The World As We Knew It

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(4.8 sur 5) / Gravity Dream
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Rock Progressif

Certains sortent plusieurs albums par an, et à l’autre bout de la chaîne d’autres attendent … 40 ans ! A chacun selon son rythme n’est-ce pas ? Certains ont-ils connaissance que les gallois de Retreat From Moscow tournaient toute fin des années 70 et début des 80 ? D’autres comme moi découvrirons ce groupe reformé en 2016 et qui sort enfin l’album de ses rêves, The World As We Knew It. Le monde a bien changé en 40 ans, mais l’enthousiasme et l’envie de jouer ensemble est palpable tout au long des 11 pistes de l’album. Comme souvent face à un album inconnu estampillé rock progressif, j’écoute d’abord en diagonale, survolant les pistes, juste pour me faire une première idée du style musical et des forces en présence. Quelques minutes plus tard d’écoute au hasard et je n’ai plus de doutes : il me FAUT cet album !

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Le puissant « The One You Left Behind » pose la première pièce de l’édifice musical : un heavy-prog aux riffs puissants entrecoupés de passages très mélodiques. Un solo de guitare nous emmène vers une coda très acoustique et très poétique qui rompt brutalement avec qui était exposé auparavant. Tout aussi puissant, « Radiation » avec sa guitare et son orgue Hammond me semble tout droit sorti d’un album de Boston. A noter un petit passage à la Supertramp mais en mode costaud. Energie à tous les étages ! « Henrietta » (dont on apprend dès les premières paroles qu’elle va mieux) fait aussi dans le rock enlevé des seventies avec un côté assez pop rock. Un virage à 180° sur l’aile et on quitte le rock classique pour aborder un passage plus progressif pour la fin de la piste (qui est superbe au demeurant). Je ne qualifierais pas ces trois premières pistes de résolument progressives mais, d’une part la musique est excellente, d’autre part on sent que ça va venir !

Un solo d’orgue Hammond à la Deep Purple sert d’intro à « I’m Alive », tandis que la section médiane superbement rythmée en 7/8 à la basse nous fait prendre de la hauteur. La Ville de Constantin (« Constantinople ») inspire à nos musiciens une musique plus calme avec une intro à la guitare acoustique et la flûte, mais toute aussi sophistiquée avec un nouveau passage à 7 temps porté par les délicates arpèges de la guitare acoustique. Plus loin la signature rythmique se complique encore avec une superbe ligne de basse entremêlant 7 et 8 temps, tout cela donne un balancement très spécial au discours musical, particulièrement agréable à l’oreille. Tony Lewis se régale et nous avec ! « Home », la piste la plus développée de l’album nous amène aux temps de la Première Guerre Mondiale. Il s’agit d’un neo prog puissant, héroïque et mélodique qui me rappelle Arena par instants. J’adore le passage instrumental qui débute vers 6’, culmine en un climax lumineux, et qui laisse place à un court passage au piano solo très poétique.

« Armed Combat » nous ramène au heavy prog, avec toujours cette rythmique bondissante à laquelle s’ajoute de belles performances vocales avec chœur. Moment de sérénité et de douceur musicale en tonalité majeure, « Moving Down » se paye un solo de guitare particulièrement réussi. « Perception » me ramène aux sonorités chères à mes oreilles du Huriah Heep des Démons et autres Magiciens. A 2’50 le thème de guitare doublé ensuite à la quinte donne un côté très incisif à la musique.

« Mandragora » vous mettra d’entrain pour (au moins) le reste de la journée, tant son thème d’intro est de ceux qui vous donnent une envie irrépressible de taper du pied ou des mains. La fête ne dure pas et laisse place à une partie centrale beaucoup plus introspective, avant une dernière section plus ample et à nouveau lumineuse. L’ultime « Don’t Look Back » est une calme méditation tout en retenue – peut-être un ultime regard du groupe sur son propre passé et sa volonté d’avancer ? La coda, plus extravertie et puissante clôt l’album de belle manière.

Voilà un album inhabituellement long (plus de 73’), mais je vous l’ai dit : 40 ans d’attente, ils en avaient des choses à dire nos quatre musiciens ! Et que les choses sont superbement dites : un album de rock progressif en tous points somptueux. A partir d’un matériau sonore a priori très classique (on est dans la grande tradition du rock britannique (*)), Retreat From Moscow sait à la fois nous conforter de belle manière dans nos certitudes musicales, mais aussi constamment nous surprendre avec la qualité des compositions et le jeu des musiciens qui ajoutent ce supplément d’âme qui fait les grands albums. Après avoir mis en musique le monde tel que nous le connaissions, les excellents Andrew Raymond, John Harris, Greg Haver et Tony Lewis auront à cœur, je l’espère, de nous enchanter à nouveau dans un futur pas trop lointain !

(*) Côté influences on peut sans doute mentionner Jethro Tull, King Crimson, Genesis, Uriah Heep, Marillion, Deep Purple, Level 42, et bien d’autres !

Formation du groupe

Andrew Raymond : claviers, guitares, chœurs - John Harris : chant, guitares, flûte, claviers - Greg Haver : batterie, percussions, synthé, chœurs - Tony Lewis : basse, pédales de basse, chœurs

🌍 Visiter le site de Retreat From Moscow →

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