Le rock progressif est souvent l’affaire de « vieux sages » de la musique (no offense), eux-mêmes chroniqués par d’autres vieux – plus ou moins – sages (no offense again) ! Par ailleurs il est vrai que vous trouverez assez peu de critiques de boys bands dans ProgCritique … Et pourtant, point n’est besoin d’être né dans les années 50 ou 60 pour envisager un avenir musical dans le prog, et c’est tant mieux ! Groupe formé en 2017, Rubber Tea met en scène de jeunes musiciens allemands (5 ou 6 sauf erreur), et d’après ce que j’ai pu voir de leurs vidéos en ligne, la maîtrise instrumentale est grande.
La valeur n’attendant pas le nombre des années, comme l’écrivait Corneille (le dramaturge, pas le chanteur …), voyons donc de quoi nous disposons avec ce premier album « Infusion ». Tout d’abord une beau mélange de styles rock, Canterbury, free jazz, psychédélique … pour une musique assez sophistiquée, portée par une instrumentation faisant appel au sax, flûte, trompette, nombre de percussions et même au vibraphone.
Le double morceau d’intro « On Misty Mountains/Downstream » nous fait découvrir le beau brin de voix de Vanessa Gross qui tient aussi le poste de saxophoniste alto et ténor du groupe ! Première partie très floydienne, jusqu’à la courte partie finale, « Downstream » et ses paysages oniriques.
Timbre de voix un rien jazzy pour le mélancolique « In Weeping Waters », soutenu par le piano et le vibraphone, beau mais bien triste … Plus enlevé, « The Traitor » fait la part belle aux instruments à vent, tandis que « Plastic Scream » est une sorte de ballade aux douces harmonies.
« Storm Glass » débute par un petit passage dont la sonorité m’a immédiatement évoqué un passage du « Supper’s Ready » de Genesis, juste avant la célèbre question : A flower ? Clin d’œil, hasard musical ? Peu importe. On débouche sur un étrange passage au vocoder, puis un très beau développement central assez lumineux .
Voix masculine, polyphonie vocale plutôt réussie, quelques passages plus appuyés relevés par l’orgue Hammond, voilà pour un « The Drought » avec sa fin abrupte. L’infusion se termine par un « American Dream » avec un propos sur la situation politique aux USA (le doux nom de Trump est même prononcé …). Le rêve américain est tout de même bien sombre …
Un premier album dans lequel nos jeunes allemand déroulent un style musical original, une belle science instrumentale, précision, souci du détail … bref, une entrée en matière plutôt réussie et une belle carte de visite pour la suite. Mon regret, que cette jeunesse ne soit pas au service de plus de spontanéité et de fougue, avec … comment dire … moins de sagesse pour reprendre mon cliché initial. Il y a du potentiel !
Formation du groupe
Vanessa Gross - Chant, Sax, Flûte - Lennart Hinz - Chant, Claviers, Guitare 12 cordes, Mellotron, Vocoder - David Erzmann - Fretless Bass, Sitar - Jonas Roustai - Guitarre - Maik Scheling - Guitare électrique - Henri Pink - Batterie, Percussions - - Avec : Christopher Olesch - Vibraphone (1,2,3) - Alex Petratos - Congas, Güiro (4, 8) - Jakob Rubin - Solo de sax alto (4) - Trötenfreak Lasse - Trompette (4)
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