Heterostasis

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(4.2 sur 5) / Autoproduction
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Fusion Jazz-Rock Rock Progressif

Path of ilya est un trio basé en région Auvergne-Rhône-Alpes. Mais loin de constituer une destination, cette région peut être considérée comme un point de départ vers de multiples localisations, tant la musique du groupe est une invitation au voyage et à la découverte. Alors, installez-vous et attachez vos ceintures, l’équipage vous accueille : André Marques à la basse, Bruno Chabert à la batterie et Jean-Joseph Bondier à la guitare et aux platines.

J’ai eu l’occasion d’échanger avec Bruno (batterie) à propos du groupe et de l’album. En voici un extrait pour mieux faire connaissance :

ProgCritique : “De quand date le groupe?”

Path of ilya : “Le groupe a été formé en 2016, nous étions deux à l’origine (basse/batterie), nous avons sorti un premier album en 2018, puis avons intégré Jean-Joseph Bondier à la guitare et aux platines.”

ProgCritique : “Peux-tu me préciser s’il y a sur l’album d’autres instruments que guitare, basse, batterie, et s’il y a des invités en plus de vous trois?”

Path of ilya : “Il n’y a pas d’autres musiciens que nous sur l’album, néanmoins on a souhaité rajouter quelques éléments pour enrichir l’orchestration sur quelques passages, comme des cordes, des éléments électroniques ou du doublage de guitare, le but étant d’embellir les morceaux et permettre de combler le manque de chant.”

ProgCritique : “Quelle est la signification de ilya?”

Path of ilya : “Il n’y a pas vraiment de signification pour ilya, l’idée étant que l’auditeur crée sa propre vision du personnage par sa propre imagination en écoutant notre musique.”

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ProgCritique : “Étant donné votre niveau technique impressionnant, avez vous suivi des formations particulières?”

Path of ilya : “Nous sommes tous passés par quelques années de cours particuliers avec un professeur mais notre niveau musical résulte du travail personnel que nous fournissons sur l’instrument, ainsi que le fait de jouer ensemble depuis un certain temps, d’écouter beaucoup de musique, de s’ouvrir à plusieurs styles musicaux. Pour résumer, tout est une question de passion!”

Path of ilya pratique une musique instrumentale extrêmement inspirée et qui ne se cantonne pas à un style ou un son en particulier. La base est un Jazz-Rock-Fusion, mais augmenté de divers ingrédients. Voici ce que dit le groupe concernant leur style et leurs influences :

ProgCritique : “Impossible de catégoriser l’album. Au plus proche, je dirai que c’est un jazz-fusion, mais c’est un peu réducteur. Avez vous de votre côté un adjectif, une définition ?”

Path of ilya : “C’est assez difficile de classer ‘Heterostasis’ dans un genre musical. On pourrait dire Prog fusion ou multistyles.”

ProgCritique : “Effectivement, ce qui saute aux oreilles à l’écoute de l’album, c’est la variété des styles et des ambiances. Était-ce une volonté dès le départ?”

Path of ilya : “Oui, nous avions dans l’idée d’explorer plusieurs styles tout en y apportant la touche path of ilya. Ce qui est intéressant avec ce groupe c’est qu’il n’y a aucune barrière sur les styles abordés même s’il existe une dominance Prog et Jazz fusion. Nous pouvons très bien incorporer du Reggae, du Métal, du Rap ou autres… du moment que l’ambiance nous plaît et que le groove est présent.”

ProgCritique : “J’ai pensé à beaucoup d’artistes en vous écoutant : The Aristocrats, Steve Vai, QOTSA, Pink Floyd, Mike Oldfield, Weather Report, et bien d’autres. Suis-je loin de la vérité? Quelles sont vos influences (même si elles ne s’entendent pas directement dans votre musique)?”

Path of ilya : “Tu as vu juste pour les groupes ou artistes que tu cites, Guthrie Govan ou Steve Vai sont des références pour J.J Bondier et Jaco Pastorius pour André Marques. Pink Floyd est une influence bien sûr, et c’est marrant que tu me cites Mike Oldfield car il y a un passage sur le morceau Stoner qui me fait penser à sa musique. Pourtant ce n’était pas du tout voulu. Personnellement j’ai beaucoup écouté ‘Ommadawn’ et ‘Tubular bells’. Pour QOTSA, un peu moins, en stoner on serait plus influencé par OM. Nos influences sont assez éclectiques, on aime tout ce qui groove… Sinon, on peut citer : Dream Theater, Ozric Tentacles, Tool, Porcupine Tree, Snarky Puppy, Louis Cole, Uzeb, Tower of Power, Mahavishnu Orchestra, Steely Dan… Ainsi que beaucoup de “vieux” groupes Prog : Genesis, King Crimson, Yes, Gentle Giant, etc…”

Maintenant que nous en savons un peu plus, plongeons nous dans l’album ‘Heterostasis’. Et d’ailleurs, que veut dire ce mot?

