Almost but Not Quite

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(4 sur 5) / GEP Records
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Néo Progressif Rock Progressif

Toucher un public plus large et permettre à IQ de gagner encore en notoriété : telle est l’ambition clairement affichée du projet Almost but Not Quite. À la manœuvre, Cédric Segal, artisan de la première édition du Prog Rock Fest en septembre dernier et fan inconditionnel du groupe. Le Français part d’un constat simple : l’élargissement de l’audience de cette légende du néo-progressif sur les plateformes de streaming, notamment dans le contexte des playlists qui sont aujourd’hui les principaux vecteurs de découverte et de diffusion, est freiné par le format musical – à savoir des titres plutôt longs, parfois de véritables fresques à tiroirs. Il est établi que ce type de compositions – indépendamment de leur valeur artistique – génère moins de streams à temps d’écoute égal et subit davantage de skips, nombre d’auditeurs passant au morceau suivant, décontenancés par de longues intros à l’ère (hélas) du zapping et de l’instantané.

D’où cette idée : proposer une compilation de 16 morceaux revisités dans un format plus accessible, en radio edits (entre 3 et 5 minutes), sans renier l’esthétique prog ni sacrifier à l’élégance propre d’IQ. Le guitariste-compositeur du groupe, Mike Holmes, résume ainsi l’intention : « Nous avons voulu capturer la substance, la chair, le souffle de nos morceaux les plus ambitieux – sans trahir leur âme. » Le titre du disque – que l’on pourrait traduire par « presque, mais pas tout à fait » – suggère de légères variantes des originaux. Avec pour objectif de s’ajuster aux contraintes des plateformes, séduire un public plus large et l’amener à découvrir la richesse et la cohérence du répertoire d’IQ, chaque version jouant le rôle de porte d’entrée vers l’œuvre complète.

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L’approche s’avère très convaincante, notamment sur des compositions désormais emblématiques en concert telles que « Subterranea » ou « Ten Million Demons ». Elle permet aussi de redécouvrir d’autres joyaux qui se prêtent particulièrement bien à l’exercice, tel le splendide « Fire and Security » (Resistance), qui illustre une lutte intérieure pour préserver un éclat d’humanité dans un monde qui se corrode. On pense aussi à l’émouvant « Zero Hour » (trésor méconnu de The Seventh House), restituant cette heure fatidique où l’âme naufragée entrevoit une renaissance dans le regard de l’autre, ou encore au fabuleux « Capricorn » (Subterranea), mettant en scène un prédateur dépourvu d’empathie trouvant, dans les interstices de la nuit et de la ville, le théâtre d’une violence parfaitement scénographiée. Les titres ont été peu retouchés, hormis des ouvertures et des codas raccourcies ainsi que des passages instrumentaux quelque peu écourtés. Les fans avertis, connaissant chaque note, pourraient être surpris par certaines transitions leur semblant moins naturelles, à l’instar de celle liant les deux parties principales de « Zero Hour ». Il faut donc rappeler que ces versions s’adressent d’abord à des auditeurs qui découvrent IQ pour la toute première fois.

La tâche pouvait sembler plus ardue avec les grandes fresques d’IQ – celles qui oscillent entre 8 et 22 minutes. Et pourtant, a contrario, la version épurée de « Road of Bones » ne perd rien de sa dimension dramatique. « Frequency » et « Sacred Sound » gagnent en immédiateté, et la palme revient, à ce titre, à « Stronger Than Friction ». Preuve que ces morceaux, même réduits à l’essentiel, conservent leur qualité première : un extraordinaire sens de l’accroche mélodique. Pour les titres les plus longs, l’approche varie : sur « The Unknown Door« , le groupe a retenu la section « An Orbital Plane », complétée du final de « Dream Stronger », assurant ainsi une vraie cohérence. En comparaison, le labyrinthique « The Seventh House » est davantage remanié mais sacrifie néanmoins une part de son bouleversant texte – cette chronique d’un survivant revenant sur les lieux du drame pour tenter de faire la paix avec son passé. Quant à « The Darkest Hour », le choix s’est porté sur la première section exclusivement – ce qui permettra aux auditeurs souhaitant écouter par la suite la version de l’album de découvrir ce magnifique decrescendo qui fait toute la force du morceau.

La sélection se concentre sur la période 1990 – 2025 (amorcée par le retour de Peter Nicholls au chant), principalement pour des raisons d’homogénéité sonore. Intégrer des compositions antérieures aurait requis de retravailler les bandes originales, exercice bien plus complexe. D’autres titres avaient été envisagés lors d’une première liste – notamment « Fall Out » et « Leap of Faith » – mais il a fallu trancher au regard de la durée maximale de l’album, qui, à ce stade, n’a été pressé qu’en format CD.

Almost but Not Quite est bien entendu disponible sur toutes les plateformes de streaming – l’occasion pour chacun(e) d’entre nous de porter la bonne parole.  Le CD est également un très beau cadeau à l’approche des fêtes. Mais faites vite, car le tirage a été limité à 1000 copies.

Formation du groupe

Peter Nicholls : chant et chœurs - Michael Holmes : guitares - Neil Durant : claviers - Tim Esau : basse - Paul Cook : batterie, percussions

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