Patrick Rondat - Escape From Shadows

21 Septembre 1991. Le jeune amateur de musiques saturées que je suis assiste au gigantesque concert “Monsters Of Rock” à l’hippodrome de Vincennes. L’affiche est incroyable, jugez plutôt : ACDC, Metallica, Queensrÿche, The Black Crowes et… le régional de l’étape : Patrick Rondat. Ce fut mon premier contact avec le guitariste alors dans la mouvance des Joe Satriani, Tony McAlpine, Paul Gilbert, etc… Quelques années ont passé depuis, et notre Guitar Hero national est toujours actif, nous proposant aujourd’hui son nouvel album ‘Escape From Shadows’, une vingtaine d’années après le précédent ‘An Ephemeral World’. Le guitariste n’y a rien perdu de sa virtuosité et, l’expérience aidant, parvient à toucher du doigt l’objectif ultime de tout musicien : la transmission émotionnelle par la musique.

Après une “Overture” qui plante le décor de manière cinématographique, “Fear and Guilt” nous propulse directement dans l’univers Metal Progressif du musicien, à grands renforts de riffs complexes et directs à la fois, de solos empreints de touches mélodiques (ce qui le différencie de certains shredders contemporains), le tout appuyé de manière précise et efficace par un groupe qui joue dans la cours des grands à la Dream Theater. Tout au long de l’album une belle place est d’ailleurs réservée aux claviers de Manu Martin, apportant un véritable contrepoids à la guitare de Patrick Rondat (on se souviendra que celui-ci a longtemps collaboré avec Jean-Michel Jarre).

“Invisible Wars” est une nouvelle pièce impressionnante au caractère un peu moins Heavy mais aux guitares tout aussi tranchantes, rappelant par endroits le compère Joe Satriani. La basse slappée de Patrice Guers s’y fait une place de choix, en parfaite adéquation avec la batterie de Dirk Bruinenberg, posant une moquette épaisse sur laquelle la guitare héroïque s’exprime en toute liberté. En toute fin, j’entends un riff répété que j’interprète comme un clin d’œil à Steve Vai.

Direction le bloc opératoire pour une interprétation à la précision chirurgicale du groupe au complet sur “Whispery Hopes”, porté par un groove qui penche du côté Blues-Rock. “Back on Track” est un sympathique retour vers l’âge d’or des Guitar Heroes de la fin des années 80, début des 90, mettant en avant l’impressionnante rapidité du jeu en aller-retour de Patrick Rondat, inspiré par le grand Al Di Meola, et qui fait parfois même songer à Yngwie Malmsteen.

L’ambiance est plus progressive sur “Escape from Shadows” grâce notamment à la participation active des claviers ou un solo de basse enflammé. Bien belle surprise que de voir débouler à cet endroit un titre chanté : “Now We’re Home” est une collaboration très réussie entre Patrick Rondat en version guitare acoustique et la chanteuse Blues-Rock Gaëlle Buswel.

C’est sous l’impulsion du piano que se lance “Hold on to Your Dreams” pour une nouvelle démonstration de dextérité. Puis, “From Nowhere” démarre dans l’émotion d’un accompagnement orchestral avant de prendre les chemins de la complexité progressive, avec l’appui de Pascal Vigné à la guitare.

L’album s’achève sur “Prelude and Allegro”, une interprétation de la pièce classique de Fritz Kreisler où le duo guitare Metal / Piano fait merveille.

Après avoir traversé des épreuves particulièrement douloureuses dans sa vie personnelle, ‘Escape From Shadows’ (échapper aux ombres en français) voit Patrick Rondat revenir sur le devant de la scène via une création que l’on peut envisager comme un exutoire. Particulièrement travaillé et abouti, l’album est l’œuvre d’un musicien pour qui la technique n’est plus qu’un outil au service de l’expression des émotions.

English translation

Formation du groupe

Patrice Guers : Basse - Dirk Bruinenberg : Batterie - Manu Martin : Claviers - Patrick Rondat : Guitares - Musiciens additionnels : Gaëlle Buswel : Voix (7) - Pascal Vigné : Guitare (9)

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