Celui-là, je l’attendais avec impatience, d’autant plus que j’avais adoré le précédent et récent Paint The Sky, qui m’avait fait découvrir la musique de Vivien Lalu ! Une musique puissante et mélodique, enthousiasmante et superbement construite, et pour tout dire d’une rare élégance, me rappelant le Saga de ma jeunesse, entre-autres. Un style prog metal en rien agressif comme je l’aime. Si la décennie était peu ou prou la durée séparant les premiers albums de Lalu, The Fish Who Wanted To Be King, 4ème de la lignée, voit une nette accélération du temps, et c’est tant mieux. Découverte de l’album : line-up et style de la pochette très similaires à son prédécesseur, moins de morceaux et durée moindre. Côté musique : on reconnait les qualités précitées, mais le style global me semble nettement plus éclectique : il me semble même avoir entendu quelques sonorités jazzy. Voyons cela de plus près.
A vrai dire, les deux premières pistes restent dans le style du précédent album : prog musclé mélodique. Sans surprise, l’entame Forever Digital résonne puissamment : les vocaux déclamatoires de Damian Wilson, la rythmique alerte, un refrain héroïque. Comme toujours chez Lalu les breaks instrumentaux sont raffinés et font la part belle aux contrastes sonores et rythmiques. Non je ne suis pas obsédé par Saga, mais avouez que l’intro de la piste-titre nous y ramène ! Je ne sais pas à quoi fait référence l’énigmatique titre de ce long morceau qui, par extension est aussi celui de l’album, mais cela me fait penser que les poissons primitifs du dévonien sont les ancêtres des tétrapodes dont nous faisons partie. Alors oui, les poissons peuvent être des rois … ca prend juste un peu de temps. L’inventivité musicale est ici décuplée, et le foisonnement d’idées n’est pas sans rappeler Spock’s Beard ou The Flower Kings.
L’évocation de la célèbre molécule en double-hélice trouve en « Deoxyribonucleic Acid » un pop/rock élégant. « Is That A London Number? » est un rock plus costaud et linéaire avec cet obsédant motif de quelques notes de claviers rappelant quelque sonnerie de téléphone sur un mode un peu irritant, comme le sont nombre de sonneries !
Retour à la grande fresque progressive avec « Amnesia 1916 », un morceau tout en contrastes sonores, tantôt sombre, tantôt planant, parfois bondissant, parsemée de riffs plus lourds mais aussi de guitares floydiennes.
Place au groovy et instrumental « A Reversal Of Fortune »,et cette fois c’est Bob James qui semble tenir les claviers pour un morceau qui me rappelle la grande époque des Fourplay.
« The Wondering King » clôt l’album de manière vigoureuse et dans une certaine urgence, comme en témoigne une rythmique rapide et nerveuse, et un chant tout aussi énergique. Mais comme toujours chez Lalu, des respirations plus mélodiques viennent dérouter l’auditeur.
Inutile de dire que The Fish Who Wanted To Be King (*) bénéficie d’une production exemplaire : le jeu complexe des musiciens est toujours parfaitement lisible. Ca n’est pas là l’album d’un claviériste qui se fait accompagner, chaque musicien contribue pleinement aux différentes morceaux et le résultat est d’une fluidité parfaite. Savoir s’entourer est à mon sens la plus grande qualité dont puisse faire montre un leader. Cet album le confirme admirablement ! A la réécoute des premiers albums de Vivien Lalu, l’évolution du claviériste-compositeur est plus que palpable : si la puissance et l’énergie sont toujours des composantes de sa musique, ce quatrième album continue de s’éloigner du Prog Metal des origines, et aborde avec bonheur de nouveaux territoires. Le résultat est assez impressionnant !
Formation du groupe
Damian Wilson : chant - Joop Wolters : guitares, basse - Vivien Lalu : claviers - Jelly Cardarelli : batterie - Matt Daniel : claviers, orgue Hammond, piano