Voici donc le 13ème album studio de The Tangent, énigmatiquement sous-titré For One. Quid ? Ne cherchez pas plus longtemps, votre super-groupe préféré se trouve en fait ici réduit à la seule présence de son maître à penser, le talentueux Andy Tillison. En effet, pour faire court, l’indisponibilité des uns et des autres a conduit (avec l’accord de ces derniers) à la réalisation d’un nouvel opus où le maître anglais connu pour ses complexes mais élégantes compositions, sa science des claviers et sa belle voix, fait aussi tout le reste dans To Follow Polaris. Osons donc cette comparaison un peu facile : tel notre ciel septentrional actuel « tournant » autour de l’étoile polaire, The Tangent continue lui aussi de tourner autour de son centre ! Rock progressif, jazz rock, Canterbury sont les éléments principaux de la musique de The Tangent et il n’y a pas trop de raisons que ça change ici.
Commençons donc à suivre Polaris, sise tout de même à 430 années lumières, avec un « North Sky » d’un enthousiasme communicatif : rythme rapide, mélodie solaire en mode majeur, harmonies délicieusement jazz-rock, chœurs, … Le pont instrumental de la mi-temps vient rompre ce flot musical irrépressible avant une reprise progressive du tempo initial.
« A Like In The Darkness » est d’une atmosphère et d’une construction toutes autres pour évoquer le destin ou les états d’âme d’un musicien. Une certaine froideur baigne cette musique d’une ambiance à la VDGG.
« The Fine Line » débute sur un ton aérien et guilleret, avant de passer carrément en mode Steely Dan, époque Aja ou Gaucho par exemple. C’est plus qu’un clin d’œil, et n’était quelques différences de timbre entre la voix d’Andy et celle de Donald Fagen, on s’y croirait vraiment. J’adore cette musique à la fois nonchalante et distinguée qui a fait la gloire du duo américain (et de son incroyable cohorte de musiciens distingués), et qu’Andy Tillison restitue ici avec beaucoup de métier et de sensibilité.
Abordons maintenant la grande fresque ou épopée, spécialité du groupe (même si ledit groupe se trouve ici un peu réduit !), à savoir « The Anachronism ». Je n’entends pas du VDGG partout, rassurez-vous, mais de nouveau le style et l’atmosphère sombre sinon désabusée de la musique nous y ramène, me semble-t-il. La colère et l’anxiété du musicien y sont palpables, même si on note çà et là quelques passages plus détendus et même funkys. Le thème final qui trône dans la longue coda est de ceux qui impriment par sa puissance évocatrice et son optimisme. 21 minutes de musique intense où les contrastes abondent, on imagine le travail pour enregistrer seul une telle pièce, mais comme toujours à la fin seul le résultat compte : époustouflant, tout simplement. !
D’une certain manière, le final « The Single » reboucle sur l’entame « The North Sky » pour un moment plus pop-rock, solaire et héroïque, et qui clôt l‘album (si on excepte le bonus) sur un enthousiasme communicatif.
Pour ce To Follow Polaris, un peu particulier dans l’abondante discographie de The Tangent, Andy Tillison, homme-orchestre pour la circonstance, n’en fait pas pour autant un album d’un esprit différent. D’ailleurs ce n’est qu’à la deuxième écoute, après m’être documenté, que j’ai compris l’intriguant For One. La performance instrumentale et vocale impressionne évidemment, mais c’est surtout la haute musicalité et l’inventivité qui parcourt l’album qu’il faut retenir. Il semble que le musicien prétend avoir réalisé un album très optimiste, ai-je lu. Et bien je suis complètement d’accord !
Formation du groupe
Andy Tillison – toute l'instrumentation et le chant
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