Dénudé

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(4.8 sur 5) / L’Abeille Rôde
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Rock Progressif

Voilà un album surprise. Vous savez le truc que l’on ne voit pas venir. Pire encore, c’est celui que l’on rêve un jour d’avoir mais on se résigne à ce dire que c’est un égoïste fantasme chimérique de notre part. Pourtant, depuis courant Mai de l’année 2020, Lazuli nous avait offert quelques versions acoustiques lâchées de-ci de-là, avec une certaine innocence, sur les réseaux multimédia divers et variés et cela aurait dû nous mettre la puce à l’oreille. Dorénavant ce n’est plus un fantasme, vous en avez rêvé, Lazuli l’a fait (sans pression aucune des fans…).

Dévoilons donc la galette qui commence avec « J’attends un printemps », de suite l’on est captivé par la direction artistique et de la couleur qui sera omniprésente dans l’album. D’un tempo apaisant nous glissons dans le labyrinthe de paroles qu’il est plaisant de redécouvrir, porté par un Romain THOREL au piano soulignant la voix de Dominique LEONETTI. Nous enchainons sur « Dans le formol au museum », qui est, à mon sens, un des titres les plus « déstructuré » de l’opus. Tout est placé judicieusement pour nous offrir une variante électro-acoustique. Les chœurs dans le final sont somptueux. Allez hop ! On file sur « Cassiopée » et je vous propose de tendre l’oreille car vous allez entendre Le petit dernier de la bande en la personne d’Arnaud BEYNEY, qui se dévoile sur le refrain ainsi qu’avec son jeu sur la guitare « pedal steel ». Non loin de là, Vincent BARNAVOL nous titille par petites touches de vibraphone et autres diverses percussions et un large final sur une dominante Leode que l’on boit sans soif…

Pour la piste suivante, il est « 15H40 », le temps se suspend derrière la richesse du jeu de piano de Romain. Et que dire des voix en arrière-plan qui vous délivrent des chœurs savamment équilibrés pour une fin en harmonie vocale. On passe ensuite sur « Mes semblables » ou nous pouvons sentir une légère couleur Country. La Lap Steel est sans doute l’objet du délit qui nous fais pensez que…. Enfin nous avons le râle final et ces éclats de rire qui font un bien fou. Et puis, et puis, et puis…quand vous allez écouter pour la première fois cette version de « Tristes moitiés », vous serez peut être déboussolé par rapport celle d’origine. Pour être honnête avec vous, je trouve cette version plus mure et plus aboutie, comme un bon vin qui s’est bonifié avec le temps. Quel plaisir d’entendre jusqu’aux frettes de la guitare et le final où la Leode s’invite avec calme et sérénité, quel plaisir. Le titre suivant « Multicolère », est, je trouve, un choix hasardeux que de le glisser dans l’album, mais au final nous voilà encore avec une belle surprise. Pour accentuer l’ambiance nous avons un Didjeridoo qui intervient sous le souffle d’Elliot LEONETTI donnant au trois quart du morceau une couleur Aborigène. Arrive « Une ombre au tableau », une piste au rendu délicat et léger, à la douceur d’un poil de pinceau, car délivrée avec une telle grâce que l’on en oublie presque le tranchant de cette belle écriture.

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La vie est assurément un cirque, et c’est d’autant plus vrai en ce moment, « Vita est circus »  prône toujours l’esprit saltimbanque appuyé par le cor de Romain puis par Vincent avec le Glockenspiel et la Leode dans un final éloquent. La transition se fait vers « Naïf » qui perd un peu de son côté ethnique original. Cette composition n’est peut-être pas la plus connue de la discographie Lazulienne et pourtant la revisite apporte là aussi une seconde jeunesse, l’on se surprend à (re) découvrir dans le détail les paroles et la finesse de la mélodie. Quand je découvre « En avant doute », je positionne ce titre dans un complexe paradoxe. Je ressens de cette relecture une couleur et une nuance dans la digne lignée du Cimetière des Arlequins de Ange. Le titre prend son envol pour le rendre plus charnu, un rendu qui sonne très rock, sans doute le plus épicé de l’album, mais ça fait du bien par où sa passe.

