Titres
- The Barbarian (4:33
- Take a Pebble (12:34)
- Knife-Edge (5:08)
- The Three Fates (7:45) - a. Clotho (Royal Festival Hall organ) - b. Lachesis (piano solo) - c. Atropos (piano trio)
- Tank (6:52)
- Lucky Man (4:36)
Le 20 Novembre 1970 paraissait chez Island le premier album d’Emerson Lake & Palmer (éponyme).
Au cours de la période 1967-1971, le trio The Nice emmené par le pianiste claviériste virtuose Keith Emerson, dans un répertoire mêlant rock, blues, classique et jazz, avait publié quatre albums studios dont ‘’Ars Longa Vita Brevis’’ en 1968 et sa longue suite symphonique de 18 minutes (album paru presque en même temps et dans l’ombre d’une œuvre majeure de cette période : ‘’Shine On Brightly’’ par Procol Harum). Ils auront également laissé de mémorables moments en public avec la suite inédite ‘’Five Bridges’’ jouée autour d’un orchestre symphonique à Newcastle en octobre 1969 et surtout cette mémorable revisite d’’America’’ de Leonard Bernstein au Royal Albert Hall (Août 1968) indissociable des évènements extravagants qui s’y rattachèrent. Puis, sentant son trio à bout de souffle, Keith Emerson procéda à sa dissolution.
En cette même période, le 12 Décembre 1969, alors que The Nice et King Crimson se produisaient successivement au Fillmore West de San Francisco, il fit une rencontre déterminante avec le bassiste & chanteur Greg Lake. Après un projet sans suite avec Mitch Mitchell (batteur de Jimi Hendrix), ils s’associèrent à Carl Palmer (The Crazy World Of Arthur Brown, Atomic Rooster), recommandé à Keith Emerson par Tony Stratton-Smith qui, avant de fonder le label Charisma, était le manager de The Nice. Le trio à peine formé se produisait déjà au Festival de l’île de Wight le 29 Août 1970, délivrant à un public ébahi, la première ébauche d’une suite adaptant les ’’Tableaux D’une Exposition’’ de Moussorgski (publiée dans sa version définitive dans un album Live le 26 Mars 1971) Produit par Greg Lake, ce premier album éponyme d’Emerson Lake & Palmer fut enregistré au studio Adivision de Londres au cours de l’été 1970.
Ces six compositions étaient le produit d’une providentielle association entre la sensibilité de Greg Lake dans une pop accrocheuse et la virtuosité flamboyante d’un Keith Emerson trouvant son inspiration dans un vaste spectre allant de la musique baroque au néoclassique en passant par le jazz. Le premier morceau ‘’The Barbarian’’ proposait la relecture instrumentale d’une pièce pour piano de Béla Bàrtok (‘’Allegro Barbaro’’) arrangée par le trio, portée par la savante rythmique de Carl Palmer, et mêlant de sombres sonorités crimsonniennes de basse & guitare électrique aux notes incandescentes d’Orgue Hammond avant que le piano ne prenne le relais dans une attaque n’étant pas sans rappeler le ‘’Blue Rondo A La Turk’’ de Dave Brubeck. Puis, introduisant le chant intense et chaleureux de Greg Lake qui avait signé ce second morceau, ‘’Take A Pebble’’ était une pièce acoustique et lumineuse ouvrant grand l’espace à une instrumentation qui au fil de ses douze minutes, faisait la part belle à de somptueuses et cristallines partitions de piano, marquant quelques parenthèses de six-cordes acoustique notamment sur une courte séquence teintée de bluegrass. L’ombre des références classiques planait sur l’ensemble de ce répertoire, à l’instar de ‘’Knife-Edge’’ retrouvant les textures lourdes et épaisses du premier morceau dans une relecture de la Sinfonietta de Janacek, avec un emprunt, dans la partie centrale, à la suite française n°1 en ré mineur de Bach.
Les trois sections de la suite ‘’The Three Fates’’ faisant référence aux trois divinités d’une légende grecque (les Moires), mettaient en exergue le talent protéiforme de Keith Emerson ; après deux minutes d’un imposant préambule aux grande orgues du Royal Festival Hall (‘’Clotho’’), il livrait un solo inspiré et fluide au Grand piano Yamaha (‘’Lachesis’’) avant retrouver ses deux complices dans le format d’un trio classico-jazz (‘’Atropos’’) agrémenté par Carl Palmer de Maracas et autres percussions. Entre jazz-rock et pièce cinématique, jouant en léger contrepoint de la rythmique de Carl Palmer qui prenait d’ailleurs un solo dans la partie médiane, Keith Emerson passait du piano électrique au clavinet, avant d’embarquer la séquence finale au célèbre et imposant synthétiseur Moog modulaire qui occupait quasiment un pan mural entier. Le répertoire se refermait sur ‘’Lucky Man’’, l’un des titres les plus populaires d’Emerson Lake & Palmer, une mélodie accrocheuse aux accents folks emmenée à la guitare acoustique par Greg Lake qui l’avait composée à l’âge de 12 ans (!), une chanson que pour l’anecdote, son ancien groupe King Crimson avait refusé d’intégrer dans leur premier album.
Moins complexe et plus accessible que les albums ‘’Tarkus’’ paru l’année suivante et ‘’Brain Salad Surgery’’, ce premier album s’avère une porte d’entrée idéale à Emerson, Lake & Palmer, au même titre d’ailleurs, que ‘’Trilogy’’, sachant qu’en dépit de cela, il présentait déjà l’ensemble des caractéristiques qui allaient identifier cette signature musicale si particulière au power trio.
‘’Emerson, Lake And Palmer’’ fut réédité en 2012 pour l’Europe (Sony/Legacy/Manticore) dans une version double CD + DVD comprenant sur les CD, 13 pistes bonus (dont remix en New Stereo) et sur DVD, les versions Stereo et le remixage par Steven Wilson en 5.1.
Formation du groupe
Greg Lake : chant, basse, guitares électriques et acoustiques, producteur - Keith Emerson : orgue Hammond, piano, clavinet, orgue à tuyaux du Royal Festival Hall (4), Moog modulaire - Carl Palmer : batterie, percussions
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