Le 25 Juillet 1969 paraissait l’album ‘’Stand Up’’ chez Island Records (Reprise Records en outre-Atlantique).
Ce groupe originaire du comté de Lancashire qui, anecdotiquement, avait pris sans le savoir, le nom d’un ingénieur agronome du début du 18ème siècle, publia en 1968, un premier album (‘’This Was’’) très ancré dans le blues et le psychédélisme qui marquaient la scène musicale de cette fin des années 60. Mais ce fut le single ‘’Living In The Past’’ qui, en se classant troisième dans les charts anglais, allait, l’année suivante, faire connaitre Jethro Tull. Ce morceau ne figura que trois ans plus tard dans le double album-compilation auquel il donna d’ailleurs son nom. Il sera également repris dans les bonus de rééditions dont celle détaillée à la fin. Entretemps, le groupe avait connu son premier changement majeur avec le remplacement de Mick Abrahams par Martin Barre ; ce dernier aura par la suite, un rôle déterminant en tant que guitariste à la fois virtuose et plus éclectique que son prédécesseur.
Ce fut donc autour d’un Ian Anderson seul aux commandes que fut publié ‘’Stand Up’’ aux Morgan Studios de Londres en avril & mai 1969, le chanteur & flûtiste assurant la quasi-totalité de la composition et de l’écriture. La remarquable illustration de la pochette était signée par James Grashow, un sculpteur sur bois que connaissait le producteur Terry Ellis. Quant au répertoire, si à l’instar du premier morceau ‘’A New Day Yesterday’’ ou encore de ‘’Back To The Family’’, il gardait encore quelque peu l’empreinte blues-rock des débuts, il commençait toutefois à dessiner les premiers contours de ce qui allait devenir l’univers sonore de Jethro Tull. ‘’Jeffrey Goes To Leicester Square’’ était dédié au bassiste Jeffrey Hammond, un vieil ami de Ian Anderson qui allait rejoindre le groupe à partir d‘’Aqualung’’ deux ans plus tard ; cette plage apportait une touche de folklore aux légers accents médiévaux, annonçant le ‘morceau vedette’ de ce répertoire : la ‘’Bourrée’’, très grand classique du groupe, adaptait la seconde suite en mi mineur BWV 996 de Bach, portée par une mémorable partie de flûte traversière (doublée par moments) de Ian Anderson. La musique s’orientait clairement aussi vers un registre folk, à travers l’exotique ‘’Fat Man’’ et surtout la magnifique power ballade ‘’We Used To Know’’ dont la suite d’accords allait très possiblement influencer le morceau ‘’Hotel California’’ des Eagles en 1976 (comme cela a d’ailleurs souvent été relevé). Survolant sa six-cordes acoustique, Martin Barre livrait ici l’un de ses premiers et mémorables solos de guitare électrique.
Autre pièce à épingler, ‘’Reasons For Waiting’’ bénéficiait dans sa deuxième partie, et pour la première fois, d’une section de cordes arrangée et conduite par David Palmer donnant une délicate profondeur à ce somptueux thème. ‘’For A Thousand Mothers’’ refermait l’album avec une puissance rendue notamment par la lourde basse de Glenn Cornick sur une interaction entre la flûte de Ian Anderson et la guitare électrique de Martin Barre, une complicité entre deux musiciens qui peut nous faire regretter la suite (encore lointaine) que nous leur connaissons depuis. L’année suivante, l’album ‘’Benefit’, dans une certaine continuité, mais sensiblement plus ambitieux que ‘’Stand Up’’, invita le claviériste John Evan qui allait devenir membre officiel sur le légendaire ‘’Aqualung’’ (1971), un quatrième album qui, cette fois, devait définitivement faire entrer Jethro Tull dans le club très fermé des grandes formations mainstream des années 70, avant d’aller explorer des espaces plus progressistes (‘’Thick As A Brick’’ 1972) voire plus aventureux (‘’A Passion Play’’ 1973).
‘’Stand Up’’ fut réédité et remasterisé en Novembre 2016 (Chrysalis) pour le Royaume Uni et l’Europe dans un coffret double CD + DVD comprenant les versions remixées en new stéréo par Steven Wilson et 9 plages bonus sur le premier CD, 8 morceaux Live (Stockholm Janvier 1969) et 5 bonus sur le second CD, et sur le DVD, les versions 5.1 DTS surround & stereo ainsi que 4 pistes bonus.
Formation du groupe
Ian Anderson : chant, flûte, guitare acoustique, orgue Hammond, piano, mandoline, balalaïka, harmonica - Martin Barre : guitare électrique, flûte sur Jeffrey Goes to Leicester Square et Reasons for Waiting - Glenn Cornick : basse sauf sur 5 et 7 - Clive Bunker : batterie, percussions
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