Acquiring The Taste

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(5 sur 5) / Vertigo
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Rock Progressif

Le 16 Juillet 1971 paraissait l’album ‘’Acquiring The Taste’’ chez Vertigo.

Originaires d’Ecosse, et d’un père trompettiste de jazz, Derek, Phil et Ray Shulman, dans la seconde moitié des années 60, avaient préalablement été membres de Simon Dupree And the Big Sound, un groupe de Soul/RnB mêlé de psyché et de pop qui publia un album en 1967 (‘’Without Reservations’’) et se firent connaitre avec le single ‘’Kites’’ signé chez Parlophone/EMI et classé la même année dans le top 10 des charts anglais. Puis cette fratrie de trois poly instrumentistes virtuoses et chanteurs, fonda en 1969, avec le guitariste Gary Green (venu du blues), le claviériste Kerry Minnear puis le batteur Martin Smith, le groupe Gentle Giant, au nom inspiré du personnage d’un conte de la Renaissance. En novembre 1970, un premier album éponyme très réussi dévoilait au public, de tout nouveaux paysages sonores mêlant rock, blues, folk, jazz et musique médiévale, baroque et classique. Toujours produit par Tony Visconti (producteur de David Bowie) chez Vertigo, le second album allait pousser plus loin cette quête exploratoire à travers un répertoire encore plus expérimental et complexe que le premier. Aux antipodes de toute finalité commerciale, et comme cela était clairement écrit sur la pochette intérieure du disque, le groupe cherchait à ‘’repousser les frontières de la musique contemporaine populaire, au risque de se rendre très impopulaire’’.

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‘’Acquiring The Taste’’ fut enregistré aux studios Adivision & Air de Londres au cours du premier quadrimestre 1971. Evoquant l’un des deux illustres héros rabelaisiens, ‘’Pantagruel’s Nativity’’, l’un des plus beaux morceaux du doux géant, ouvrait l’album dans la luxuriance d’une bonne douzaine d’instruments utilisés ici, Minimoog, orgue Hammond, mellotron, guitares 6 & 12 cordes ainsi que les saxophones & trompette de Phil Shulman, autour d’une radieuse interaction entre les claviers et la batterie. Encadrant le chant de Kerry Minnear et quelques chœurs lui faisant écho, le violoncelle, la clarinette, le xylophone et le clavecin ponctués par un gong, donnaient une délicieuse couleur sombre et énigmatique à ‘’Edge Of Twilight’’. Une autre douce noirceur se dégageait de ‘’The House The Street, The Room’’ sur un lent tempo entrainé peu à peu dans une obsédante mélopée à l’orgue Hammond de Kerry Minnear et à la guitare électrique de Gary Green qui livrait un long et incandescent solo autour d’une récurrente ritournelle de cordes et cuivres. C’était au troisième morceau, un court intrumental de moins de deux minutes, que l’album avait donné son nom, preuve supplémentaire du décalage complet de ce groupe dans le paysage musical. Les deux titres suivants, ‘’Wreck’’ et ses accents médiévaux et ‘’The Moon Is Down’’ aux sublimes textures de claviers et cuivres, mettaient en exergue les qualités polyphoniques exceptionnelles du groupe, à travers toutes leurs nuances de chant (harmonies vocales, chorale, superposition de voix). Les violons (acoustique et électrique) de Ray Shulman étaient particulièrement mis en valeur sur ‘’Black Cat’’ et ‘’Plain Truth’’ sur lequel Ray montrait également ses qualités de bassiste à travers un solo lumineux. A noter que ce dernier morceau fut pour ainsi dire, le seul du disque à être repris par la suite dans les concerts.

Après cet album, le batteur originel Martin Smith quittait le groupe et cédait la place sur ‘’Three Friends’’, à Malcolm Mortimore, lui-même remplacé ensuite par John Weathers qui cette fois, d’’Octopus’’ à ‘’Civilian’’, allait accompagner l’aventure jusqu’au bout.

Comme le premier album éponyme et le suivant ‘’Three Friends, ‘’Acquiring The Taste’’ ne fait pas partie des cinq albums intégralement remixés par Steven Wilson qui toutefois a pu le faire pour une partie significative des titres des trois premiers albums sur ‘’Three Piece Suite’’ paru chez Alucard en 2017 dans un indispensable coffret CD + 2 Blu Ray. On y retrouvait néanmoins l’intégralité du répertoire (version instrumentale) sur l’un des Blu-ray, ainsi que deux titres de ce second album remixés par Steven Wilson sur l’autre (‘’Pantagruel’s Nativity’’ et ‘’The House, The Street, The Room’’). Par ailleurs, les deux premiers albums furent également remasterisés et groupés dans un coffret double CD édité par BGO Records en 2012 (comme ‘’Three Friends’’ & ‘’Octopus’’ l’année suivante).

Formation du groupe

Ray Shulman (basse, violons acoustique & électrique, viole, guitares espagnole & 12 cordes, orgue, pédales de basse, tambourin, chœurs) - Phil Shulman (saxophones alto & ténor, clarinette, trompette, piano, claves, maracas, chant, chœurs) - Derek Shulman (saxophone alto, Clavicorde, sonaille, timpani, maracas, tambourin, chant, chœurs) - Gary Green (guitares 6 & 12 cordes, électriques, wah-wah 12 cordes, mandoline, basse, chant) - Kerry Minnear (pianos électrique & acoustique, orgue Hammond, mellotron, vibraphone, xylophone, Minimoog, Celesta, clavecin, clavicorde, tambourin, violoncelle, chant, chœurs, arrangements du quartet à cordes) - Martin Smith (batterie, tambourin, gong, caisse claire) - avec les participations de Paul Cosh, Tony Visconti et Chris Thomas.

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