Lorsque sur les internets j’ai vu passer subrepticement des recommandations sur le premier album de Wombat Supernova, j’ai bien entendu été de suite intrigué par cette pochette colorée, enfantine, “manga-esque” et un peu “girly”. Puis, je découvre de quoi il en retourne musicalement : deux guitaristes un poil déjantés qui se tirent la bourre dans une ambiance Math Rock. Plus de doute, c’est pour moi. En creusant un peu, il s’avère en plus que le duo est français. Cocorico! Voici donc : à ma gauche Lulu de la Rosa, et à ma droite Marsouin Des Sables. Tous deux s’affrontent dans un combat musical via leurs personnages respectifs ‘Apewoman VS Turbo’ et assurent l’intégralité des instruments : guitares bien sûr, basse et programmation de batterie (là, ils ont dû s’amuser un moment étant donné la complexité rythmique de certains passages…). Pour donner une idée du style pratiqué par Wombat Supernova, je dirai que leur musique est 100% instrumentale, basée sur des parties de guitares très techniques (majoritairement en son clair) avec une approche rythmique complexe, parsemée d’incursions incongrues (musiques de dessins animés ou de jeux vidéos, jingles, clins d’oeil, etc…), le tout dans une ambiance qui privilégie la déconne, bien que sérieusement exécutée.
C’est sur “cosmic tabouleh” que s’ouvrent les hostilités. Un titre que l’on peut qualifier (toutes proportions gardées) de plutôt “sage” en comparaison de ce qui va arriver derrière. Les deux guitares (propres) y tissent une toile sonore confortable et lumineuse, mais potentiellement dangereuse. Quelques signes de possible sortie de route commencent à apparaître autour de 4’30 avec notamment un petit lick volontairement faux d’”Au Clair de la Lune”.
“bertrand” laisse finalement voir la folie débridée du duo, avec son thème façon série cartoonesque, ses échanges de guitares à celui qui fera le truc le plus bizarre, un plan rythmiquement tordu qui ressemble à un Mario de jeu vidéo comptabilisant tous les points gagnés précédemment, un intermède à 3 temps, etc…. Tout cela est accompagné d’une vidéo WTF que je vous encourage à regarder.
On ne va pas s’arrêter en si bon chemin, puisque “magic clover quest” poursuit en creusant le même sillon. J’aime beaucoup la façon dont le groupe est capable de broder autour d’un thème en faisant évoluer sa tonalité ou son approche rythmique. Les jeux de guitare ainsi que la mise en place sur ce titre sont plus qu’impressionnants, à se demander s’il n’y a pas un truc magique derrière tout ça. J’ai trouvé ici une similitude avec le dernier album de Draw Me A Sheep, groupe toulousain récemment chroniqué dans ces pages.
“double cringe” est le titre le plus long du disque et va nous faire voyager à travers les styles, les ambiances : du Math Rock bien sûr, du Funky-Disco, de la Country, du Jazz, du Thrash Metal, du Post-Rock, du on-ne-sait-pas-trop-ce-que-c’est, etc… tout cela en restant joyeux et lumineux bien qu’hyper technique.
On pense au début de “eggs” que l’approche va être ici plus conventionnelle, un peu moins dans la rigolade.., mais non, Wombat Supernova nous gratifie de quelques passages comico-taurins, comme on dit dans les courses de vaches landaises.
Et c’est finalement sur le morceau au très long titre “As Our Memories Revolved Around The Love We Lost Long Ago, They Were Standing Still In The Sunset And Never To Be Found Again” que les masques tombent, les costumes sont raccrochés pour une belle ballade qui laisse enfin place à un soupçon d’émotion.
Au tout début de “the nest”, les deux personnages font une ultime apparition sur la piste aux étoiles avec un thème pouet-pouet circassien, suivi d’un long silence, puis cinq à six minutes de nappes de claviers aux accords angoissants, comme pour dire : fini la rigolade, ce monde de Bisounours n’est qu’une façade, la triste réalité est bien plus sombre. Comme ce fût mon cas, ce final laissera certainement l’auditeur circonspect…
Je pense qu’il est quasiment impossible de réaliser la somme de travail que représente l’écriture, l’interprétation et l’enregistrement d’un album comme ‘Apewoman VS Turbo’ du fait de sa complexité, de sa variété et de sa précision. Le côté technique / centré sur les guitares pourrait rebuter, c’est pourquoi (je pense) Wombat Supernova a voulu emballer le tout dans une enveloppe colorée, rassurante et humoristique, mais ne nous trompons pas : le talent et la virtuosité sont bel et bien présents.
Formation du groupe
Lulu de la Rosa : Guitare Marsouin Des Sables : Guitare
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