Illusions On A Double Dimple

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(5 sur 5) / Harvest / EMI Electrola
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Rock Progressif

Dans la série des albums célébrant leur cinquantenaire en 2024, Triumvirat publiait chez Harvest, l’album ’’Illusions On A Double Dimple’ au début de l’année 1974.

Ce trio allemand originaire de Cologne et fondé en 1969, réunissait autour du brillant pianiste claviériste et compositeur de formation classique Jürgen Fritz, une section rythmique comprenant le batteur Hans Bathelt et le bassiste Hans Pape. D’abord groupe de reprises (entre autres de The Nice), Triumvirat publia en 1972 un premier album (‘’Mediterranean Tales’’) déjà de bonne facture, à l’instar du premier morceau ‘’Across The Waters’’ une mémorable suite de 16 minutes. Si les influences des deux trios respectifs de Keith Emerson étaient évidentes, Triumvirat ne méritait absolument pas ce qualificatif de ‘’Emerson Lake And Palme du pauvre’’ dont on l’a si souvent affublé. En effet, la musicalité particulière du groupe tenait entre autres à une certaine complexité liée au décalage entre sa trame mélodique et harmonique d’un côté et sa rythmique de l’autre. Ce second album révélait par ailleurs un contraste étonnant entre les textures sonores imaginées par Jürgen Fritz et les textes écrits par Hans Bathelt. Hans Pape n’était que partiellement présent ici, laissant par la suite Hellmut Köllen reprendre également la basse. Enregistré au cours du troisième trimestre 1973, et produit par le claviériste,

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‘’Illusions On A Double Dimple’’, sans être à proprement parler, un album concept, contait la triste existence d’un personnage marqué par une fatalité implacable. Une courte phrase extraite de l’album (sur le poignant ‘’Dimplicity’’) résumait parfaitement son histoire : ’’I never had the chance to prove. I only had the chance to loose’’. Deux pièces respectives de 23 et 21 minutes, divisées en six parties chacune, couvraient les deux faces du disque, dont la première suite (‘’Illusions On A Double Dimple’’ reste sans doute la plus remarquable. Suivant une courte et chatoyante Introduction grand piano/chant (‘’Flashback’’) , l’instrumentation occupait peu à peu l’espace à partir de ‘’Schooldays’’, où section rythmique, orgue et Moog, entouraient le chant agréable et la guitare de Helmut Köllen. Ici, les sonorités, en particulier sur son final, évoquaient Emerson Lake & Palmer. ‘’Triangle’’ ajoutait quelques détails sonores telles que les légers chœurs féminins, avec cette fois, quelques réminiscences de Yes (Close To The Edge) et mettait surtout en exergue l’étonnant batteur Hans Bathelt. ‘’Dimplicity’’ prenait des accents psychés années 60 à travers des notes appuyées d’orgue Hammond, sa rythmique et un thème vintage enluminé par le chant et les harmonies vocales. Sur un tempo plus enlevé et entrainant, ‘’Last Dance’’ refermait cette première face, avec le retour à un thème précédent, et ces sonorités rappelant, comme en fin de seconde section, l’album ‘’Tarkus’’. La transition était parfaite avec le tonique ‘’Maze’’ qui inaugurait la seconde pièce (‘’Mr Ten Percent’’. Celle-ci allait davantage s’annoncer rock, avec certaines touches de jazz. Sur ‘’Dawning’’, Jürgen Fritz s’autorisait un intermède virtuose au piano solo. ‘’Bad Deal’ mêlait humour et groove dans une plage enrichie des sections de cordes et de cuivres. L’instrumental ‘’Roundabout’’ était une pièce aux harmoniques et à la rythmique complexes avec, une fois encore, cet étonnant batteur qui se livrait également, entre les parties d’orgue, à une étrange interaction avec la basse. L’album se refermait sur deux plages très mélodiques qui auraient parfaitement pu sortir en singles (chose faite sur les rééditions), sachant que ‘’Lucky Girl’’, chanson aux accents légèrement folk, portée par le chant et la guitare acoustique de Helmut Köllen, était la face B du single ‘’Dimplicity’’. Sur le dernier morceau ‘’Million Dollars’, plus accrocheur encore que le précédent, les claviers, orgue et piano, puis le chant, étaient peu à peu rejoints par les chœurs et les orchestrations de cordes et cuivre sur de remarquables arrangements du maître de cérémonie, Jürgen Fritz. En Juin de l’année suivante, le trio Fritz/Köllen/Bathelt publiait, toujours chez EMI/Harvest, l’album ‘’Spartacus’’ souvent considéré comme sommet de Triumvirat.

Cette chronique est également un hommage au triste membre du ‘’Club des 27’’ (Forever 27 Club) à savoir le guitariste, bassiste et chanteur de Triumvirat, Hellmut Köllen (2 Mars 1950 – 3 Mai 1977).

‘’Illusions On A Double Dimple’’ fut réédité et remasterisé en 2002 chez Harvest ajoutant 4 plages bonus (singles ‘’Dancer’s Delight’’, ‘’Timothy’’, versions singles de ‘’Dimpliciy’’ et ‘’Million Dollars’’).

Formation du groupe

Jürgen Fritz : piano à queue, orgue Hammond, synthé Moog, piano électrique, chant, producteur, arrangements et direction (choeur, cordes et cuivres) - Helmut Köllen ; basse, guitares acoustiques et électriques, chant - Hans Bathelt : batterie et percussions Avec : - Karl Dewo : saxophone solo (2) - Hans Pape : basse (1) - L'Orchestre de l'Opéra de Cologne : cordes (violons, altos, violoncelles) - La section de cuivres de Kurt Edelhagen : cuivres (trompettes, trombones, saxophones ténor) - Peter Cadera : paroles (1) - Hanna Dölitzsch : chœurs - Brigitte Thomas : chœurs - Ulla Wiesner : chœurs

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