Zarathustra

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(5 sur 5) / Ricordi
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Rock Progressif

En Avril 1973 paraissait l’album de Museo Rosenbach ’’Zarathustra’’.

Formé deux ans plus tôt, ce quintet comptait au départ un sixième membre, le saxophoniste (et pianiste) Leonardo Lagorio, venu rejoindre le groupe en même temps que le guitariste Enzo Merogno, du groupe Il Sistema (et futur membre de Celeste), mais qui se retira avant l’album. Dans un style combinant l’influence de quelques grands noms de la scène britannique (Gentle Giant, Van Der Graaf Generator, King Crimson, Procol Harum…) à une grande créativité mêlée d’une belle touche latine, Museo Rosenbach (du nom d’un éditeur de livres anciens) séduisit le label Ricordi qui hébergeait entre autres Banco Del Mutuo Soccorso. Ils publièrent ainsi ce premier et unique opus qui allait connaitre bien des tribulations avant de trouver la reconnaissance que l’on connait aujourd’hui.

Suite à ce qu’on appelle en langage courant une ‘bourde’ de la maison de disques qui avait inséré un buste de Mussolini dans la communication promotionnelle du disque, celui-ci fut censuré par les radios, étant considéré comme l’œuvre d’un groupe fasciste. En réalité, cet album conceptuel basé sur la théorie et/ou le mythe du surhomme développés par Nietzsche dans son célèbre ouvrage philosophique ‘’Ainsi Parlait Zarathoustra’’, exprimait, comme le précisa le bassiste Alberto Moreno, ‘’la lutte du prophète contre l’hypocrisie, le pouvoir, la guerre et la destruction de l’environnement’’. Mais suite à ce malentendu, l’album se heurta aux préjugés politiques et  »prit la poussière » jusqu’en 1982 au Japon où le label King Records le réédita en version cd., permettant ainsi à ‘’Zarathustra’’ de faire un retour européen, encensé cette fois par la critique comme étant une œuvre majeure du rock progressif italien. Cet album qualitativement très égal contenait quelques grands moments de bravoure, telles que la première et la quatrième partie de la pièce épique ‘’Zarathustra’’, et sur la seconde face, ‘’Della Natura’’ et le crépusculaire ‘’Dell’Eterno Ritorno’’.

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Sous sa célèbre pochette illustrée par la peintre Wanda Spinello, ‘’Zarathustra’’ pouvait étonner par le niveau de maturité d’un premier album à travers ce répertoire à la fois mélodique et complexe dans ses ruptures et changements, et porté par une instrumentation toujours très fluide. Les textes écrits par Mauro La Luce étaient magistralement véhiculés par le chant passionné et expressif de Stefano ‘Lupo’ Galifi. Dans son interview, Alberto Moreno présentait la suite-titre divisée en cinq sections qui couvrait la première face, comme ‘’la venue du prophète descendu de la montagne, après un temps de méditation, et sa rencontre avec des élus représentants les différents courants de pensée’’. Sur cette longue pièce de plus de 20 minutes, comme sur les trois plages de la seconde face, selon les nécessités du récit, la musique pouvait se faire mélancolique dans les couches omniprésentes de mellotron accompagnant une instrumentation acoustique (guitare, piano) sur des ambiances proches du ‘’Trespass’’ de Genesis. Elle pouvait au contraire se faire pesante, sombre et aux accents très crimsoniens quand les riffs de guitare d’Enzo Merogno se mêlaient à des notes de claviers, lourdes et abruptes. Par ailleurs, et de manière récurrente, l’orgue vintage et le piano électrique de Pit Corradi portés par le puissant duo rythmique Giancarlo Golzi/Alberto Moreno nous plongeaient dans l’univers d’Emerson Lake & Palmer (période ‘’Tarkus’’). Bref, cet album fait partie des incontournables du rock progressif italien.

D’une qualité de production ne le mettant pas suffisamment en valeur, ‘’Zarathustra’’ ne fut remastérisé qu’en 2003 au Japon par BMG. Par la suite, quatre titres de ce répertoire furent revisités en 2012 par ‘Museo Rosenbach dans ‘’Zarathustra Live In Studio’’.

Formation du groupe

Stefano "Lupo" Galifi : chant - Enzo Merogno : guitare, chant - Pit Corradi : Mellotron, orgue Hammond, vibraphone, piano électrique Farfisa - Alberto Moreno : basse, piano - Giancarlo Golzi : batterie, timbales, cloches, chant

🌍 Visiter le site de Museo Rosenbach →

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