Professor Caffeine & The Insecurities
Par Professor Caffeine & The Insecurities
La première fois que j’ai lancé l’album éponyme de Professor Caffeine & The Insecurities (PC&TI pour la suite…), j’ai été frappé par la ressemblance de la musique du quintette originaire de Boston avec celle de Thank You Scientist (formation que j’aime beaucoup). En partie à cause de la proximité avec la voix et le chant de Salvatore Marrano (qui a quitté TYS depuis, mais c’est une autre histoire…), mais pas seulement : musicalement les deux groupes présentent quelques similitudes, même si le niveau technique instrumental de TYS reste dans le domaine de l’inaccessible. Là où PC&TI se démarque, c’est par la variété des styles musicaux abordés dans cet album, fruit d’une longue expérience de jams et de participations de multiples musiciens. Du prog certes, mais aussi du Jazz-Fusion, du Folk, de la Pop, du Math-Rock, du Post-Rock, etc… jalonnent ce disque vraiment passionnant à condition de s’y plonger entièrement.
C’est sur la rythmique plutôt lourde de “Brockton Panda” que débutent les hostilités. De suite, des éléments remarquables attirent l’oreille : les petits plans de guitare rapides, la frappe de Ken Dellot à la batterie, les chœurs inattendus, la mélodie travaillée du chant qui tranche avec l’accompagnement musical.
Les chevaux sont lâchés sur “Wolf Fang Fist!” marqué par une rythmique Djent soutenant des riffs de guitare qui balancent entre power chords et plans dans les aigus. Le pont, à la technicité notable, verse du côté du métal progressif et du Math-Rock. Impressionnant.
Troisième salle, troisième ambiance. “Spirit Bomb” se veut plus léger avec sa guitare en son clair, ses riches harmonies, un titre quasi pop qui rappelle Weezer et qui (dans un monde où la qualité musicale serait mise en avant) pourrait intégrer les sommets du Billboard.
Comment peut-on trouver une mélodie de chant si fluide, si naturelle, sur un accompagnement instrumental si complexe? C’est la question que l’on se pose à l’écoute de “The Spinz”, sur lequel le groupe est spectaculairement en place. Et c’est à nouveau le pont, très malin, qui vient marquer une rupture et relancer la machine pour la seconde partie du morceau.
“Dope Shades” est très lumineux, et penche à nouveau du côté pop, porté par un groove qui donne envie de faire des barbecues au bord de la piscine lors d’une belle soirée du mois de Juin. Nous refont-ils le coup de la relance au niveau du pont? Absolument!
Allez, un petit tour du côté de la Pop/Folk? C’est “Unreal Big Fish” qui s’en charge, guitare acoustique à l’appui, et refrain à base de “La-didi-da” qui s’imprime dans le cerveau.
Même si un peu plus prévisible, “Astronaut” reste sur la ligne mélodique ambitieuse tracée depuis le début. Sur les couplets, la ligne de basse de Dan Smith est assez dingue, et je serais curieux de voir comment il peut assurer l’instrument et le chant en même temps en live, en particulier sur ce titre qui se termine a cappella dans une ambiance chorale.
La sonorité est résolument plus contemporaine sur “That’s A Chunky”, morceau dense qui rappelle à nouveau Thank You Scientist, avec une pincée de Djent et un soupçon de The Dear Hunter. Celui-ci se termine dans un genre de Jam tiré par une basse roulante comme une Chevrolet sur la Route 66.
“Oat Roper” est une folie instrumentale qui donne l’occasion d’apprécier le niveau individuel des musiciens ainsi que leur cohésion collective.
La fin de l’album semble faire place à une humeur plus mélancolique avec “Make Like A Tree (And Leave)” et surtout “Mr. Sleep”, belle ballade bâtie sur les arpèges qui vont bien, et qui ne pouvait pas s’achever sans intégrer un ultime surprenant revirement.
Ce premier album de PC&TI est d’une grande richesse et on y retrouve la volonté du groupe de caser à peu près tout ce dont ils sont capables. On peut prendre le pari que le quintette saura dans le futur affiner son style pour aller encore plus rapidement à l’essentiel et trouver sa place dans le paysage musical. En attendant, apprécions à sa juste valeur ce qui est disponible aujourd’hui, à savoir un album foisonnant et passionnant. Merci professeur!
Formation du groupe
Dan Smith : Basse, Voix - Derek Tanch : Claviers - Anthony Puliafico : Guitare - Ken Dellot : Batterie - Jay Driscoll : Guitare
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