One Of A Kind

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(5 sur 5) / Polydor
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Jazz-Rock Rock Progressif

Le 10 Juin 1979 paraissait chez Polydor l’album ‘’One Of A Kind’’ par Bill Bruford.

Enregistré aux studios Trident de Soho à Londres au début du premier trimestre 1979, ce second album solo portait bien son nom dans un schéma musical original, à la fois exigeant, sophistiqué et ouvert à la créativité de quatre musiciens émérites, s’affranchissant d’un rock progressif qui avait vu grandir le batteur depuis 1968, année de formation de Yes, au profit d’un jazz-rock anglais aux réminiscences canterburiennes.

Dans l’idée, il s’agissait véritablement ici pour lui d’une continuité de l’album éponyme de UK. Reprenant le même line-up que pour son premier opus ‘’Feels Good To Me’’ (1978) à l’exception de la chanteuse Annette Peacock (cet album étant intégralement instrumental) le batteur & compositeur requalifia sous la simple désignation de ‘’Bruford’’ ce qui s’apparentait désormais à un véritable groupe. Chaque musicien avait pris part à l’écriture de ce répertoire dont cinq des neuf pistes étaient néanmoins signées par Bill Bruford. Une grande complicité s’était installée notamment entre lui et Dave Stewart, ancien membre de Egg, Hatfield And The North puis de National HealthBill Bruford avait fait un passage), le claviériste étant également à l’origine de l’entrée du brillant bassiste Jeff Berlin au sein de ce quartet. Enfin, musicien de session sur le premier album, Allan Holdsworth, véritable alter égo du batteur en termes de technique et de virtuosité, devenait ici membre à part entière. De sa technique exceptionnelle au phrasé legato à la fois véloce et fluide, le guitariste émaillait l’ensemble des morceaux de superbes chorus, à commencer par ‘’Hell’s Bells’’ sur le groove d’une rythmique changeante. Cette première plage avait été conjointement signée par Dave Stewart et Alan Gowen, autre figure de la scène de Canterbury (Gilgamesh, National Health, Soft Head/Soft Heap), et qui disparut prématurément en 1981 à l’âge de 33 ans.

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Dave Stewart, Bill Bruford, Allan Holdsworth and Jeff Berlin

Le morceau titre couvrait les deux plages suivantes, le première étant plus mélodique et exposant le thème, la seconde plus ouverte aux improvisations. Ici, comme sur l’ensemble de l’album, Bill Bruford enchainait de savantes variations de rythmes parfois alambiqués et de tempos ponctués de séquences calmes. Sur le quatrième morceau (‘’Travels With Myself And Someone Else’’), tout en exposant le thème au piano, Dave Stewart présentait une somptueuse et céleste palette de sons issus de son arsenal de claviers et synthétiseurs. Sur ‘’Fainting In Coils’’, il brassait avec Allan Holdsworth d’élégantes textures sonores, notamment à l’orgue et au piano, tout en nappant un solo aérien du guitariste. Les deux titres suivants mettaient en exergue le bassiste Jeff Berlin, en particulier sur ‘’Five G’’ à travers un inhabituel exercice de slap, puis se faisant mélodique et sensuel à la basse fretless pour ‘’The Abington Chasp’’. Une fois encore sur ces morceaux, et en particulier ‘’Five’’, Allan Holdsworth nous gratifiait de solos impériaux. Comme sur les deux parties de ‘’The Sahara Of Snow’’ qui refermait l’album, ‘’Forever Until Sunday’’ était un inédit composé pour UK, ce qui expliquait ici la présence (non créditée) du violoniste Eddie Jobson (jeune prodige en herbe) qui rejoignait le temps de ce morceau, ses deux anciens partenaires de cette mythique formation (dans son premier line up).

Sur l’hypnotique première partie de ‘’ The Sahara Of Snow’’, synthés vaporeux, piano, xylophone, basse et guitare s’imbriquaient dans un léger crescendo, tandis que dans la seconde, un lent groove martelé par la rythmique guidait la six cordes électrique vers un dernier chorus magique. Bien qu’ayant trouvé ici un plus large espace de liberté après sa frustrante expérience avec UK (encadrement de ses solos, enregistrements effectués isolément…), Allan Holdsworth avait définitivement entériné son projet solo, désireux de développer ses idées et son jeu sans freins ni contraintes, et dans un mode d’enregistrement ‘live en studio’. Le guitariste quitta donc le groupe Bruford après cet album, remplacé par John Clark (l’un de ses élèves) sur le suivant, ’’Gradually Going Tornado‘’ (Février 1980), un troisième opus marqué également par un retour du chant qui allait être assuré par le bassiste Jeff Berlin.

‘’One Of A Kind’’ généralement considéré comme la plus belle réussite en solo de Bill Bruford dans sa période précédent ‘’Earthworks’’, fut remasterisé en 2019 (Winterfold/UK) dans une réédition CD + DVD, avec sur le CD, une version remixée du répertoire, et sur le DVD, les versions 1979 et 2017 surround mixées en 2017, toutefois en l’absence de la plage bonus (‘’Manacles’’, live aux Etats Unis) de la réédition anglaise de 2005.

Formation du groupe

Bill Bruford : batterie, percussions _ Dave Stewart : claviers, synthétiseurs _ Allan Holdsworth : guitare électrique_ Jeff Berlin : basse électrique

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Par Jean Luc Ponty

5 sur 5

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