Apres l’excellent Seasons End sur lequel Steve Hogarth, le petit nouveau a fait un travail exceptionnel, c’est à Holidays in Eden que revient la lourde tache d’apporter la confirmation que Marillion est toujours capable de proposer des albums de qualité.
Arrive donc Holidays In Eden et c’est la catastrophe ! Les fans fuient le navire, les musiciens sont taxés de vendus, Marillion est accusé de faire de la pop, une m’¨%#e commerciale ! J’en passe et des meilleurs.
Oui, cet album est le plus pop du groupe, mais il était INEVITABLE que Marillion compose un tel disque. Replacez celui-ci dans son contexte et vous comprendrez aisément pourquoi.
Apres le départ de Fish parti poursuivre une carrière solo, Marillion a recruté un nouveau chanteur et sorti un album composé de titres écrits alors que le bucheron écossais faisait toujours parti du groupe. Steve Hogarth qui venait d’arriver n’a eu qu’à poser sa voix (avec talent) sur une musique composée dans l’esprit de l’ancien Marillion.
Pour Holidays In Eden, le groupe se retrouve donc à un nouveau tournant de sa carrière. Il doit pour la première fois composer de nouveaux titres avec un chanteur fraichement débarqué qui n’a pas encore trouvé sa place en son sein.
Un chanteur avec un background différent et une voix à l’opposé de son prédécesseur. Lui qui arrive d’un groupe de pop doit enfiler les chaussures d’un géant dans un groupe de progressif aux sonorités ancrées dans le passé.
En totale cohérence avec les choix qui ont poussé Fish à prendre la porte, les musiciens qui ont décidé d’évoluer vers une musique plus actuelle, ou du moins, moins datée laissent alors la liberté totale au nouveau venu d’apporter ses propres influences dans la musique du combo.
Composé uniquement de titres inédits sur lesquels les apports de Steve Hogarth sont plus qu’ évidents, et produit (sous la pression de EMI) par Chris Neil (alors que le groupe désirait poursuivre sa collaboration avec Chris Kimsey) qui, un an avant produisait Where Does My Heart Beat Now de Celine Dion, Holidays In Eden ne pouvait qu’être ce qu’il est, à savoir un album d’ajustement où chacun apprend à se connaître, à travailler et composer ensemble.
Pourtant, dire que Holidays In Eden est un disque pop est plutôt extrémiste et totalement injustifié. En effet, si celui-ci contient la bluette « No One Can » et le sautillant « Cover My Eyes » tous deux clairement destinés aux radios, il n’en contient pas moins de véritables perles de pur prog Marillionesque tel que « Splintering Heart » qui, de sa longue intro qui fait monter une pression étouffante au claquement de porte final, concentre l’essence de ce qu’est Marillion. La basse ronde de Pete Trewavas, la frappe précise de Ian Mosley (qui assurent tous deux un travail titanesque), les claviers atmosphériques de Mark Kelly, la guitare de Steve Rothery qui délivre des interventions renversantes de justesse. Et que dire du chant bouleversant de Steve Hogarth si ce n’est qu’il emmène le morceau à un niveau émotionnel rarement égalé depuis.
Assurément un des plus beaux morceaux de la discographie du groupe toutes époques confondues.
De «The Party » et sa partie finale très Clutching At Straws, l’énergique « Holidays In Eden » aux sonorités proche de celles d’« Incommunicado », « Dry Land » (superbe relecture du titre du même nom de How We Live l’ancien groupe de Hogarth), « Waiting To Happen » loin d’être une balade sans âme, ou encore le triptyque final qui, du hard rock endiablé de « This Town » se mue en un rampant «The Rakes Progress » pour enchainer sur « 100 Nights » et son final explosif sont autant de titres qui s’ils sont certes assez éloignés du pur progressif de l’époque Fish (quoique !) possèdent l’ADN du groupe et n’ont pas à rougir dans la jeune discographie du quintet.
Malheureusement pour Marillion (et EMI qui en voulant une musique pour que le groupe se fasse plus accessible s’est tiré une balle dans le pied), l’album devient très injustement le premier du groupe à n’obtenir aucune récompense, il possède pourtant de grandes qualités qui se remarquent encore plus aujourd’hui, avec le recul (et la sagesse de l’âge).
Il confirme le fait que Steve Hogarth est un fabuleux chanteur, que la paire rythmique Trewavas/Mosley est une des plus talentueuse du rock (en général) et que les musiciens n’ont rien perdu de leur capacité à écrire de la belle musique.
Holidays In Eden est l’album le plus éloigné de ce qu’a fait le groupe jusque-là, mais qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, cela reste du Marillion à cent pour cent et possède toute l’énergie et le charme du groupe. Il est surtout le disque qui permet aux nouveaux acolytes d’atteindre un niveau de cohésion qui explosera sur l’album suivant, mais ça est une autre histoire.
Formation du groupe
Steve Hogarth : chant - Mark Kelly : claviers - Ian Mosley : batterie - Steve Rothery : guitare - Pete Trewavas : basse
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