Velvet Crunch

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(4.8 sur 5) / Sunn Creative
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Rock Progressif

Musicien accompli et prolifique, Tony Lowe poursuit les aventures musicales de son ESP Project avec un nouvel album, Velvet Crunch. Il y reconduit un line-up datant des premières années du projet, à savoir Peter Coyle aux vocaux, Mark Brzezicki à la batterie, et lui-même pour le reste. A la voix sensuelle de Louise Browne à l’œuvre dans le précédent et excellent Silver Waves ~ Astral Dreams succède donc une voix masculine qui nous ramène au 22 Layers Of Sunlight de 2018. Avant de découvrir quoi que ce soit de l’album, j’apprécie la superbe pochette proposée par Cheryl Stringall et son paysage de sous-bois aux teintes pastel. La nature est assurément au centre de cet album aux sept chansons qui décrivent « Un récit de vie, de mort et de renaissance sur le sol de la forêt ».

« Resurrection (On The Forest Floor) » adopte un ton plus sévère. Basse sourde et pulsations électroniques nous maintiennent au ras du sol forestier, mais le chant souvent très aérien apporte ce qu’il faut de lumière pour donner vie à la forêt. « Coalesce » nous ramène au style plus léger de la première chanson, dans le style impressionniste mélancolique et un rien hypnotique qui caractérise nombre de morceaux composés par Tony Lowe. Pour « Network Of Ghosts » le passage en tonalité majeure et le rythme alerte gomment cette fois toute mélancolie pour décrire l’écosystème forestier en terme tant biologiques que mécaniques ou électroniques.

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C’est ce que clame énergiquement « Mystical Tangle » dans une entame qui décrit de façon poétique mais résolue les réseaux à toutes les échelles qui relient le vivant sur notre bonne vielle Terre. Chanson assez linéaire avec un chant un peu mélancolique, rehaussé par l’énergie apportée par la rythmique basse / batterie dont le jeu symbolise parfaitement les enchevêtrements.

La piste-titre, « Velvet Crunch » constitue assurément le point culminant de l’album, ne serait-ce que par sa longueur inhabituelle, mais surtout par l’ampleur et la richesse du développement musical. Les alternances entre les tonalités mineures et les majeures donnent à ce morceau un supplément d’âme et une incroyable vitalité pour évoquer ce monde qui mélange sur quelques mètres pénombre et lumière, et donne indifféremment mort ou vie.

Après ce superbe cantique profane, « Prophets Of Decay » rompt le charme avec ses sonorités électroniques plus lourdes. Une intense pulsation rythmique et des tambours tribaux parcourent un morceau évoquant le cycle éternel et implacable de la vie et de la mort. Seule la mélodie vocale, très belle comme toujours, et puis un élégant solo de guitare viennent éclaircir ce morceau au caractère sombre. « The Touch And Timing Of The Sun » débute dans une ambiance new age d’où émerge peu à peu une ligne mélodique à nouveau mélancolique, et des modulations harmoniques entre consonance et dissonance, mettant l’auditeur dans une position sinon inconfortable du moins un peu dérangeante. Ce clair-obscur musical, qui se durcit encore un peu plus vers la fin semble nous décrire sans aucun sentimentalisme ou romantisme une nature quelle que peu implacable. Ce dernier morceau, mais aussi l’album en entier, me ramène aux vers de Victor Hugo dans son dernier roman, Quatreving-treize : « La nature est impitoyable ; elle ne consent pas à retirer ses fleurs, ses musiques, ses parfums et ses rayons devant l’abomination humaine ; elle accable l’homme du contraste de la beauté divine avec la laideur sociale ; elle ne lui fait grâce ni d’une aile de papillon, ni d’un chant d’oiseau ; il faut qu’en plein meurtre, en pleine vengeance, en pleine barbarie, il subisse le regard des choses sacrées, … »

Revenons à la musique pour constater qu’une nouvelle fois Tony Lowe et son ESP Project savent captiver l’auditeur en lui offrant une nouvelle collection d’impressions musicales qui suggèrent plus qu’elles ne décrivent, sans excès de pathos ni de démonstrations brutales ou au contraire trop sucrées : le ton juste, tout simplement, s’adressant aussi bien au cœur qu’à l’esprit. Avec ses élégantes mélodies, son tissu harmonique chatoyant, Velvet Crunch (*) vous envoutera sans même que vous en soyez conscient !

(*) https://esp-prog.bandcamp.com/album/velvet-crunch

Formation du groupe

Peter Coyle : Chant - Tony Lowe : Guitare, Basse, Claviers, Programmation - Mark Brzezicki : Batterie - Cheryl Stringall : Claviers supplémentaires Piste 6

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