Le 29 Mars 1975 paraissait chez Epic ‘Blow By Blow ‘.
Inspiré notamment par John McLaughlin accompagnant Miles Davis, en particulier sur ‘A Tribute To Jack Johnson’, Jeff Beck avait décidé pour un second album solo en son nom, de laisser l’univers du heavy rock au profit d’un registre musical alors en plein essor. Ajoutons à cela, une forme de lassitude de ce rôle qui consistait à soutenir le chanteur au sein d’un groupe. Sa rencontre avec le producteur des Beatles, George Martin, allait être déterminante quant au succès futur de cet album que rien ne laissait présager dans un registre jazz-rock instrumental très en marge des attentes du grand public.
Lors d’une interview, il relatait la trajectoire que voulait donner le producteur lorsque d’une part, il cherchait à lisser le jeu parfois abrupt du guitariste, qu’il revenait tel un leitmotiv sur la dimension mélodique, et qu’il imposa des orchestrations ‘façon Beatles’ qui in fine, donnèrent une profondeur à deux belles pièces de l’album (« Scatterbrain » et la dernière plage « Diamond Dust« ). D’un sentiment de frustration au départ, Jeff Beck ne mesura que par la suite, la pertinence de ces directives et des aménagements effectués, nonobstant un large espace de liberté ; il lui permit entre autres de revisiter John Lennon & Paul McCartney dans une rythmique louchant sur le reggae (« She’s A Woman« ) et de donner à ce répertoire, une couleur funk annoncée dès les premières notes du bluffant « You Know What I Mean« , et que lui avait inspiré Larry Graham (Ex Sly And The Family Stone) avec Graham Central Station. Ce registre jazz-rock funk caractéristique de cette période, rayonnait particulièrement sur quelques pièces survoltées comme « Freeway Jam » et plus encore « Air Blower« .
L’album comptait également deux reprises de Stevie Wonder que Jeff Beck avait accompagné sur l’album « Talking Book » (1972), « Thelonius » (hommage au pianiste Monk) et surtout « Cause We’ve Ended As Lovers » une élégie aérienne dédiée à son ami Roy Buchanan, où la six-cordes se substituait au chant de Syreeta Wright. Nul ne peut oublier dans ce morceau le mémorable et langoureux solo de Jeff Beck sur une Telecaster 58. Car l’auteur d »El Becko » qui devint son surnom par la suite, était ici le maître à bord. Sur sa légendaire Les Paul de 1954, l’absence d’utilisation d’un médiator rendait notamment ses sonorités et son attaque facilement identifiables. Si l’expression « guitar hero » applicable depuis, à un Steve Vai ou un John Petrucci, n’était pas encore employée à l’époque, elle n’aurait pas été adaptée à ce guitariste qui ne cherchait jamais les effets de démonstration, et mettait toute sa virtuosité et sa technique (feedback, vibrato, fuzz, distorsions.…) au service de la musicalité et de l‘émotion.
Son quartet réunissait autour de lui trois musiciens de studio chevronnés, mais inconnus du grand public, et notamment Max Middleton, un pianiste & claviériste de formation classique, absolument magistral dans les parties de Fender Rhodes dont il livra un magnifique chorus, entre autres, dans « Scatterbrain« , l’une des pièces majeures de l’album, mais au final, elles le sont toutes….
L’année suivante, avec ‘Wired’, bien que légèrement plus inégal, Jeff Beck allait sortir un autre album essentiel, complétant cette fois l’effectif de deux musiciens connus sur la scène jazz-rock/fusion et membres du Mahavishnu Orchestra (entre autres), le batteur Narada Michael Walden et le claviériste Jan Hammer.
Formation du groupe
Jeff Beck : guitares - Max Middleton : claviers - Phil Chen : basse - Richard Bailey : batterie, percussions
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