Un des petits bijoux de la formation, « La valse à cent ans » dépouillée de tous ces apparats elle s’offre nue pour nous offrir la réalité de nos vie. Nous nous retrouvons avec cette boite musicale, ouvrez-la et laissez-vous porter par l’éblouissement musical. Petite note personnelle, que j’adresse à l’ensemble des musiciens du groupe, vous m’avez profondément ému. « La vie par la face nord » est un titre que l’on peut entendre sur « Réponse incongrue à l’inéluctable » sortie en 2009. Je vous laisse la surprise de découvrir la nouvelle mouture. Histoire de vendre un peu la mèche et aussi vous mettre l’eau à la bouche, la mandoline et l’accordéon sont fort à-propos. Nous passons ensuite sur « Une pente qu’on dévale », c’est tout l’art de rendre cette composition dans un état naturel, d’une fausse simplicité compréhensible et tout prend un autre sens. La structure musicale se développe au fil des mesures. Quel panard ! Un des titres que je brulais d’entendre c’est « Nos âmes saoules » et franchement je découvre une autre chanson qui n’a pratiquement plus rien à voir. Quand je dis pratiquement, attention, pas de méprise, la ligne musicale est là et bien là, mais je pense en m’avançant quelque peu que Lazuli doit surement pratiquer de la magie, voire peut-être de la magie Vaudou, pour nous ensorceler à ce point.

L’album se conclu sur « Un automne », une version qui me bouleverse, oui j’insiste bien sur ce mot. J’ai peu parlé de Claude LEONETTI tout au long de cette chronique et pourtant il est très présent sur la plupart des titres, mais, si je ne le cite que maintenant c’est pour souligner son omniprésence tout au long de cette composition. Je suis impressionné devant tant de justesse et de subtilité dans son jeu. Par rapport à la première version, le tempo est légèrement plus lent, pour un rendu finement ciselé, je dois dire que nous avons là une belle façon de nous dire en toute simplicité « au revoir, merci et à bientôt ».

Pour conclure et, si je peux me permettre, d’imager cet album, imaginez-vous au centre d’un immense champ avec d’innombrables parterres fleuris d’une riche variété, chacune vous offre une couleur, une senteur, et chacune est à même de vous offrir l’essence unique d’un fantastique parfum. Ces parfums vous rappellerons peut être des souvenirs familiers, une tranche de votre vie, anodine ou pas, et bien ce côté unplugged permet à la bande Lazuli de mettre à nu chaque composition pour ne garder que cette fameuse essence évoquée plus haut. L’instrumentation est dépouillée à l’extrême. Il y a juste ce qui faut dans le plus bel équilibre, les tensions, les moments forts, les soupirs et les silences par leurs présences soulignent les textes et font jaillir l’inéluctable poésie que nous partage avec émotion Lazuli.

Après plusieurs écoutes, pour écrire cet article, Il est une évidence, chaque titre renferme l’âme particulière du groupe, mais dans un nouvel écrin qui nous invite à redécouvrir des tranches d’albums passés. Histoire d’être exhaustif, je me dois de rajouter que l’ensemble de l’opus bénéficie d’un mixage parfait, pour les arrangements, nos joyeux drilles se sont investis pour nous permettre d’apprécier le talent de chacun des musiciens à sa juste valeur. Le groupe ne faisant pas les choses à moitié vous aurez dans le Digipack un petit livret de 24 pages rempli d’une foule d’informations précieuses.

« Mes amis mes frères », précipitez-vous sur un album poignant, en espérant qu’il y en aura pour tout le monde. Cette œuvre nous est offerte avec une tendre humilité, d’une force profonde faisant ressortir le meilleur qui est en vous et souhaitons que la route sera longue encore !

Formation du groupe

Claude LEONETTI : Léode, Lap Steel, Rhode piano, Oud, Chœur - Vincent BARNAVOL : Percussions, Marimba, Vibraphone, Glockenspiel, Chœur - Romain THOREL : Piano, Cor, Chœur - Arnaud BEYNEY : Guitare, Pedal Steel, Mandoline, Basse, Chœurs - Dominique LEONETTI : 6 & 12 cordes Guitare acoustique, Accordéon, Chants, Chœur - Invités : Aline, Christine, Marie : Chœur - Elliot LEONETTI : Didjeridoo

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