Vous devinerez aisément la nationalité de Wojciech Pielużek, le talentueux musicien qui se cache derrière le projet musical Glass Island. Pas besoin d’avoir fait non plus de hautes études pour relier le titre de l’album, Lost Media à sa pochette qui présente une magnifique K7, comme on l’écrivait par chez nous du temps de la gloire de cet étonnant support musical. Chaque époque fait au mieux avec la technologie dont elle dispose. Comme nombres d’anciens, je passais beaucoup de temps à enregistrer mes vinyles pour les préserver, et aussi pouvoir disposer d’une discothèque portable. Un crayon pour rembobiner lorsque la fine bande magnétique décidait de s’émanciper du mouvement linéaire à vitesse constante imposée par le système, des ciseaux et un peu de ruban adhésif pour les cas graves ou la dite bande se prenait pour un Ruban de Möbius, et il était souvent possible d’écouter de la musique ! Il faut ajouter que la pochette de Lost Media ne plaide en faveur du support magnétique …
Mais revenons au temps présent et souvenons-nous du récent The Damage Report qui consacrait un puissant et très mélodique neo-prog particulièrement inspiré. Une révélation en ce qui me concerne. Pour ce nouvel album studio, le musicien multi-instrumentiste débute son album par « Almost Human », un morceau conséquent de 10’. Nous sommes accueillis par un léger carillon enfantin avant de basculer rapidement en mode hard rock, avec un riff digne du grand Purple. Cinq minutes de ces âpres sonorités avant le début de la chanson proprement dite, plutôt mélodieuse, surtout l’excellent refrain.
Le court mais percutant « False Memories » fait dans le art rock façon Asia, c’est dire si c’est plaisant à l’écoute. « A Different Kind Of Tomorrow » reste nettement dans le style musical des deux précédents morceaux, ce qui n’étonne guère puisque dans le descriptif de l’album Pielużek indique que ce trio de compositions constitue en fait une suite musicale.
A vrai dire, « Credulous » reste dans cette veine art rock avec sa belle mélodie nonchalante. Plus ambitieux, « Past The Truth » permet un surcroit de fantaisie instrumentale : un peu de piano dans le premier tiers, un puissant motif de guitare hard rock au centre, des sonorités floydiennes pour terminer ce beau morceau. « Four-Letter Word », un rock nerveux, avec une fois de plus une mélodie chantée de belle facture et bien harmonisée. Vous y ajoutez un refrain solaire, d’intéressants motifs à la guitare et vous obtenez un morceau compact et des plus entrainants.
« Stay Under Cover » qui clôt l’album, semble répondre à « Almost Human » qui le débutait. Un tempo calme, une ambiance mélancolique qui vous enveloppe, ça et là quelques riffs de guitare acérés, vous emmènent progressivement à une deuxième partie instrumentale énigmatique sur fond d’accords de mellotron et de martèlement de la batterie. La tension accumulée ne se relâche pas et on termine dans une ambiance sinistre et oppressante, à peine atténuée par les accords plus calmes mais dissonants de la fin.
Moins directement novateur que son prédécesseur, Lost Media est un album solide que j’apprécie pour son bon dosage entre un Riverside et un RPWL, avec ce qu’il faut de puissance mais aussi de contenu mélodique. La riche personnalité de Wojciech Pielużek s’affirme dans ce 3ème opus et confirme son excellence instrumentale et une voix des plus plaisantes.
Formation du groupe
Wojciech Pieluzek : tous les instruments
🌍 Visiter le site de Glass Island →