Homage 20th Anniversary Redux

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(4.7 sur 5) / Autoproduction
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Rock Progressif

20 ans après la sortie de son premier album, Mark Jeffrey Dye alias Elysian Fields revisite son Opus 1, profitant de l’évolution des technologiques musicales des dernières décennies, et bien sûr de sa propre expérience à la tête d’une discographie d’une grande richesse. Le dernier album en date Femmes, Family And Mars était déjà une sorte d’hommage à des personnes chères au multi-instrumentiste, et ce nouvel album va nous plonger directement dans l’ambiance musicale du passé au travers d’une étonnante collection de morceaux à la manière des grands noms du rock progressif.

L’histoire remonte au temps ou Mark Dye et Andrew Winton élaboraient ensemble quelques morceaux dont l’un sonnait comme un Focus. De cette révélation naquit alors le concept d’un album recréant l’univers sonore de pas moins de 10 groupes emblématiques, publié en 2005 et sobrement intitulé Homage. Et nous voici au bout de cette période vicennale avec entre les mains Homage 20th Anniversary Redux, que je vous propose de découvrir.

Du groupe de Thijs Van Leer, c’est sans doute sa réunification en 2002 et la sortie du Focus 8 qui servent de contexte à « Blur 6 ». Il s’agit d’un court instrumental permettant d’entendre l’orgue Hammond dans une première partie nerveuse à souhait, et une belle et calme mélodie dans sa deuxième partie, avant le déchainement final. Pour « So It Goes », vous trouverez sans peine le modèle et reconnaitrez évidemment les sonorités du piano électrique inimitables de Roger Hodgson ou de Rick Davies (dont un Wurlitzer si je ne m’abuse) et ses fameux accords staccato. « The Journey’s End » s’appuie sur les morceaux courts et hard rock qui peuplent la discographie de Kansas. Il n’y manque que le violon.

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Pour « The Last Chapter », la référence est peut-être moins évidente, encore que nombre de passages et de traits musicaux sont de vrais clins d’œil à Genesis. Voilà un excellent morceau de prog symphonique mêlant sonorités anciennes dont le Mellotron (Foxtrot), et d’autres plus modernes (And Then …). Le suivant, « Rocket Fuel », est un véritable OVNI bourré d’adrénaline, façon Keith Emerson et ELP. Styx, un des groupes emblématiques de l’art rock à l’américaine, nous vaut « Slip Away », une chanson très mélodieuse, entonnée par Tim Lewis, déjà présent sur le précédent morceau « américain ».

Point non plus besoin de trop se creuser la tête pour découvrir qui se cache dans la musique et les paroles de « Violent Midget ». Le texte énumère à l’envie titres d’albums et de morceaux de ce groupe pareil à nul autre. Vocaux a capella et parties instrumentales débridées sont bien dans le ton de Gentle Giant. Pour sa part « Childhood’s End » est dédié non pas à un groupe de rock progressif, mais aux victimes directes et indirectes d’un certain 11 septembre, et constitue une très belle chanson alternant le grandiose / tragique et des moments plus délicats.

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Autre musicien emblématique de l’art rock, Alan Parsons excelle dans ce style plus élaboré que le rock basique, moins ambitieux que le rock symphonique, et centré sur des mélodies toujours bien ficelées. « Flint Geekwood’s Gizbob » retrouve avec bonheur le son typique avec ses effets électro du Alan Parsons Project des années Pyramid. Au fil de ses albums, Mark Dye prend volontiers un type vocal très Andersonien, à tel point que je me suis demandé à l’écoute de « Revelation » sur quel album de YES j’avais déjà entendu ce morceau. Le chant, mais aussi les harmonies et tournures typiques de Steve Howe sont parfaitement restituées. Ce morceau est celui qui, à mon avis, est le plus proche de son modèle, d’où mon interrogation initiale. C’est bluffant ! Pour terminer cette riche collection, « Sharks’ Lungs In Plastic-Part23A », titré non sans humour d’après le fameux Larks Tongues In Aspic, en appelle évidemment à King Crimson. Pour autant qu’on puisse résumer KC à un style, cette pièce pleine d’allant me semble refléter la période moderne plutôt que les débuts de ce groupe hors norme et multiforme.

Les musiciens dits classiques se sont de tout temps employés, parfois amusés, à réaliser cet exercice de style communément dénommé à la manière de. C’est exactement ce qu’ont fait Mark Dye et Andrew Winton lorsqu’ils ont posé les bases d’Homage dans les années 2000. Il fallait un haut niveau de musicalité pour réussir une telle entreprise et la mener à bien. Loin d’un exercice scolaire, le résultat est très convaincant quant à la restitution du style et du son des grands groupes de rock progressif de l’époque. 20 ans plus tard, Mark Dye fait un remix complet de ces morceaux, reprenant entre-autres toutes les parties de basse sur sa Dean 4 string. Comme un bon vin vieilli en fût de chêne, Homage 20th Anniversary Redux, a gardé toutes ses saveurs initiales et en a même gagné quelques unes pour faire de cet album un moment musical haut en couleurs et qui consacre une fois de plus Elysian Fields comme un grand du rock progressif !

Formation du groupe

Mark J. Dye : tous les instruments et voix Timothy Lewis : chant sur 3 & 6

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