Avril 1975 : Harmonium publiait son second album ‘Si On Avait Besoin D’une Cinquième Saison’ ou plus simplement ‘’La Cinquième Saison’’ (titre de l’édition française).
Après un premier album sans titre sorti en Mars 1974 (publié le 21 mars dernier dans le cadre de son cinquantenaire) le trio québécois emmené par Serge Fiori et Michel Normandeau était rejoint par le pianiste & claviériste Serge Locat et le saxophoniste, clarinettiste & flûtiste Pierre Daigneault formant dorénavant un quintet en mesure d’enrichir le déjà somptueux registre folk de leur premier opus, pour une musique plus élaborée, et disons-le, progressive (en particulier sur la seconde face) tout en préservant, en l’absence de batterie, les climats pastoraux, diaphanes et émouvants du premier album.
Sous sa pochette très Flower Power, ce second album évoquait les saisons, dont une utopique cinquième à travers la longue pièce ‘’Histoires Sans Paroles’’. Les compositions et les textes étaient intégralement signés par Serge Fiori, à l’exception de ‘’Vert’’, la première et somptueuse plage où les flûtes, guitares acoustiques et piano électrique se faisaient les émissaires du printemps. A l’image des festivités et de l’insouciance de la saison estivale, ‘’Dixie’’ était une pièce enlevée et entraînante, sur un folk jazz rattrapé par une clarinette et un piano qui nous replongeaient, à l’instar de son titre, à La Nouvelle Orléans au temps du ragtime. Le chant allègre de Serge Fiori se faisait suave sur la pièce suivante, ’’Depuis L’Automne’’, une ode empreinte de nostalgie et de regrets, sublimée dans sa dimension lyrique par le mellotron, le saxophone soprano et les chœurs. Comme la rigueur des hivers québécois, la mélancolie s’installait sur ‘’En Pleine Face’’, portée par les arpèges de guitare et un langoureux et discret accompagnement à l’accordéon, concluant dans l’émotion, la première face de l’album.
La cinquième saison annoncée dans son titre, se révélait ensuite, au fil d’une pièce épique et totalement instrumentale de 17 minutes découpée en cinq mouvements. Au départ d’une plage où les vagues s’échouaient sur la grève, et aux notes d’une guitare acoustique qui accompagnait un thème céleste conduit par deux flûtes traversières, ‘’Histoires Sans Paroles’’ vous transportait, au fil de ses avatars, dans un univers onirique où de divines nappes de mellotron saupoudrées de synthétiseurs, enveloppaient les notes aériennes des instruments à vent, les arpèges de guitares et des partitions cristallines de piano, s’autorisant même au fil d’un lent crescendo, à vous inviter à la valse.
On peut tout à fait imaginer cette longue suite comme la transition la plus pertinente avec le double album suivant ‘’L’Heptade’’ qui allait sortir en Novembre 1976, et pour lequel Harmonium franchissait encore une nouvelle étape en donnant une dimension symphonique, et cette fois, sur un ton plus rock, à leur répertoire. Ce fut malheureusement leur dernier album studio dans un parcours couronné par le tout aussi recommandable double live ‘’Harmonium En Tournée’’ en 1980. A noter enfin, et pour prolonger ce plaisir, une très belle collaboration de Serge Fiori avec Richard Séguin dans un registre rock progressif (‘’Fiori-Séguin : Deux Cents Nuits à L’Heure’’) en 1978.
Formation du groupe
Serge Fiori : chant, guitare acoustique 6 cordes, guitare acoustique 12 cordes, flûte traversière, mandoline, percussions - Michel Normandeau : chœurs, guitare acoustique six cordes, accordéon, dulcimer - Louis Valois : chœurs, basse, piano électrique - Pierre Daigneault : clarinette, clarinette basse, flûte à bec, flûte traversière, flûte en sol, piccolo, saxophone soprano - Serge Locat : piano, piano électrique, mellotron, synthétiseur - Musiciens additionnels : Marie Bernard : ondes Martenot (sur Depuis l'automne... et En pleine face) - Judi Richards : chœurs (sur Histoires sans paroles)
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