Alors que j’étais à la recherche de nouveautés sur la toile, ne voilà-t-il pas que je vois apparaître dans une liste un nom : Leviathan. Comme je lis en diagonale, je n’imprime pas directement l’info et c’est en relisant la page que je finis par m’interroger. Voilà un nom qui me rappelle quelque chose … Bon, tout le monde sait qu’il y plus d’un âne qui s’appelle Martin, et par ailleurs l’appellation Leviathan est revendiquée par un nombre considérable de groupes de musique … Oui, mais il y a un titre d’album, Heartquake / Redux… Ca fait enfin tilt dans mon esprit, et voilà qui me ramène subitement quelques décennies en arrière, quand je découvrais le premier album de ce groupe italien, réédité chez nous par Musea : un disque somptueux d’inspiration anglaise (et chanté en anglais), mais à la sauce italienne avec ses superbes mélodies et d’excellents claviers. Bref, un de ces albums que j’écoute depuis régulièrement et que je connais à peu près par cœur.
Un petit retour en arrière s’impose. Le groupe a été formé en 1985 par trois très jeunes musiciens italiens : Alex Brunori (chant), Andrea Moneta (batterie), et Franco Pezzella (claviers). Plus tard ce dernier quitte le groupe et sera remplacé aux touches blanches et noires par Andrea Amici. Vous ajoutez Fabio Serra à la guitare et Andrea Castelli à la basse, et vous avez le line-up qui officie en ce début d’année 2024. Deux ans après Heartquake sorti en 1988, Be Yourself se place dans la même veine musicale et se révèle tout aussi excellent. En 1997, ce sera Volume, cette fois chanté en italien, pas mal mais moins convaincant musicalement que ses prédécesseurs. Dans la première moitié des années 2000, 2 longues suites musicales absolument remarquables et chantées en italien, verront le jour dans le cadre des projets collectifs finlandais Colossus (également publiés chez Musea). Et puis plus rien … D’où mon incrédulité en les retrouvant sans crier gare en 2024 !
Plutôt que de se lancer dans un nouvel album, Leviathan choisit donc de revisiter la musique de ses débuts, de la doter d’un gros dépoussiérage et d’une production moderne.
Ah quel bonheur que de réentendre « The Waterproof Grave », son thème mémorable, et Alex Brunori déclamant son Have you ever wonder why at night you have bad dreams ? Voilà du néo prog à la IQ, l’exubérance italienne en plus ! Après ce temps fort, place à un prog plus mélodique. « Hellishade of Heavenue » égrène avec douceur et nostalgie de superbes harmonies, comme cette transition vers 4’15, qui succède à la section chantée et à un solo de guitare très expressif. C’est d’ailleurs la guitare qui se charge de la ligne mélodique jusqu’à la fin.
« Only Visiting This Planet » alterne un ton badin et primesautier, et passages grandioses, le tout sur une musique inventive. Le morceau se termine dans une certaine cacophonie, le bruit d’une fusée qui décolle ? Difficile de résister au rythme volontaire et martelé d’« Up We Go! », musique conquérante et harmonies grandioses aux claviers font le travail. « Dream Of The Cocoon » est à nouveau doté d’une ligne mélodique dont les italiens ont le secret. Le refrain est tout bonnement mémorable. Je sens que je vais avoir ce funny feelings (si je ne me trompe pas sur ce que j’entends) dans la tête pour un bon moment. Un petit bijou assurément !
La piste-titre qui clôt l’album résume en un seul morceau l’art et les intentions musicales du groupe. IQ, Pendragon et le Marillion de Fish ne sont pas loin, mais c’est bien Leviathan qui imprime sa marque et son style dans ce final grandiose, et par extension dans ce premier album revisité.
Si le mythique monstre biblique représente le chaos et la destruction, sa version italienne décline un monde musical parfaitement construit, d’une richesse mélodique et harmonique d’une rare inventivité, alternant puissance et douceur avec une égale réussite. Quelle bonne idée pour les romains que de revenir en scène avec cette magnifique version d’un album sans doute peu connu et qui mérite amplement de prendre la lumière. Je n’ai aucun doute sur le fait qu’Heartquake / Redux(*) signe le retour de Leviathan par la grande porte, et que celle-ci ne se refermera pas de sitôt puisque un nouvel album studio est prévu et qui devrait s’intituler Testudo !
(*)https://leviathan-ams.bandcamp.com/album/heartquake-redux
Formation du groupe
Alex Brunori : chant, chœurs - Andrea Monetta : batterie et percussions - Andrea Amici : claviers - Andrea Castelli : basse - Fabio Serra ; guitares
🌍 Visiter le site de Leviathan →
Effectivement un très bon album rappelant des références (IQ, Pendragon, Marillion) qui me parlent et j’en ajouterai une qui me parait encore plus proche : Iluvatar avec notamment l’album de 1999 A story two days wide dont la musique et la voix du chanteur sont très proches de la prestation de Leviathan. Merci de m’avoir fait découvrir ce superbe album
Salut
Désolé mais l’article ne mentionne jamais le compositeur de toutes les chansons de Leviathan, SANDRO WLDERK, véritable force motrice et inspiratrice de l’identité musicale du groupe (qui ne fait désormais plus partie du projet). Je pense que ce serait un geste juste et respectueux de mentionner le nom d’un artiste qui, grâce à ses compositions, donne au « nouveau » Léviathan une nouvelle chance de s’impliquer à nouveau pour de nouveaux défis dans le monde du Prog.