Trois années après leurs débuts prometteurs et un 1er album studio, Infusion, les jeunes allemands de Rubber Tea reviennent nous offrir un From A Fading World, dont j’affirme sans ambages qu’il démontre brillamment cette vérité venue des siècles passés : Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années. Pour les amateurs d’albums-concept, celui-ci pourrait se sous-titrer les voyages en petit avion d’Emily, poursuivie par une monstrueuse tempête de sable et tentant de prévenir les autres de l’imminence du danger. La musique d’Infusion était sophistiquée et éclectique, et ce nouvel album confirme le choix du groupe de nous offrir un large éventail de styles musicaux et de sonorités faisant notamment la part belle aux instruments à cordes et à vent : violoncelle, violon, saxs, flûte, trompette et même tuba (*) !
Une courte balade à la guitare acoustique nous propulse sans ménagement d’une « Ouranja Valley » a priori paisible, vers l’ombrageux « Day Of Wrath » porté par la voix revendicative de Vanessa Gross, quand elle ne se lâche pas au sax. On perçoit déjà toute l’inventivité musicale du quintette, et ça ne fait que commencer. Dans un enchainement bien dosé, « Go » nous ramène vers quelques douceurs mélodiques et des vocaux magnifiques. « Desert Man » nous fait déambuler sur un rythme de marche lente et hachée. Retour à la légèreté proposée par la délicieuse « Fading Forest », plutôt jazz rock, et riches en rebondissements, dont de superbes accords de piano à contretemps. Il est temps méditer un peu et l’intro de « Chaturanga » vous y aidera, avant que le morceau ne vous fasse tourbillonner sur une danse orientale.
On enchaine sur trois courts morceaux aussi dissemblables que possible. « The Gate », guitare acoustique et voix plus grave, fait dans le sombre et mélancolique. « Welcome To Sunnville » est une marche lente aux cuivres rappelant quelque cortège à la Nouvelle Orléans. « Superhexacatalyst » – son titre me penser au célèbre mot magique de Mary Poppins (**) – est mix hard rock / jazz rock bien rythmé, tout droit venu des seventies.
La basse roulante et les accords de piano donnent à « Silence Answer Me » une étrange saveur, avant que la chanson à proprement parler ne débute, d’un psychédélisme assumé. Point de Major Tom dans ce « Ground Control » qui clôt l’aventure, mais une sérénité et une légèreté retrouvée.
Pas de doutes, en 3 ans le groupe a atteint une belle maturité musicale et le démontre brillamment dans From A Fading World (***), à la fois concis et virtuose. Les idées musicales abondent, l’instrumentation est riche et variée, bref tout ce qu’il faut pour réjouir les amateurs de rock progressifs, jeunes et moins jeunes !
(*) Dont j’ai appris à jouer lors de mon service dans une musique militaire il y a bien longtemps …
(**) Supercalifragilisticexpialidocious
(***) https://rubbertea.bandcamp.com/album/from-a-fading-world
Formation du groupe
Vanessa Gross : chant, saxophone, flûte - Lennart Hinz : chant, claviers, guitare - Jonas Roustai : guitare - David Erzmann : basse - Henri Pink : batterie - Violoncelle sur « Ouranja Valley », « Go » et « Chaturanga » de Lorenz Bollé. - Violon en "Go" et « Fading Forest » de Claudia Jiménez Ramírez. - Saxophone alto sur "Day of Wrath", "Desert Man", "Fading Forest" et « Superhexacatalyseur » de Rostyslav Voitko. - Saxophone ténor sur 'Chaturanga' et « Welcome to Sunnville » par Adam Spoerhase. - Trompette sur 'Chaturanga' et « Welcome to Sunnville » de Jakob Müller. - Tuba dans « Welcome to Sunnville » de Niko Förster. - Flûte sur « Welcome to Sunnville » par Charlotte Fiedler.
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