Un adversaire coriace.
Une musique ancrée dans le Metal, agrémentée de touches progressives, accompagne un chant en Français mettant en avant des textes à la poésie sombre. Tout cela est réalisé (sans trucage) par un duo originaire de Picardie formé de Pierre V. (musique et instruments) et Fran V. (textes et voix). Lucide est de retour avec l’album ‘L’adversaire’, 3 ans après le précédent, ‘Homme de Paille’. A l’écoute de ce nouveau projet, un élément marche particulièrement bien : l’alchimie entre une instrumentation plus complexe qu’elle peut paraître et un chant engagé portant des textes à priori personnels. Ceci s’explique certainement par la relation ancienne qui lie les deux musiciens et leur façon de travailler (composition et instruments d’un côté, textes et chant de l’autre).
Très bon titre d’ouverture, “Antipode” pose les bases du style. Un riff Metal puissant, une basse à l’unisson qui n’hésite pas à se promener vers les aigus, des ruptures rythmiques inattendues, un chant habité qui alterne moments de calme et passages rageux. L’engagement de Fran V. me fait parfois songer à un des plus célèbres chanteurs enragés de l’Hexagone : Bernie Bonvoisin.
“Vortex” se veut plus lourd et plus sombre encore. Ici, la patte de Tool, une des influences du groupe, se fait entendre. On peut aussi noter dès à présent le talent du groupe pour écrire des refrains accrocheurs.
Une intro chant-basse, ce n’est pas si commun, c’est ainsi que débute “Coercitif”. Avec son superbe travail de “tricotage” guitare/basse, Pierre V. ne cherche jamais la démonstration technique et préfère se mettre au service du chant et du texte. Celui-ci est d’ailleurs particulièrement prenant sur ce titre : “Lorsque ceux qui t’aiment / Essaient de te montrer le bon chemin / Mais toi, du haut de ton jeune âge / De la connerie sans nom / D’un gamin en rage / Tu te penses la dernière des merdes”.
Une guitare en son clair arpégée, à la manière de “Nothing Else Matters” de Metallica, engage “Arche”. Des éléments instrumentaux supplémentaires enrichissent peu à peu le titre qui gagne en intensité pour porter un texte pacifiste.
Retour au riff Metal Progressif, un peu Djent, et une rythmique tordue juste ce qu’il faut avec “Torve”. Au niveau du pont, le chant accompagné par un piano prend clairement le chemin de l’émotion, avant d’exploser en rage, le texte semblant dirigé contre un personnage en particulier, peut être ‘L’adversaire’ qui donne son titre au disque.
Morceau que je trouve un peu plus brouillon, “Lei si vendica” (“Elle se venge”, si Google Traduction fait bien son boulot) est un titre qui pointe les dérives humaines en matière d’écologie. “Fléau” s’ouvre sur une rythmique de guitare qui m’évoque un peu le grunge façon Alice In Chains. C’est un titre plus calme qui marque une pause bienvenue, je dirai même qu’il aurait pu bien fonctionner en acoustique. Une basse slappée? Oui, on la trouve sur “Halo” et sa rythmique infernale.
Morceau de fermeture et titre de l’album “L’adversaire” débute sur un style plutôt léger avant de sévèrement s’alourdir et se complexifier. A nouveau, le travail de rythmique et d’accompagnement guitare-basse est remarquable.
Une chose que l’on ne peut absolument pas reprocher à Lucide est le manque d’engagement. ‘L’adversaire’ est un album plutôt dense pour un duo qui ose le Metal en français, je vous invite d’ailleurs à prendre connaissance des textes qui sont gratuitement accessibles depuis le site du groupe. Les deux potes, unissant leurs forces, viennent de nous porter un uppercut qui n’est visiblement pas uniquement réservé à leur “Adversaire”.
Formation du groupe
Pierre Vanthournout (Pierre V.) : Compositeur et Musicien François Verhaeverbeke (Fran V.) : Auteur et Chanteur