noon Hour (*) est sans aucun doute un album très original, plutôt surprenant, parfois un peu fouillis et approximatif, mais qui sait bousculer l’auditeur avec de belles idées musicales. Comme je l’écris de temps à autre, voilà une excellente occasion d’écouter autre chose !
(*)
Formation du groupe
Jake Rose : Chant, guitare, Ensoniq ESQ-1, Behringer Model D ; mandoline sur 4 ; percussions, Pianica sur 5 ; Theremin sur 6 - Connor Reilly : Batterie et percussions - JD Davis (de Gorgon Stare) : Basse sur 1 - Oliver Campbell (de Mercury Tree) : Basse sur 2 - Damon Flick : Basse sur 3 - Ben Spees (de Mercury Tree, Ventifacts): Basse sur 4 - Justin Stimson (de Nasalrod): Basse sur 5 - Anthony Medici (de Liquid Light): Basse sur 6 - Geoffrey McManus: Trompette sur 1 - Estafina Tapia: Alto saxophone sur 1 - Nicole McCabe: Alto saxophone sur 2 - Tricia Bogdan: Violon sur 4
🌍 Visiter le site de National Diet →