Kaipa c’est « l’autre » grand groupe suédois de rock progressif symphonique ! Et certainement le plus ancien car formé en 1973 et qui sort un album éponyme en 1975. Voilà qui nous ne rajeunit pas, comme on dit. On notera d’ailleurs qu’un certain Roine Stolt y joue de la guitare et que près de 50 ans plus trad, c’est toujours Hans Lundin qui nous régale de ses merveilleux claviers et compositions. Je ne suis pas un fan de la toute première heure, mais cela fait quand même 20 ans que j’attends avec impatience les successeurs de la lignée de l’excellent Notes From The Past, qui a vu le groupe reprendre vie après un bien long silence (avec à nouveau Roine Stolt et l’arrivée de Jonas Reingold). Bien que l’essentiel d’Urskog ait été composé en 2018, il aura tout même fallu attendre cinq ans pour voir arriver Urskog après un Children Of The Sounds de haut calibre.
Urskog, c’est la forêt primaire. Préparons-nous à un voyage étonnant à travers les paysages suédois. Une fois n’est pas coutume, on commence par la piste la plus longue de l’album, « The Frozen Dead Of The Night ». Les habitués de Kaipa savent par ailleurs très bien que le groupe excelle dans les morceaux longuement développés. Si le titre laisser présager une musique plutôt froide et sombre, elle est au contraire assez lumineuse et très affirmée. On y retrouve la marque de fabrique de Kaipa : thèmes amples et mélodiques, claviers opulents, harmonies chatoyantes. Un peu après 8’30, la musique passe en mode Bob James, avec sa rythmique et ses claviers jazzy, tandis que la guitare de Per Nilsson prend des accents façon Larry Carlton ou Lee Ritenour (*). S’en suit un long développement instrumental, ponctué de quelques vocaux, qui nous ramène vers les sonorités du début. Voilà un premier morceau parfait !
Plus mélancolique « In A World Of Pines » donne à entendre la magnifique voix aérienne et parfaitement reconnaissable d’Aleena Gibson qui survole allègrement la forêt de pins ! Un Kaipa classique.
La chanson-titre, « Urskog » avec une intro aux sonorités amples de cordes nous immerge sous les frondaisons d’une ancienne forêt suédoise. La musique s’accélère soudain avant un passage chanté avec quelques accents folkloriques suédois. Ce court mais intense passage chanté en suédois laisse place à un développement instrumental alternant moments forts et moments plus acoustiques. Vers la fin Aleena lance une dernière fois son ode à la forêt. Encore une piste superbe !
« Wilderness Excursion », entièrement instrumental, mise à nouveau sur des éléments jazz-rock. L’excursion n’a rien de bucolique et la musique fait plutôt penser à une équipée sauvage ! On imagine un paysage à la fois grandiose, mais âpre. Une des pistes les plus hard rock de Kaipa. « In The Wastelands Of My Mind » met à l’honneur un violon virevoltant dans style un mêlant musique néo-classique et tournures à la Kansas. Le passage central chanté apporte une belle touche folk.
« The Bitter Setting Sun », à peine plus court que le morceau d’intro, termine l’album dans un festival de prog symphonique avec une de ces ambitieuses constructions que le groupe maîtrise parfaitement. Le sax apporte un supplément de lyrisme à une musique qui n’en manquait pas avec ses claviers opulents et des vocaux lumineux.
Ainsi se termine le périple sous les frondaisons de cette Suède superbement mise en valeur par des musiciens brillants et un Hans Lundin des grands jours. Claviers, guitares, vocaux féminins et masculins, et bien sûr une rythmique basse et batterie de premier ordre, tout cela fait d’Urskog un grand moment musical. C’est ça le son Kaipa : un prog symphonique majestueux, qui sait se parer d’accents folkloriques tout aussi bien que de beaux moments jazzy, et qui sait nous faire partager sa vision !
(*) Ou encore le son Fourplay pour les connaisseurs.
Formation du groupe
Patrik Lundström : chant -Aleena Gibson : chant - Hans Lundin : claviers, chant - Per Nilsson : guitares - Jonas Reingold : basse - Darby Todd : batterie - Avec: - Elin Rubinsztein : violon - Olof Åslund : saxophone