Circles In Time

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(5 sur 5) / Plane Groovy
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Rock Progressif

And Then There Were Three … Eh oui, c’est le 3eme album studio de John Holden ! « Circles In Times » débarque un tout petit plus d’une année après un « Rise And Fall » que j’avais particulièrement apprécié (et je n’étais pas le seul). John Holden, en bon auteur-compositeur-interprète fait tout lui-même … à part ce qu’il confie à un panel de musiciens aux CVs impressionnants (cf. liste en bas de page).

Avec John, chaque morceau de musique est une histoire, un lieu, un personnage, une anecdote passée ou une vision futuriste … bref, au bout du compte l’anti album-concept ! Et c’est bien le cas avec le superbe (autant le dire d’entrée) « Circles Of Time » où les idées foisonnent en autant de styles musicaux, mais avec un ensemble toujours équilibré et cohérent.

« Avalanche » est une pièce quasi hard-rock à la sauce moderne que ne renierait ni Deep Purple ou Led Zep. Ecoutez plutôt la guitare musclée d’Eric Potapenko (à moins que ça ne soit celle de John lui-même ?) et le style vocal de Jean Pageau. Le tout reste éminemment mélodique et harmonieux, ce que soulignent quelques passages plus calmes. Une belle avalanche de sons en tout cas, surprenant ! Ah oui, à noter le court J’accuse chanté par les chœurs, quelques secondes avant 2’.

Non moins surprenant, « High Line » est un smooth jazz vocal et instrumental de haute qualité, dans un style et sonorités qui rappellent Steely Dan, et qui pourrait figurer au répertoire de Patti Austin ou du regretté Al Jarreau. Mais laissons les américains de l’autre côté de l’Atlantique : c’est bien Pete Jones qui porte très haut le morceau à la voix et au sax. Après cette magnifique évocation de la fameuse High Line de New York, souvenir d’un voyage de John Holden avec son épouse (et j’imagine inspiratrice) Elisabeth, on se demande bien ce que va nous donner à entendre la 3eme piste…

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« The Secret Of Chapel Field », nouveau virage à 90°, cette fois-ci c’est plutôt la ballade irlandaise merveilleusement incarnée par une Sally Minnear (un patronyme qui ne devrait pas être inconnu des « progueux » de la première heure !) dans son duo vocal avec Marc Atkinson. Le piano de Vikram Shankar et le violon de Frank van Essen complètent admirablement ce moment de temps suspendu …

« Dreams Of Cadiz », le titre est autoportant comme on dit. Une petite intro au piano où on ne dévoile pas encore son jeu : thème ample et lent accompagné d’arpèges et de trilles … et puis la guitare espagnole lance son rythme ternaire (Oliver Day). Toute la délicatesse et la lumière de l’Andalousie en quelques notes. De plus en plus surprenant !

Une nouvelle ballade que je qualifie encore d’irlandaise (peut-être improprement mais peu importe) et à nouveau la voix magique et reconnaissable entre toutes de Sally Minnear. « Circles » nous porte vers les hauteurs.

Pour terminer John nous emmène à l’autre extrémité de la Méditerranée et quelques millénaires en arrière, à l’époque du Nouvel Empire. « KV62 » – les férus d’égyptologie, et ils sont sans doute nombreux parmi les lecteurs de ProgCritique, connaissent la signification de cette dénomination fabuleuse : Toutankhamon, la Vallée des Rois, la découverte d’Howard Carter un jour de novembre 1922 … Nous avons là la pièce la plus ambitieuse jamais écrite par John Holden qui en 20 minutes nous propulse de la fermeture de la tombe du pharaon jusqu’à la disparition de Carter en mars 1939. La fresque est divisée en 7 parties et on démarre par un chant Thébain profond et inquiétant, puis une évocation des Barques Solaires. A noter dans ces parties introductives, la narration exécutée par Jeremy Irons. Et puis c’est le grand saut jusqu’au château de Highclere, demeure de Lord Carnarvon, donneur d’ordre d’Howard Carter. Cette 3eme partie (« One Last Season ») démarre par un court intermède en mode jazz New-Orleans et c’est That Joe Payne et aussi Pete Jones sauf erreur qui chantent sur un très bel accompagnement au piano. Peu à peu la musique s’intensifie pour évoquer la recherche, la découverte, puis l’ouverture de la tombe – un certain lyrisme, mais rien d’exagérément grandiloquent. « Blessing And Curses » évoque entre autres la mort de Carnarvon – serait-elle liée à la soit disant malédiction entourant la tombe ? Un joyeux passage traite de la Tout-mania générée par cette découverte. La partie finale, « Imperishable Stars » évoquant la fin solitaire de Carter, reprend le thème musical de la 3eme partie pour terminer sur cette belle et calme mélodie. Une grande pièce symphonique que John traite avec une certaine retenue et surtout une grande sensibilité.

Avec « Circles » John Holden confirme son immense talent de compositeur / conteur d’histoires musicales et d’orchestrateur qu’il avait déjà mis en application dans ses 2 premiers albums. Tout en gardant son style, John rajoute quelques ingrédients qui viennent superbement épicer son discours – je parle bien sûr de ces incursions gagnantes vers le hard rock ou le jazz, le flamenco et le folk. Le livret parfaitement réalisé accompagnant le CD vous donnera beaucoup d’infos supplémentaires sur les différents morceaux de musique et les contributions des musiciens que je n’ai pas pu tous citer.

Tel un vitrail, « Circles in Time » assemble les pièces de différentes formes et couleurs pour nous offrir une fresque lumineuse et tout en délicatesse et au bout du compte un grand voyage musical. A MUST HEAR !

Formation du groupe

John Holden : Guitares, basse, claviers, orchestration - Avec : Robin Armstrong (Cosmograf) : Basse (5) - Marc Atkinson : (Riversea, Lee Abraham, Nine Stones Close, Moon Halo) - Chant (3) - Zaid Crowe : Guitare (6) - Oliver Day (Fragile) : Guitares acoustiques, mandoline (3, 4) - Nick D'Virgilio (Spock's Beard, Kevin Gilbert, Big Big Train) : Batterie, Handpan (1, 2, 6) - Frank Van Essen (Iona) : Violon, Alto (2, 3) - Peter Jones (Tiger Moth Tales, Red Bazar, Camel) : Chant, Saxophone (2, 6) - Sally Minnear - Chant (3, 5) - Jean Pageau (Mystère) : Chant (1) - Eric Potapenko : Guitare (1, 2) - That Joe Payne (The Enid) : Chant (6) - Henry Rogers (Final Conflict, Touchstone, Edison's Children) : Batterie (4, 5) - Vikram Shankar (Redemption) : Piano et claviers - Jeremy Irons : Narration (6) - Elizabeth Holden : Chœurs & 'The Water Boy'

🌍 Visiter le site de John Holden →

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5 sur 5

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