IZZ, voilà un nom étrange pour un groupe de musique sans doute méconnu en France. Toujours est-il que ce combo établi aux States, New York pour être précis, n’est pas le fait de nouveaux venus puisque créé par les frères Galgano dans la seconde moitié des nineties. Il est intéressant de noter que les musiciens à l’œuvre en 2024 sont déjà présents sur les albums du début, belle preuve de solidité et d’amitié qui nous vaut aujourd’hui le 10ème album studio, Collapse The Wave. Un petit mot supplémentaire pour vous apprendre que le court et énigmatique patronyme du groupe est le surnom d’un joueur de baseball des New York Mets, ça ne s’invente pas. Outre John et Tom Colgano déjà cités, retenons la présence d’une voix féminine, Laura Meade, ce qui nous vaudra à coup sûr quelques beaux duos vocaux. Paul Bremner s’occupe des différentes guitares, et il faut noter que deux batteurs / percussionnistes sont à l’œuvre, Brian Coralian et Greg DiMiceli, ce qui n’est pas si courant.
Comment j’ai découvert puis apprécié IZZ dans les années 2000 ? Je ne m’en souviens absolument pas … Sans doute pas à cause des pochettes d’albums qui ne sont pas ce que le groupe à fait de mieux (no offense), mais bien grâce à leur excellente musique, influencée par des YES, ELP, ou autres Radiohead, pour en citer trois, et par des styles musicaux alliant rock, hard rock, jazz, funk, folk – une musique éclectique peaufinée au fil des années. Je suis tenté ici de faire un parallèle entre IZZ et Glass Hammer, tous deux issus des années 90 et portés par une même ambition de proposer une musique complexe mais accessible, fluide et élégante, optimiste et décomplexée, agrégeant toutes sortes d’influences musicales.
L’album commence très fort avec « We Are The 3rd » qui lorgne très nettement du côté de YES en saupoudrant la musique de passages très évocateurs et notamment certains vocaux et tournures musicales. Mais il y a aussi des différenciateurs, dont le duo vocal mixant voix masculine et féminine. Voilà une entame pour le moins enthousiasmante ! Un court interlude piano et voix, « So Many Voices », vient une nouvelle fois charmer nos oreilles d’une élégante musique. Quant à « Brace For Impact », le morceau s’affirme dans un hard rock mélodieux mais un peu linéaire.
Place à une belle ballade rock / folk qui met en valeur Laura Meade, qui à défaut d’être la femme la plus dangereuse d’Amérique (*), est à coup sûr une merveilleuse chanteuse ! Retour au rock progressif sur la piste-titre qui débute sur un bondissant rythme ternaire et une ambiance jazz-rock. Si j’en comprends bien les paroles, ce titre peut faire référence au fameux et contre-intuitif effondrement de la fonction d’onde (de Schrödinger, aussi connu pour son chat), qu’on dénomme d’ailleurs plutôt réduction du paquet d’onde. Spin, effet tunnel, quanta, téléportation figurent d’ailleurs explicitement dans le texte. Il s’agit bien sûr d’une métaphore et un prétexte à un poème et une superbe succession d’ondes sonores … de la belle musique, en clair !
Nouvelle dentelle acoustique, « Sometimes Sublime » redonne la parole à la chanteuse, tandis que « There’s Hope! », plus nerveux, est un pop rock qui mélange astucieusement YES et Manhattan Transfer. Une courte impro pilotée par la batterie, « Brethren », met sur orbite l’excellent et nerveux « Not About Me » avec sa belle intro au piano. On reste dans les tempi rapide avec « Soak Up The Sunlight » d’inspiration très jazz-rock, enthousiaste à souhait, et qui démontre une fois de plus les grandes qualités instrumentales et vocales du combo.
L’affaire se clôt sur un tempo alerte et volontaire par « And We Will Go ». D’après les paroles il s’agit d’aller vite ! Le jeu alerte et syncopé de la rythmique, la 6 cordes en mode guitar hero, et les vocaux hyper entrainants en font un hymne à la célérité et au refus de s’arrêter. Le choix vous est même donné de courir en short / t-shirt ou costume / chemise. Faites aux mieux et avancez !
Le message est clair, inutile donc de procrastiner et découvrez ce Collapse The Wave (**) extrêmement stimulant, mais surtout parfaitement écrit et interprété par un groupe de musiciens / musiciennes de haut niveau. De l’excellent rock progressif symphonique à l’américaine, tout simplement.
(*) En référence à son 2ème album solo, https://izzmusic.bandcamp.com/album/the-most-dangerous-woman-in-america
(**) https://izzmusic.bandcamp.com/album/collapse-the-wave
Formation du groupe
Paul Bremner : Guitares électriques et acoustiques - Brian Coralian : Batterie et percussions électroniques et acoustiques - Greg DiMiceli : Batterie acoustique et percussions - John Galgano : Guitare basse, Guitare électrique et acoustique, chant - Tom Galgano : Claviers, chant - Laura Meade : Chant