Let Me Be A Ghost

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(4 sur 5) / New Joke Music - Dutch Music Works
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Atmosphérique Rock Progressif

J’attendais le nouveau disque d’Iron Maiden avec grande impatience après avoir lu çà et là qu’il contiendrait des titres longs et alambiqués. Sachant l’amour que porte Steve Harris au rock progressif, j’espérais un album encore plus aventureux que l’excellent « Seventh Son of a Seventh Son ». Quelle déception donc à l’écoute de « Senjutsu » qui sans être mauvais, reste un album de Maiden somme toute assez classique. En revanche, n’étant pas un grand fan de Pain Of Salvation ou de Kayak et peu familier de la carrière solo du multi-instrumentiste suédois Kristoffer Gildenlöw, c’est donc sans attente particulière que je pressais le bouton « Play » de mon lecteur MP3.

L’avantage de ne rien attendre d’un album est qu’on peut difficilement être déçu, on peut même, avec de la chance, être agréablement surpris comme c’est le cas ici avec « Let Me Be a Ghost ».

Dès le premier titre « Let Me Be a Ghost, PT1 » le ton est donné. Musique minimaliste, chant susurré, et murmures fantomatiques nous plongent dans un univers sombre dans lequel la mélancolie tient le rôle principal. « The Wind » poursuit dans le même esprit avec son entêtante mélodie au piano, ses harmonies vocales et la voix de Ronja Gildenlöw qui vient doubler celle de Kristoffer. Changement total d’univers avec « Blame It All On Me » que l’on croirait tout droit sorti d’un album de Leonard Cohen, artiste avec lequel Kristoffer partage la façon très particulière de narrer plutôt que de chanter.  « Falling, Floating, Sinking » morceau lent mais auquel les tambours finaux apportent une lourdeur de plomb, rajoute une couche de désespoir à un disque déjà très noir.

Avec ces quatre premiers titres, Kristoffer Gildenlöw nous démontre qu’en plus d’être un musicien d’exception, il est aussi un compositeur et un arrangeur talentueux. Il le prouve une fois de plus avec « Fleeting Thought » au superbe solo Floydien qui nous accompagne jusqu’au lumineux « Fade Away » titre qui transperce un peu les ténèbres qui nous enveloppent depuis le début de l’album. 

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L’influence de Leonard Cohen se fait encore clairement sentir sur « Don’t », titre sur lequel la voix grave de Kristoffer n’est soutenue que par une guitare flamenco. S’il est UN titre qui justifie à lui seul l’achat de cet album, c’est bien « Lean On Me » sur lequel la voix chaude du suédois en duo avec celle plus feutrée de Erna auf der Haar parviendrait à tirer des larmes au plus endurci des black métalleux. « Let Me Be a Ghost Pt. II » est un court instrumental au solo de guitare aérien inspiré par David Gilmour.

Une ritournelle jouée par une boite à musique ouvre « Still Enough » qui sonne presque comme une lueur d’espoir que l’on retrouve sur « Where I Ought to Be » le morceau suivant. Le disque qui touche à sa fin a pourtant encore à nous offrir deux titres, « Let Me Be a Ghost Pt. III », probablement le morceau le plus ‘rock’ de l’album puis « Look At Me Now » sur lequel on peut enfin reprendre son souffle et espérer que tout ira bien.

Si vous espérez un disque de métal progressif, passez votre chemin, c’est la guitare acoustique et les claviers qui règnent ici en maîtres, par contre, si vous recherchez de belles mélodies et des arrangements de qualité, vous êtes au bon endroit.

« Let Me Be a Ghost », qui à l’origine n’aurait dû n’être qu’un EP de six titres, poursuit sur les traces de « Homebound » mais avec une tonalité bien plus sombre. Le disque qui laisse beaucoup de place aux ténèbres, nous entraîne dans un voyage musical introspectif de toute beauté au long duquel Kristoffer nous amène à réfléchir sur les choix que chacun de nous a, ou aura à faire dans la vie. Pour ce faire, il ne s’impose aucunes limites et pioche dans différents styles, prog, ambient, atmosphérique, rock, pour mettre en musique les histoires qu’il nous raconte de sa voix grave, tantôt suave, tantôt fantomatique. Un disque à écouter de préférence au casque et dans le noir pour en apprécier toutes les subtilités.

Formation du groupe

Kristoffer Gildenlöw ; Chant, tous les instruments - Joris Lindner : Batterie, orgue Hammond - Dirk Bruinenberg : Batterie - Erna auf der Haar : Chant (Lean on Me) - Ronja Gildenlöw : Chant (The Wind) - Marcel Singor ; Guitare

🌍 Visiter le site de Kristoffer Gildenlöw →

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