Path of ilya : “Heterostasis c’est un terme dérivé de l’homéostase, l’équilibre naturel dans notre corps et dans la plupart des organismes. Heterostasis implique un équilibre entre plusieurs systèmes, mais un équilibre dynamique, qui ne cesse jamais. On a trouvé le terme intéressant pour résumer l’album, car même s’il y a une multitude de styles, on a cherché de la cohésion à l’intérieur des morceaux et entre chaque morceau, de façon à forger une sonorité propre au groupe et à l’album.”

Première escale, “Kleptocratic Joe” est lancé par une basse au groove contagieux, puis, dans la même veine, la batterie et les cocottes funky de la guitare rejoignent la fête. Le groupe est ‘tight’, parfaitement en place. Les parties de guitare qui suivent sont assez époustouflantes, le morceau devenant de plus en plus Métal.

Puis direction l’Inde avec “Palitana Sarando”, titre qui éveille la curiosité. Les lignes de basses sont démentielles, ainsi que le son. Pour la première fois, on y entend la contribution des platines de Jean-Joseph Bondier, ce qui peut surprendre au premier abord.

ProgCritique : “J’ai été intrigué par « Palitana Sarando ». Quelle est la langue parlée au début? De quel style musical est-il inspiré (oriental, indien, …)?”

Path of ilya : “Le morceau est inspiré de la musique indienne, le nom « Palitana » vient des temples de Palitana en Inde, et Sarando signifie « guérissant » en portugais. Les « paroles » de la vocalise du début sont les noms des notes dans la musique classique Hindustani, du nord de l’Inde, où chaque degré correspond à une syllabe, comme nous avons do-re-mi en occident, là-bas c’est sa-ri-ga-ma-pa-dha-ni. Quand les chanteurs improvisent, ils chantent souvent en prononçant le nom des notes.”

ProgCritique : “Il y a plusieurs interventions de scratch. Dans l’esprit de beaucoup c’est un élément du passé, qui a pas mal été utilisé au début du rock-fusion (provenant du hip-hop). Quelle était votre idée? Un petit clin d’œil ou intégration comme instrument à part entière?”

Path of ilya : “Les platines constituent un élément essentiel, allant au-delà d’un simple clin d’œil. Elles nous offrent la possibilité d’incorporer diverses sonorités à notre musique, élargissant ainsi notre palette au-delà de la simple combinaison basse-batterie-guitare. En performance live, elles apportent une dynamique particulière, permettant une transition rapide entre différentes configurations. De plus, elles sont utiles pour interpréter d’autres instruments présents sur l’album, tels que les shehnais (instruments à vents indiens) de Palitana Sarando.”

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Les sonorités rock, psyché et blues ont la part belle sur “The Stoned, the Stoner and the Stonest”, qui débute sur une rythmique lourde à souhait, avant de s’envoler en direction de la stratosphère. La maîtrise technique y est à nouveau impeccable. Un délicat arpège, légèrement flangé, accompagne une ligne de basse fretless : c’est le climat de départ des “Giboulées Ahurissantes”. Le titre prend ensuite plusieurs chemins, faisant qu’on n’y croise jamais l’ennui.

Direction ensuite l’Afrique avec “Mambaroux”, où la ligne de basse (et sa sonorité encore) rend complètement fou. Cet instrument est l’un des éléments centraux de la musique de Path of ilya, et cela s’explique en partie par le processus d’écriture :

Path of ilya : “Pour ‘Heterostasis’, comme sur le premier album, beaucoup de morceaux ont été composés par André Marques (bassiste), il amène ses ébauches de morceaux et nous les travaillons ensemble, arrangeons des parties. Certaines compos se sont créées en jam aussi ou peuvent partir d’un riff de guitare, parfois d’une rythmique de batterie.”

Surprise totale à nouveau avec “Saltimbancos d’Amareleja”, et nous voici en Espagne autour d’un feu de bois ou quelques saltimbanques entament un Flamenco à la guitare classique. Le titre devient ensuite plus rythmique allant même jusqu’à se transformer en Reggae! Un de mes morceaux préféré du disque. Et c’est sur les notes électro de “Spóros” que se termine le voyage, au terme d’une ultime ambiance lounge qui accompagne une voix artificielle déclamant un message d’espoir.

Jamais à cours d’idées et de surprises, Path of ilya jalonne le voyage ‘Hesterostasis’ d’ambiances, de styles musicaux, de sonorités très variés. Le niveau technique des trois membres leur permet de naviguer d’un genre à l’autre sans jamais perdre de vue le groove, ingrédient principal de la pulsation du groupe. Vous pouvez à présent détacher vos ceintures et quitter l’appareil, la tête remplie de souvenirs musicaux des quatres coins du monde

Formation du groupe

André Marques : Basse - Bruno Chabert : Batterie - Jean-Joseph Bondier : Guitare, Platines

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