Garden Shed

Voir les titres

Le 14 Décembre 1977 paraissait chez Arista l’album ‘’Garden Shed’’.

England fait partie de ces formations aussi talentueuses que méconnues qui jalonnèrent l’histoire du rock progressif. Deux raisons donnent l’explication la plus probable à cet anonymat. Ce groupe britannique n’émergea qu’au cours d’une fin des années 70 déjà marquée par le déclin d’un âge d’or alors que malheureusement, en cette période, et depuis ces mêmes Terres d’Albion, la contre-culture punk inondait déjà l’Europe occidentale. Par ailleurs, ce quartette originaire du Kent et formé deux ans plus tôt par Robert Webb et Jode Leigh (deux ex-membres de Merlin), ne publia fin 1977, que cet unique album annoncé en Février par leur single ‘’Paraffinalea’’ (quatrième morceau du disque).

Nous découvrions ici un répertoire pleinement ancré dans la mouvance progressiste symphonique, empruntant en particulier, et sans le moindre doute, à Yes autant qu’à Genesis. Le rapprochement était en effet plus qu’évident entre la structure, les développements, combinaisons, et instrumentation au fil des cinquante minutes de cet album, avec les deux groupes précités. England affirmait cependant bon nombre de qualités originales et personnelles dans ces six compostions particulièrement inspirées, et majoritairement écrites par le brillant Robert Webb.

Sur le sublime premier morceau ‘’Midnight Madness’’, comme sur l’ensemble du répertoire d’ailleurs, ses claviers (Mini Moog, orgue Hammond, Clavinet, Rhodes…) dominaient l’espace, montant dans des envolées banksiennes, avec, autour de 4.20 minutes une partie de piano rappelant cette fois, Supertramp. Tout aussi impressionnant, le batteur Jode Leigh conduisait aux côtés du bassiste Martin Henderson, une section rythmique à fois ingénieuse et très pêchue. Le chant, parfois noyé dans l’instrumentation, s’entourait de somptueuses harmonies vocales dignes de Kansas ou de Queen, au sein de ce groupe qui comptait trois chanteurs.

‘’All Alone’’, une courte ballade piano classique/chant, faisait place aux treize minutes de ‘’Three Pieces Suite’’, première des deux pièces épiques de l’album. Sur les chatoyantes couches de claviers de Robert Webb (orgue, piano et Mini Moog), les treize minutes de ce morceau brodaient une suite de thèmes mélodiques et motifs accrocheurs emmenés successivement par un chant plus lumineux et toujours ces chœurs vocaux particulièrement soignés, puis un solo de six-cordes électrique à la fois fluide et aérien de Frank Holland. Ce morceau contenait quelques délicieuses séquences comme à six minutes, le jeu du bassiste porté par des nappes de mellotron. Celles-ci saupoudraient également les notes de guitare acoustique du même Martin Henderson, et les parties de 12-cordes et piano toujours inspirées, de Robert Webb dans les climats éthérées et placides de ‘’Yellow’’.

L’album se refermait sur les seize minutes de ‘’Poisoned Youth’’, morceau le plus long de ce répertoire. Adaptant le célèbre roman d’Oscar Wilde ‘’Le Portrait d’Oscar Wilde’’, c’était également la plage la plus nuancée et la plus sombre du disque, associant la frappe puissante du batteur à une lourde basse, et opposant sur des arrangements subtils, les textures diaphanes de mellotron et claviers électriques, à la grandiloquence des riffs de guitare électrique et orgue Hammond qui montaient en énergie dans la partie centrale puis dans le crescendo final.

Dans les années qui suivirent, peu d’informations existent quant au parcours des uns et des autres. Le bassiste Martin Henderson accompagna Jeff Beck lors de tournées de concerts tandis que le guitariste Frank Holland rejoignit beaucoup plus tard le groupe The Pretty Things (‘’Rage Before Beauty’’ 1990).  20 ans après ‘’Garden Shed’’, le line up complet rejoint sur trois titres par le bassiste & chanteur Geoff Peckham, se retrouva pour ‘’The Last Of The Jubblies’’ (1997), une nouvelle réussite dans ce même registre progressiste & symphonique. Puis il fallut encore attendre deux nouvelles décennies pour voir paraître un troisième album de ce quartette (‘’Box Of Cerclés’’ 2007), légèrement inférieur aux deux premiers, dans un parcours décidément insolite comprenant également deux Live enregistrés au Japon (‘’Kikimimi’’ en 2002 puis ’The Concerts In Japan’ (2022) ajoutant 4 plages supplémentaires au précédent).

‘’Garden Shed’’ fut remasterisé en Allemagne en 2015 (New Music/Green Tree) en double CD avec sur le second disque 8 plages bonus.

Formation du groupe

Frank Holland : guitares, chant, Mellotron et guitare Leslie (5) - Robert Webb : Minimoog, Hammond, clavecin, Mellotron, Fender Rhodes, piano, clavinet Hohner, guitare 12 cordes (5), chant - Martin Henderson : basse, guitare acoustique (5), chant - Jode Leigh : batterie, vibraphone, percussions, basse (5), chant

Partager cette critique

👇 Recommandé pour vous