Another Country

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(5 sur 5) / Melodic Revolution Records
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Rock Progressif

Après avoir assisté à la comédie musicale Mr October And The Moon Of Madness aux accents lyriques et parfois jazzy – une publication inhabituelle dans la production du Gardening Club, deux ans de patience nous amènent à Another Country. Autre pays, autre groupe ? Oui et non ! Aux usual suspects Norm Macpherson, Kevin Laliberte, Drew Briston, Wayne Kozak, s’ajoutent Danie Friesen, Peter Dowse, Chendie Leon, Steve Bennett, pour former un orchestre à géométrie variable autour du jardiner en chef, Martin Springett. Notons tout d’abord que Martin Springett, dont on connait également les talents de dessinateur / peintre, avait d’abord envisagé d’intituler ce nouveau projet The Enigma of Arrival, du nom d’un tableau du peintre italien surréaliste Giorgio De Chirico. C’est d’ailleurs ainsi que Martin m’avait parlé de ce nouvel album en toute fin de 2023, lors d’un échange. Et puis les choses changent et les titres d’albums également … C’est la vie !

Une très courte ouverture, « A Zephyr Of Sound », fait dans le grandiose et le théâtral avec un duo vocal entre Martin Springett et la soprano Danie Friesen. Faut-il y voir ou plutôt entendre un lien avec l’album précédent ? « Small Town Boy », un morceau léger et amusant, ramène quant à lui à l’insouciance de « Boy On A Bike » de l’album éponyme de 2020. Voilà une agréable chanson mélodique, façon Beatles, beaucoup plus sophistiquée qu’il n’y paraît au premier abord.

De façon peu courante, « Tricksters » débute par un solo de guitare pour lequel Kevin Laliberté adopte un ton plaintif, porté par de longues tenues de basse. Surgit soudain une guitare rythmique du plus bel effet, suivie de près par le chant caractéristique de Martin Springett, et la musique prend de la vitesse. La coda, rythmée par la basse, laisse la musique lentement s’estomper sous la mélopée du sax de Wayne Kozak. « Hotel Nostalgia – Enigma 1 », en deux parties à peu près égales, fait d’abord la part belle aux sons orchestraux des cordes, dans un style allégé façon musique de chambre. La deuxième moitié, plus musclée reprend une instrumentation rock plus musclée et volontaire.

« Spellbound », un titre hitchcockien que reconnaîtront les cinéphiles, est une autre de ces balades bien rythmées avec guitare acoustique, caractéristiques du Gardening Club. « Friendship », une marche lente, aux sonorités d’ambiance de film noir, nous plonge dans une ambiance plutôt nostalgique. A contrario, « Only Connect » est un modèle de légèreté et de poésie musicale, avec de superbes transitions mode mineur / mode majeur.

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Nous abordons maintenant les deux morceaux finaux, beaucoup plus développés que ce qui précède. Tout d’abord « Mr Forster Reflects », une référence à E. M. Forster et à son fameux Howards End. L’évocation de l’étudiant puis enseignant au King’s College de Cambrigde nous vaut une pièce dense musicalement, qui débute de façon instrumentale dans des couleurs sombres, puis la voix au timbre et aux accents caractéristiques de Martin Springett donne vie au personnage qu’il incarne et qui débute sa promenade le long de la Cam River. La musique se développe autour de la longue mélopée vocale qui donne un sentiment de résignation, jusqu’à à entamer une litanie finale plus aérienne, toujours accompagnée d’une rythmique qui restera pesante jusqu’au bout.

Place à la longue pièce terminale, « Another Country », le point culminant de l’album. Une ouverture d’opéra grandiose et lyrique nous amène à un premier développement en forme de balade qui voit notre héroïne conduire son cheval vers cet autre pays, le jeu des percussions illustrant très bien l’allure du cheval, de la marche jusqu’au galop ! Vers 5’, la musique adopte un pas de danse joliment syncopé et puis la cavalière s’éloigne dans un fade-out. Reprise du galop sur un nouveau passage rapide, le voyage se poursuit vers l’ouest … On passe alors à un nouveau tableau, dans un style plus onirique et apaisé, et qui nous vaut de nouvelles vocalises aériennes. La dernière étape consiste d’abord en un passage instrumental aux accents blues, puis à une coda new age sous-titrée « The Last Horizon » où la soprano nous gratifie d’une dernière vocalise empreinte d’un magnifique vibrato, hors du temps et de l’espace.

Si on reconnait reconnaît ici aisément le timbre de voix de Martin Springett et ses qualités de compositeur, son style graphique n’en est pas moins une fois de plus remarquable dès qu’il s’agit d’illustrer le propos musical. Ces deux facettes de son immense talent sont évidemment indissociables (*). Côté musique, Another Country (**) est l’aboutissement au moins provisoire d’une riche discographie commencée il y a 40 ans. Je retrouve dans cet album un récapitulatif de l’art si particulier de Martin Springett, qui fait de chaque album un joyau aux couleurs particulières. Il faut aussi saluer le travail des musiciens qui apportent une contribution essentielle à chaque album du Gardening Club, et c’est particulièrement vrai sur un Another Country qui est un véritable régal sonore !

(*) The Art and Music of Martin Springett | artist, musician, writer

(**) https://thegardeningclub.bandcamp.com/album/another-country

Formation du groupe

Drew Birston : basse fretless et acoustique - Peter Dowse : basse - Danie Friesen : chant soprano - Wayne Kozak : saxophone - Kevin Laliberte : guitare électrique - Chandy Leon : batterie - Norm MacPherson : guitares électriques - Martin Springett : chant, guitares acoustiques et électriques

🌍 Visiter le site de The Gardening Club →

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Par Stuckfish

4.5 sur 5

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