Titres
- The Unknown Door (22:33)
- One of Us (3:10)
- No Dominion (6:25)
- Far from Here (12:44)
- Never Land (8:16)
Six années après Resistance, qu’il est bon de réentendre l’inimitable voix de Peter Nicholls ! Si IQ ne fait pas partie des premiers dinosaures qui ont peuplé la planète prog, le groupe est néanmoins en première ligne des espèces ayant permis dans les années 80 de poursuivre avec talent et constance ce genre musical à nul autre pareil, et de le porter vers de nouveaux horizons. Le talent ? Un succès qui ne s’est jamais démenti depuis plus de 40 ans. La constance ? Peter Nicholls, Michael Holmes, Paul Cook ou Tim Esau toujours aux manettes. Quant à Neil Durant, cela fait maintenant une dizaine qu’il tient les claviers. Et six années après Resistance, voici Dominion !
Au fil du temps, IQ s’est fait une spécialité des morceaux avoisinants les 20’ quand ils ne les dépassent pas allègrement. Je pense au divin « Without Walls », mais il y en a d’autres (« Harvest Of Souls », « The great Spirit Way », …). Ajoutons-y « The Unknown Door », la nouvelle grande fresque qui introduit Dominion. Un thème majestueux au cor et puis la voix cristalline de Peter Nicholls posent les bases de cette longue suite musicale. La musique va crescendo tout au long du premier tiers, dont je dirais qu’il est emblématique du style et des sonorités d’IQ. Et puis l’ensemble bascule dans un univers heavy prog avec ce que cela comporte de riffs puissants et de vocaux plus nerveux. A ces minutes rageuses succède un passage moins dense avec une très belle guitare acoustique rythmique floydienne, avant que l’orgue d’église ne déclenche son tutti sur quelques accords, relaçant ainsi l’implacable machine … qui finit par s’arrêter pour introduire la grande coda dans des tonalités majeures plus lumineuses, un peu à la façon de « Supper’s Ready ». Mais plutôt qu’un long fade-out, quelques secondes de guitare acoustique et de chant posent la touche finale, apaisée et évanescente. Du coup cela fait plutôt penser à « Awaken ».

On reprend le duo guitare acoustique / voix qui animent « One Of Us », une magnifique ballade en mode majeur, rappelant le meilleur de Barclay James Harvest, sinon de Paul McCartney. On enchaine sans respiration sur la piste-titre, « Dominion ». L’atmosphère sombre et grandiose à la fois est une fois de plus typique sinon archétypale du groupe. Après un climax et son fade-out, place à quelques secondes d’étranges bruissements assurant la liaison avec la suite. Autre pièce d’envergure, « Far From Here » est empreint d’une grande mélancolie portée par la voix du chanteur, aussi bien dans la calme introduction que dans la puissance qui lui succède. Après le déchainement vient un final totalement apaisé, d’une belle poésie et d’un dépouillement qui font mouche. Ici encore, cette nouvelle ambiance fait le lien avec le morceau terminal, « Never Land » – allusion au Pays Imaginaire de Peter Pan ? Probablement pas, au vu de l’écriture du toponyme en deux mots. Qu’importe. De longs accords impalpables nous accueillent avant que le chant tout aussi éthéré ne nous emporte avec une grande sérénité. Un grand crescendo fait monter l’émotion d’un ton, avant de nous laisser dans la douceur d’une harmonie céleste déstructurée. Un morceau simple, linéaire dans son évolution, qui résume à lui seul tout le style d’IQ.
Plus haut je parlais de constance. Et bien Dominion (*) ne surprendra pas dans la mesure où il ressemble fortement aux précédentes productions d’IQ. Ce qui ne me pose aucun problème au vu de la qualité de ce dernier-né, dont les textes se révèlent au final plus sombres que la musique. Les équilibres entre les vocaux toujours aussi convaincants de Peter Nicholls, et le jeu instrumental de Paul Cook, Neil Durant, Tim Esau, et Michael Holmes, sont parfaitement assurés et donnent à l’ensemble une fluidité mélodique et harmonique de tous les instants. Le groupe est souvent classé dans le sous-genre du neo-prog (le terme avait sans doute du sens dans les années 80 et dans le contexte que l’on sait), mais la richesse des idées musicales et la vision orchestrale du développement sonore telles que pratiquées par IQ, notamment dans Dominion, me semblent dépasser ce genre de considérations et s’il faut classer j’opterais sans hésiter pour le prog symphonique. A vrai dire, IQ, c’est un style à lui tout seul, et Dominion vous en convaincra aisément !
(*) https://iq-gep.bandcamp.com/album/dominion
Formation du groupe
Peter Nicholls : chant et chœurs - Michael Holmes : guitares, producteur - Neil Durant : claviers - Tim Esau : basse, pédales de basse - Paul Cook : batterie, percussions